Chapitre 65 – La cour d’Alachia Après avoir trouvé un emplacement pour établir un campement, le reste de la journée fut consacré à la sécurisation de l’endroit et aux soins apportés à notre miraculée.
Le lendemain, Dame Hautevoix était tout juste capable de marcher. Cela n’allait certainement pas améliorer notre capacité de déplacement ni notre aptitude à semer nos poursuivants. J’interrogeai Lisandella quant à la durée restante du voyage.
« Il nous faudra trois à quatre jours pour arriver à la cour de la Reine. Peut-être un peu plus si nous n’avançons pas vite », répondit-elle après un regard inquiet coulé en direction de la diplomate naine. J’espérai sincèrement que les efforts entrepris pour sauver Dame Hautevoix n’allaient condamner tout le groupe et notre entreprise.
Le trajet de la journée se déroula sans incident notable mais fut assez éprouvant. D’une part, Belisiel imposait un rythme ralenti au groupe, même si tout le monde voyait qu’elle souffrait et prenait sur elle pour avancer vaille que vaille. D’autre part, du fait que nous approchions de la cour elfique, les foyers de population et les patrouilles se faisaient plus nombreux et nous obligeaient à de constants changements de direction.
La nuit vint alors que nous étions dans un endroit peu approprié. Une zone de forêt clairsemée au sol gorgé de sang qui distillait une odeur écœurante et entêtante. Il est certaines choses auxquelles nous ne parvenions pas à nous habituer et la présence constante du sang en faisait partie.
Pendant que mes compagnons se tassaient de leur mieux sur un petit monticule bordé d’épineux, j’envisageai une possibilité pour éviter les conditions assez détestables de repos dans ce milieu. Je m’en entretins avec notre éclaireuse.
« Lisandella, est-ce qu’il y a un danger particulier à dormir dans un arbre ici ?
- Ici ? Pas vraiment… répondit-elle après un coup d’œil aux alentours. Méfiez-vous tout de même des lianes qui pourraient vous étouffer pendant votre sommeil.
- D’accord. Si je trouve un coin sans liane, cela ira ?
- Disons que vous ne serez ni plus ni moins en danger que nous au sol… », répondit-elle avec un léger sourire fataliste.
Quelques heures plus tard, le camp était silencieux et la forêt bruissait des mille et un chuchotements nocturnes que je peinais encore à identifier, même après plusieurs semaines passées dans cette forêt. Le Bois de Sang était vraiment un endroit à part, aussi répugnant et dangereux que fascinant et merveilleux.
Pourtant, le calme relatif que je percevais depuis un petit moment m’intrigua et mobilisa toute ma vigilance. Je m’étais installé à mi-hauteur, dissimulé derrière un feuillage ocre. La position me semblait idéale pour surveiller à la fois les alentours et mes amis.
Je perçus bientôt des bruits dans les buissons et des voix murmurantes. Une patrouille elfe était en approche et remontait notre piste, menée par un loup de sang. Je lançai ma gourde au milieu du camp pour prévenir silencieusement mes compagnons d’armes. Ce fut Pelenas qui fut réveillée la première. Elle comprit rapidement la situation et entreprit de prévenir discrètement le reste de la troupe puis de tisser un sortilège de dissimulation alors que les elfes de sang approchaient lentement.
De mon côté, j’armai lentement mon arbalète puis visai l’animal qui menait le groupe vers mes compagnons. Ces derniers, arrivant à proximité, semblaient perplexes. Les traces menaient à un petit monticule d’épineux où il n’y avait personne. Mais le loup n’était pas dupe du sortilège de l’élémentariste et commençait à avancer sur le monticule en grondant.
Il était temps pour moi de lancer une diversion et je décochai un premier carreau sur l’animal qui hurla de douleur, cruellement blessé dans le dos. Alors que les elfes se retournaient dans un bel ensemble pour chercher d’où venait l’attaque, je rechargeai rapidement puis tirai un second projectile, ce qui permit au loup de m’apercevoir. Il lança un éclair dans ma direction alors que le carreau l’atteignait à la gorge, le mettant définitivement hors de combat. Le projectile magique, hâtivement lancé, atteignit la branche sur laquelle je me trouvais et la fragilisa. Je profitai de l’opportunité et transformai le déséquilibre en une chute contrôlée vers le sol grâce à mon talent de marche des vents.
