Lions de Metal
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Suivi de la campagne Earthdawn des Lions de Pierre, 6ème saison.
 
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 Chapitre 67 - Dans le ventre du Triomphe

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Valérian
Éclaireur humain et questeur d'Astendar
Valérian


Messages : 842

Chapitre 67 - Dans le ventre du Triomphe Empty
MessageSujet: Chapitre 67 - Dans le ventre du Triomphe   Chapitre 67 - Dans le ventre du Triomphe Icon_minitimeJeu 5 Nov - 21:15

Une assiette de bois contenant l’infecte bouillie habituelle dans la main, je contemplai le mur de ma cellule sans le voir. Bon sang ! Les choses ne pouvaient pas finir ainsi !
 
Après ma tentative d’évasion ratée sur le pont du Haut-Landais violent, j’avais repris connaissance dans la cale du navire pirate que j’avais quitté peu de temps auparavant. J’y étais désormais seul : Ghorghor et Pelanas semblaient avoir réussi à s’échapper, malgré tout, et Kat’sika était morte.
Autant j’étais content pour mon ami le nain et pour l’élémentaliste elfe, autant je n’allai pas pleurer pour cette foutue t’skrang ! Si j’étais encore si ce navire, c’était bien par sa faute. Si elle n’avait pas foncé comme une dératée pour tenter de reprendre son navire, nous aurions au moins pu nous délivrer de la chaîne qui nous unissait et les choses auraient ensuite été plus faciles.
 
Langue-Jaune T’silver vint me voir peu après mon réveil. Visiblement, un de ses hommes s’était occupé de mes blessures et j’étais couvert de bandages.
« Alors, petit humain, tu es de nouveau parmi nous ? se moqua le pirate t’skrang. Votre coup de force a bien failli réussir, mais – une fois de plus – je m’en suis sorti et c’est toujours moi qui suis du bon côté des barreaux.
- Ricanes tant que tu veux ! Nous n’avons pas fait tout cela pour rien. Mes amis ont pu s’échapper !
- Tu veux parler du nain ailé qui s’est piteusement enfui avec le cadavre de l’elfe ? Douze morts de votre côté pour qu’un seul se sauve ?! Tu es encore plus fou que je ne pensais si tu penses que vous avez gagné quelque chose dans l’affaire.  J’avoue que ça me gêne un peu que Kat’sika soit morte dans l’affaire. J’avais encore tellement de tortures à lui infliger. Ah ah ah !
- Au moins,  quelqu’un s’est échappé et il pourra revenir avec des renforts pour libérer les autres, lançai-je avec hargne, sans trop y croire.
- Ton pote nain, je m’en cogne. C’est ta petite tête qui vaut du pognon pour les thérans. Par toutes les Horreurs, je me demande bien ce que tu peux savoir pour qu’ils veuillent autant te récupérer, parce que pour le reste, tu ne vaux pas tripette ! Et, à ta place, je ne me ferai pas trop d’illusions sur les secours. Là où je t’emmène, cela m’étonnerai beaucoup qu’ils viennent te chercher. Ah ah ah ! »
Il repartit, me laissant à mes idées noires.
 
Étant limité dans mes déplacements et réduit à mes seuls moyens, je me résignai à attendre la suite. Seul, blessé et enchaîné comme je l’étais, toute idée d’évasion était illusoire. Je décidai de mettre ce temps de repos à profit en développant le talent de Volonté de fer et la compétence de Sang-froid que j’avais récemment appris auprès de Ghorghor. Il avait fort à parier qu’une copieuse séance de torture était au bout du voyage, et j’entendais bien leur donner un peu de fil à retordre.
 
Après une semaine de voyage, le navire mouilla et je fus extrait de ma cellule par un groupe de pirates et de soldats thérans. Dire que j’étais surveillé était une litote. Les termes scruté, ou couvé auraient mieux convenu.
Une fois à l’air libre, je me rendis compte que le Haut-landais violent était amarré au quai de la communauté qui s’était constitué autour de la Pierre d’Ayodhya. Le lieu de pèlerinage était désormais une base avancée de l’Empire théran en Barsaive. Le navire béhémoth était posé au sommet et recouvrait une partie de la Pierre, comme un défi arrogant à tous les peuples libres.
Langue-Jaune T’silver se fit remettre un lourd coffret rempli d’or et de pierres précieuses. Il m’adressa un clin d’œil goguenard.
« C’était un plaisir de te ramener jusqu’ici, gamin ! Finalement, tu m’auras remboursé une partie du trésor de Verte-Crête.  Considérant où tu vas désormais, je doute de te revoir un jour. Mes salutations aux bourreaux ! » conclut-il en s’esclaffant.
Mon escorte me mena à l’intérieur du navire théran. Je ne pus m’empêcher de frémir en passant les portes massives. Tout ceci ressemblait de plus en plus à la fin du voyage. Je comprenais les paroles du capitaine pirate : jamais mes amis ne pourraient me tirer de là.   
 
On me fit monter plusieurs ponts afin de parvenir l’étage des cellules. Celle dans laquelle on me jeta fut presque luxueuse après la cale de T’silver. Un vrai lit avec des draps presque propres, c’était assez inattendu.
Les responsables qui devaient m’interroger avaient sans doute d’autres chats à fouetter (ou d’autres détenus) puisque rien ne passa pendant plusieurs jours. Seule la distribution de ma maigre pitance rythmait la monotonie de mes journées. Une fois encore, je mis ces journées à profit pour continuer à renforcer mes talents. Autant être le plus affûté possible si d’aventure une opportunité se présentait. Fuir, je n’y comptais pas vraiment, mais peut-être pourrais-je m’emparer d’une arme et les obliger à me tuer plutôt que de souffrir mille morts sur un chevalet et balancer tout ce que je savais.  
Tout bien considéré, il y avait bien longtemps que je n’avais pas eu autant de temps à moi. Nulle part où courir, nulle quête à mener ou innocent à secourir. J’aurais pourtant donné beaucoup pour retrouver mon activité frénétique de ces derniers mois.
Pour le reste, les conditions de vie étaient difficiles mais supportables. Les repas étaient réguliers et moins mauvais qu’à bord du Haut-landais violent. Ils avaient certainement des ordres pour me maintenir dans un état acceptable.
 
Mon attente pris fin au milieu du septième jour. Deux soldats lourdement armés vinrent me prendre en charge et m’emmenèrent, après m’avoir menotté. Notre petit groupe gravit plusieurs ponts et parvint dans un secteur plus confortable.
Cette petite ballade me fit le plus grand bien après ma semaine d’encellulement. Je pus même apercevoir, ici et là par des fenêtres,  le bleu du ciel et sentir le vent sur ma peau. Elle me permit également, grâce à mes talents d’éclaireur, de m’orienter et de comprendre l’agencement du navire et des différents ponts. Ceux-ci étaient tous construits sur le même  modèle. En connaître un, c’était tous les connaître, à quelques détails près.
On m’introduisit dans un bureau assez luxueux. Un humain, assis derrière un bureau massif, se leva à mon entrée et s’avança vers moi. Il était assez grand et plutôt athlétique. Il était vêtu d’une protection de cuir rigide ouvragé et portait une lourde cape. Une épée à son côté laissait suggérer un officier. Toutefois, le bâton magique appuyé contre le mur côté et l’agencement de la pièce indiquait plutôt un tisseur de filaments.
Mais ce qui retenait l’attention était son visage, régulier et dur, mais surtout son regard. Ses yeux ne laissaient voir aucune pupille et émettaient une légère lueur jaune des plus déconcertantes.
Mes anges gardiens étaient deux pas derrière moi.
« Vous êtes le dénommé Valérian. Est-ce bien cela ?
La question semblait de pure forme et il ne semblait pas avoir de doute sur la personne qui se tenait devant lui.
- En effet, répondis-je d’un ton neutre.
- Je suis le Gardien du Ciel Hefera. Si vous collaborez, vos conditions de détention pourraient rapidement s’améliorer et nous gagnerons tous un temps précieux.
- Collaborer à quel sujet ?
- Je vais aller droit au but : nous cherchons le village d’Hanto. Vos excellentes chroniques sont malheureusement assez floues sur la localisation de cet endroit. Si vous vouliez bien nous aider à le trouver, nous vous en serions reconnaissants.
- Je ne vois vraiment pas pourquoi je vous aiderais. Je sais très bien ce que vous cherchez à Hanto et je n’ai pas l’intention de vous livrer cette jeune fille.
- Ce serait pourtant l’occasion pour vous de sauver des vies. Nous avons déjà brûlé et rasé plusieurs villages pour trouver celui de Hanto, mais en vain. Il ne tient qu’à vous que nous arrêtions cela.
- Je ne pense pas. Vous n’avez pas besoin de l’excuse de Hanto pour rayer des villages de la carte. Vous le ferez simplement pour moissonner des esclaves et terroriser vos opposants. Je ne sauverai personne et je vous aiderai juste à atteindre votre objectif.
- Vous savez que si vous faites la forte tête, ce seront mes bourreaux qui poursuivront cette conversation avec vous. Et ils sont nettement moins polis que moi.
- Je n’en doute pas et c’est exactement ce à quoi ce m’attends depuis que j’ai mis les pieds ici.
- Dans ces conditions, je ne voudrais surtout pas vous décevoir. À très bientôt. »
Il eut un geste de la main et mes gardes me ramenèrent dans ma cellule.
 