Dans le même temps, l’enfer se déchaîna sur les elfes de sang. Profitant de mon attaque, mes compagnons s’étaient déployés dans leur dos. Pelenas avait tissé un sortilège de boule de feu qu’elle avait projeté au milieu de nos poursuivants. Côté discrétion, on pouvait difficilement faire pire, mais pour ce qui était de l’efficacité en termes de dommages et de désorganisation, c’était sacrément bien vu. La déflagration, habilement placée, les blessa cruellement et les jeta à terre, accroissant encore la confusion. Les chasseurs qui croyaient nous surprendre étaient désormais désorientés, blessés et divisés. Les autres aventuriers se jetèrent dans la mêlées pour empêcher des elfes de se ressaisirent.
Les choses tournaient nettement en notre faveur. Pour autant, une victoire par un massacre ne nous apporterait rien. Par ailleurs, je répugnais à tuer des elfes, même de sang. Je pensais avoir identifié les chefs de la patrouille : une mage de sang et une maîtresse d’armes. Je profitai à mon tour de la diversion déclenchée par mes amis pour foncer sur la combattante, plus proche de moi. Quelques enjambées plus tard, la maîtresse d’armes, encore à terre, se retrouva avec une lame sous la gorge. D’abord surprise, elle tenta de se soustraire à ma menace, mais en vain. Il était temps de jouer la carte de la diplomatie, d’autant plus qu’elle était jolie et que je n’étais jamais crédible bien longtemps quand j’essayais de jouer au méchant.
« Ne faites pas de bêtise ou vous allez m’obliger à vous faire très mal. »
Elle ne répondit pas à me fixa d’un air mauvais. J’en profitai pour capter son regard et le tenir.
« Vos compagnons sont en train de perdre le combat et il va bientôt y avoir des morts si vous ne vous rendez pas rapidement. Je peux vous assurer que nous ne sommes pas vos ennemis et que je peux le prouver facilement. De grâce, rendez-vous pour éviter un massacre ! »
J’avais mis toute la conviction dont j’étais capable dans ma tirade afin d’en faire une supplique autoritaire. Ma tentative fit mouche et le doute s’insinua en elle. Elle jeta un coup rapide autour d’elle et constata que, effectivement, ses hommes étaient en fâcheuse posture. La mage de sang était, elle, à terre et hors de combat. Elle me jeta un nouveau regard puis capitula.
« Très bien… puis-je me redresser ?
- Bien sûr, mais ne faites pas de sottise.
- Arrêtez le combat, lança-t-elle à l’attention des elfes de sang, lâchez vos armes ou nous allons tous mourir ! »
De plus ou moins bonne grâce, nos adversaires obéirent à l’ordre de leur chef.
Elle se tourna ensuite vers moi avec un air interrogateur.
« Merci, vous avez fait le bon choix. Quoi que l’on ait pu vous dire ou ce que vous pensez, nous ne sommes pas vos ennemis. Pelenas, montres-leur pourquoi nous sommes là ! »
L’élémentariste récupéra la boîte dans son sac et l’ouvrit, dévoilant la Rose éternelle au regard des elfes de sang. Leurs visages reflétèrent l’incrédulité puis l’émerveillement. Je laissai passer une dizaine de secondes pour qu’ils comprennent bien la situation puis repris mon petit discours.
« Certains de vos dirigeants ont des visées politiques personnelles et ne veulent pas que ce soient des étrangers qui remettent ce présent à votre reine. Ils nous ont déjà attaqué et ils vous ont lancés, vous et d’autres, sur nos traces, nous accusant sans doute au passage de multiples crimes imaginaires. Nous vous jurons que nous n’avons d’autre but que de remettre ce sublime objet, ce témoignage d’amour et d’allégeance de votre peuple, à votre reine. Nous venons en paix et en alliés. De grâce, aidez-nous à accomplir notre mission et faisons abstraction de notre méfiance et de nos différences. »
Une fois encore, j’avais mis toute ma conviction dans mon petit discours. Ce qui m’était d’autant plus facile que j’en pensais chaque mot. Ses effets allèrent au-delà de mes espérances et la maîtresse d’armes à mes côtés se tourna vers moi et me déclara que nous avions désormais une escorte pour atteindre le palais.
À partir de là, les choses furent nettement plus faciles. Escortés par la patrouille d’elfes de sang, nous empruntâmes désormais les chemins et traversâmes les villages. Leurs habitants nous regardaient passer avec surprise, dans un premier temps, puis avec un certain trouble lorsqu’ils constataient que nous n’étions pas prisonniers et que nous disposions toujours de nos armes. Nous passâmes la nuit à l’abri dans des maisons rendues libres du fait d’un déclin lent mais régulier de la population du Bois de Sang. À l’instar de la faune et de la flore, les habitants payaient le prix fort de la persistance du Rituel des Épines.
Je dois bien avouer que j’étais assez satisfait de moi et j’étais parvenu à transformer ce qui aurait dû être un combat à mort en un avantage déterminant, et des ennemis acharnés à notre perte en des alliés dévoués.
Si les deux nains rencontraient une légère méfiance de la part de nos protecteurs, Lisandella et Pelenas, en revanche, avaient rapidement sympathisé avec les elfes de sang, ceux-ci étant très curieux de ce qui se passait au-delà de leurs frontières et des événements du vaste monde.
Pour ma part, j’étais assez bien considéré et même un peu plus que cela. En effet, je notai bien vite que la chef de notre escorte, la maîtresse d’armes Ahina, me couvait du regard avec une lueur d’intérêt tout personnel.
Je n’eus guère d’effort à faire pour me montrer galant mais je mis rapidement les choses au point lorsque je me rendis compte que la jolie elfe de sang ne semblait pas vouloir se contenter d’un léger flirt. Je lui fis part, avec toute la diplomatie possible que, malgré tout ce qu’elle pouvait éveiller en moi, j’avais une importante mission à accomplir et guère la tête à la bagatelle. Par ailleurs, j’avais déjà quelqu’un dans ma vie (et même sans doute plusieurs…). Enfin, il ne me semblait pas souhaitable de démarrer une aventure sans lendemain car elle était liée au Bois de sang et moi plutôt pressé de le quitter dès que possible. J’aurais pu ajouter aussi qu’un trop grand rapprochement entre nous aurait certainement été douloureux mais elle aurait pu prendre l’argument pour un manque de motivation de ma part. J’aimais les femmes de caractère et les situations un peu piquantes, mais il y avait des limites, même pour un questeur d’Astendar…
Il ne fallut finalement que deux jours pour parvenir jusqu’au palais. Il faut avouer que passer par les chemins avec une escorte nous fit gagner du temps. Même si nous en avions entendu parler, sa vision nous fit un choc. Enchâssé comme un joyau au sein de six arbres qui semblaient le bercer, il était la vivante image d’une beauté architecturale subtilement corrompue.
- Description palais -
Une douce musique venait du palais et nous accompagna alors que nous traversions de merveilleux jardins où déambulaient ici et là des elfes vêtus des plus beaux atours. Même si la plupart feignaient de nous ignorer par mépris, il était évident qu’ils étaient rongés de curiosité et que notre arrivée allait rapidement devenir le sujet du jour à la cour.
Parvenus au pied du palais, notre progression fut stoppée net par un groupe de gardes qui en protégeaient l’accès. Nous laissâmes Ahina et Lisandella mener la conversation et expliquer les raisons de notre présence. Ils annoncèrent qu’ils allaient faire mander un haut-dignitaire pour gérer cette situation qui les dépassait visiblement.
Quelques instants plus tard, un elfe très digne approcha. Tout en lui irradiait la sagesse, que ce soit dans son maintien, son apparence où la lueur de son regard. Il se présenta à nous sous le nom de Presta Teyls, Gardien de Sang. Il ajouta qu’il était un de ceux qui tentait de restaurer le Bois de Wyrm, tout en nous lançant un regard vif qui semblait chercher à connaître notre position à ce sujet.
Il nous précéda et nous fit pénétrer dans le palais. Un hall somptueux et monumental nous accueillit. Ses dimensions, son agencement et sa beauté défiaient l’entendement. Après avoir emprunté un élégant escalier et suivi un luxueux couloir, il nous fit pénétrer dans des quartiers qui nous apparurent fastueux mais qui devaient sans doute être de simples chambres d’invités. Après quelques phrases concises quant aux motifs de notre présence et une nouvelle présentation de la Rose, le gardien nous demanda de patienter là le temps qu’il aille demander audience à la Reine.