Le lendemain, une autre paire de soldats vint me chercher pour me livrer à un ork massif et qui avait autant d’humanité dans le regard qu’un basilic. Il avait à sa disposition toute la panoplie du parfait petit bourreau : chevalet de différentes tailles, râtelier complet de tenailles, lames de toutes formes imaginables, collection de potion aux effets variés mais toujours désagréables, ainsi que l’indispensable braséro. Le tout était méticuleusement entretenu. J’avais visiblement affaire à quelqu’un qui aimait son métier. Les vocations, ça ne se discutent pas.
La séance fut désagréable. Très désagréable même. On a beau s’y préparer, se blinder et se raccrocher à tout et n’importe quoi, mais il y arrive un moment où il faut lâcher quelque chose et ce moment vint un peu trop vite à mon goût. Mes sens étaient saturés par une douleur insupportable et je criai quelque chose au sujet de Charboyya, sans trop me souvenir exactement quoi car je m’évanouis peu après.
 
Je me réveillai dans ma cellule, le corps douloureux. Mes quelques connaissances médicales me permirent de soulager quelques plaies, mais sans aucun matériel approprié c’était un peu cautère sur jambe de bois. La nuit fut peu reposante car mes blessures me faisaient souffrir et j’appréhendai le jour suivant et son cortège de nouvelles tortures. Avant le jour suivant et ainsi de suite.
J’avais parfaitement conscience d’être un mort en sursis. J’avais échoué dans ma quête d’Andelin et j’adressai une ferveur prière d’excuse à Astendar. La dernière chose d’utile que je pouvais encore faire avant de mourir était de ne pas trahir la position de la jeune Aardéla. Vu le mal que les thérans se donnaient pour le trouver, elle devait être sacrément importante pour eu et j’espérai bien les frustrer en mourant avant de leur lâcher l’information. Et si toutes les séances de torture ressemblaient à celle d’aujourd’hui, mon trépas arriverait bientôt.
À cette idée, je ne pus m’empêcher mes yeux de devenir humides. J’avais encore tellement de choses à faire et des projets. Du fait de leur position sociale et de leurs talents, Miraëlan et Eliora n’avaient pas besoin de moi et m’oublieraient bien vite. Bizarrement, j’eus un pincement au cœur en pensant à Garel et Carelia. Je ne verrai jamais grandir mon fils.
Le sommeil finit par venir mais il fut peuplé de cauchemars et l’aube me trouva en guère meilleur état que la veille.
 