Quelques instants plus tard, alors que nous prenions une collation tout en admirant les détails de la décoration de la chambre, deux gardes pénétrèrent dans nos quartiers sans se faire annoncer. Ils se déployèrent en prirent une posture vigilante alors que le conseiller Kalourin faisait son entrée. Ce dernier était vêtu avec recherche et affichait toujours sa suffisance à notre égard.
« Tiens, tiens, voyez donc qui est là ! Vous en avez fait du chemin depuis notre dernière rencontre et je dois reconnaître que vous avez un certain talent pour survivre. Mais ne vous faites pas d’illusions, des gens comme vous n’ont rien à faire ici et encore moins à faire perdre son temps à notre reine.
- Vous ne nous faites pas peur, rétorqua calmement Ghorghor.
- Nous vous avons déjà battu et vous n’oserez pas nous attaquer dans le palais, renchérit Pelenas.
- Oh… loin de moi l’idée de m’en prendre à vous, poursuivit l’elfe de sang en arborant un sourire matois. Ces lieux sont sacrés et je ne me risquerais pas à enfreindre le règlement… surtout pas pour des parasites dans votre genre. Vous allez me remettre la Rose et quitter ce palais avant qu’il ne survienne un événement regrettable.
- Vous continuez à nous menacer ? répondis-je avec une pointe de perplexité. Vous venez d’admettre que vous ne nous attaquerez pas, alors arrêtez de nous imposer votre détestable présence et quittez cette pièce.
- En fait, ce n’est pas à vous que je pourrais m’en prendre, continua le conseiller de sa voix posée et méprisante, mais plutôt à une certaine jolie elfe qui rôdait aux frontières du royaume et qui portait une pierre des plus intéressante.
Il sortit de sa poche le saphir étoilé que j’avais confié à Eliora. La pierre qui s’enchâssait dans le luth de Kervala et qui devait nous mener à Andelin.
- Joli, non ? Je crois que je vais la garder… et aller m’occuper de ma petite prisonnière puisque vous ne semblez pas entendre raison », reprit Kalourin en ajoutant la menace à la morgue assurance de sa voix.
J’avais tressailli imperceptiblement en reconnaissant l’objet et en comprenant les implications de ses paroles. Lui remettre la Rose ? Jamais ! Abandonner Eliora ? Impensable !
Face au choix cornélien imposé par le retors conseiller, je ne voyais qu’un acte désespéré. Même si j’avais envie de me jeter sur Kalourin, je feignis l’indécision pour attendre le bon moment.
« Eh bien ?! Pas plus de réaction que cela ? Je me suis donc trompé une nouvelle fois sur votre compte et vous êtes plus timorés que je le pensais. Je vais donc devoir… hé ! »
J’avais fait un pas rapide dans sa direction, bien décidé à lui mettre la main dessus et sans doute plus encore, mais Ghorghor, qui me connaissait décidemment bien, avait anticipé mon action et s’était interposé entre nous en me retenant alors que les deux gardes empoignaient leurs épées mais sans les sortir encore.
Les choses auraient certainement dérapées mais Presta Teyls arriva à point nommé dans le dos de Kalourin, sans un bruit.
« Eh bien, conseiller Kalourin, que me vaut l’honneur de votre visite impromptue ? »
Le rictus méprisant s’effaça du visage du ravisseur d’Eliora. Il se recomposa un masque d’indifférence et se retourna en s’inclinant légèrement en direction de son confrère.
« Conseiller Teyls, c’est toujours un plaisir de vous voir. Mais je ne vais pas vous accaparer plus que nécessaire. J’en avais terminé ici. »
Escorté par ses gardes et, il quitta prestement la pièce sous nos regards furieux. Preta Teyls s’avança et referma la porte. Il nous désigna ensuite des fauteuils et prit lui-même place sur l’un d’entre eux.
« Votre demande d’audience a été enregistrée et je ne doute pas qu’une réponse arrivera dans les meilleurs délais. D’ici là, j’aimerais bien entendre votre histoire et notamment comment se fait-il que vous connaissiez le conseiller Kalourin. »
Comme j’étais le seul à connaître l’origine de bien des choses dans cette affaire, je débutai l’histoire par le kaer Argovesia pour expliquer l'endroit où j’avais découvert la Rose. Dame Belisiel continua ensuite pour la partie concernant l’organisation de la mission diplomatique, Ghorghor se chargea de l’approche du Bois de Sang, Lisandella prit le relais et conta de notre rencontre avec Kalourin jusqu’au kaer du Bois ; Pelenas conclu notre compte rendu par les derniers jours de voyage et la rencontre avec la patrouille d’Ahina.
Notre entretien dura un certain temps et, alors que Teyls posait quelques questions pour aider à sa compréhension d’ensemble, un serviteur vint lui chuchoter quelques mots à l’oreille. Il se tourna ensuite vers nous avec un discret sourire :
« Mesdames, Messieurs, ceci est un grand jour pour votre vie : la Reine vous accorde une entrevue. »
Il nous fallut plusieurs heures de voyages dans de somptueux couloirs, d’attente dans de fastueux salons et de formalités auprès des nombreux points de contrôle. Visiblement, une bonne partie de la population elfique devait être embauchée comme gardes au palais.
Nous parvînmes finalement dans la salle du Trône, une pièce aux dimensions époustouflantes, à l’architecture improbable et à la décoration à la fois sublime, délicate et dérangeante par quelques touches de corruption. La reine Alachia était une femme sublime, la plus belle que j’aie jamais rencontrée… après Astendar ! Toutefois, Astendar n’avait jamais cherché à m’en mettre plein la vue. Malgré moi, j’étais attiré et ébloui par sa présence.
Sur un signe de la reine, Pelenas avança vers elle, la Rose dans son giron et visiblement très émue. Elle lui remit le présent et recula avec déférence. Alachia semblait émerveillée par la Rose. Je me fis la réflexion que c’était effectivement un cadeau tout à fait approprié pour une reine aussi belle que dangereuse. Une rose et ses épines.
Une fois retournée à son trône, la souveraine fit un geste ample et gracieux. Une rose blanche apparut au-dessus de chaque membre de notre petit groupe et tomba lentement vers nous, nous invitant à la saisir. Bien évidemment, saisir la rose sans se piquer était une impossible gageure. Nous nous blessâmes donc légèrement et chaque rose, absorbant un peu de notre liquide vital, vira ensuite à l’écarlate. Presta Teyls nous escorta ensuite vers la sortie et nous expliqua que ce moment était très important. La rose que chacun possédait était un symbole qui nous désignait comme étant des amis des elfes de sang.
Pour ma part, l’émotion de cette étonnante rencontre commençait à se dissiper et à me laisser une impression de trop peu et la frustration de n’avoir pu lui parler, de tenter de défendre la cause du Bois de Wyrm, de lui parler de l’état du Bois actuel, de comment était désormais perçus les elfes de sang, de l’inutilité de maintenir le Rituel des Épines dans le monde actuel. Bref, tout ça pour ça…
Quelques heures plus tard, j’étais adossé au mur de nos quartiers et je ruminai tout en observant l’étrange paysage environnant. Plus loin, mes compagnons commentaient avec joie et étonnement les derniers événements et le fait que notre mission diplomatique était finalement un succès. Ils s’étonnèrent de mon humeur mais respectèrent mon besoin de solitude. Je m’inquiétais terriblement pour Eliora et de ce que Kalourin pouvait faire. Prestia Teyls m’avait assuré s’occuper de cette affaire mais dans quelle mesure pouvait-il contraindre Kalourin ?
La porte s’ouvrit alors et je me tournai pour apercevoir le conseiller Teyls qui faisait entrer Eliora. Son visage s’éclaira de soulagement lorsqu’elle m’aperçut. Je m’avançai vers elle pour la prendre dans mes bras où elle se réfugia avec empressement. Je la serrai contre moi tout en remerciant le conseiller elfe de son aide. L’illusionniste était encore choquée, meurtrie et amaigrie mais elle était mentalement forte et elle surmonterait bientôt cette épreuve. Et je ferai tout mon possible pour l’y aider.
Preta Teyls nous informa que le conseiller Kalourin était en fuite. Il avait été aperçu se dirigeant vers les frontières du royaume. Ce salopard avait la pierre de Kervala et il nous faudrait bientôt le prendre en chasse. Mais chaque chose en son temps.