La seconde séance fut assez proche de la première, à ceci près que mon tortionnaire se montra moins pressé et la montée en douleur fut plus progressive. Il n’avait apparemment guère apprécié que je tourne de l’œil prématurément la veille. Il semblait m’en vouloir de ne pas résister suffisamment afin de le laisser exercer son art comme il le souhaitait.
Autre changement : à l’arrière se tenait un humain au maintien noble qui n’était pas là la veille. Il observait attentivement mais ne parla pas. Il était sans doute là pour rapporter à Hefera mes réponses aux questions si gentiment posées.
Une nouvelle fois, je me raccrochai à l’image d’Astendar et à l’idée que ma résistance protégeait la jeune Aardéla. J’évoquai tous ceux qui comptaient pour moi et tous les moments de ma courte – mais trépidante – existence.
Mon nouveau spectateur en fut pour son compte car, malgré les précautions du bourreau, je tournai de l’œil assez vite. Ses opérations avaient été menées avec, certes, plus de précaution, mais mon état était bien pire que celui de la veille et mon corps lâcha sans prévenir.
 
J’étais toujours dans la salle de torture lorsque je repris lentement connaissance. Mon visage était humide et le noble était penché vers moi. Son regard me scrutait, comme s’il cherchait à comprendre ma manière de penser.
« Je m’appelle Jendale. Je suis là pour superviser votre interrogatoire. Vous n’êtes guère coopératif, et vous ne semblez guère plus soucieux de votre sort. Je constate que ce n’est pas du courage qui vous fait tenir, mais du désespoir. Vous pensez avoir une médaille en vous sacrifiant ?
- Non… juste… arrh ! …. juste essayer de sauver une gamine de vos sales pattes, parvins-je à articuler douloureusement.
- Je vois. J’ai lu pas mal de choses sur vous et votre groupe. Les Lions de Pierre, c’est cela ? Je trouve que le destin vous met souvent sur notre chemin et que vous contrariez régulièrement nos visées. Mais je pense que vous avez un peu trop abusé de votre chance.
- Je ne vous… contredirai pas sur ce point, répondis-je péniblement.
- Et vous faites même de l’humour sur votre propre situation ? Je pense qu’il est temps de changer de méthode. Vous pensez que vous n’avez rien à perdre ? Que diriez-vous si j’envoyais une escouade dans le village de Tevelan pour piller et violer un peu ? Cela vous plairait de voir votre famille travailler dans nos mines et servir de filles de joie à nos soldats ? »
Le coup était rude mais je m’y étais préparé et je n’en attendais pas moins d’eux. Que je parle ou non ne protégerait pas ma famille et je n’étais pas certain qu’ils soient actuellement capables de projeter leurs forces aussi loin. La cité d’Urupa était assez proche et elle disposait de forces non négligeables, même pour des forces théranes.
« Tiens ? Aucune remarque sarcastique cette fois ? Vous aurais-je donné matière à réflexion ? Eh bien, vous aurez toute la nuit pour penser à cela et imaginer un détachement théran dans votre village avec instructions de faire ce qu’ils souhaitent. »
 
La séance de torture du jour ayant été moins longue et moins dure que la précédente, mon repos nocturne me fut un peu plus profitable. Néanmoins, je savais que je n’avais rien de bien réjouissant à attendre des jours à venir et que les choses iraient de mal en pis. Il me fallait un plan d’action pendant que j’étais encore en état de l’accomplir.
 
La matinée suivante, mes gardes habituels vinrent me chercher. Cependant, notre petit groupe ne se rendit pas à la salle de torture habituelle mais retourna dans le bureau d’Hefera. Le dénommé Jendale était présent également et tous deux semblaient bien déterminés à me faire craquer. Je sentais que j’allais passer un sale moment.
« Ah ! Voilà notre prisonnier récalcitrant ! déclara le Gardien du Ciel en m’apercevant. Je trouve votre résistance obstinée assez désappointante. Notre bourreau vous charcute comme un gigot avant de le passer au four, nous menaçons votre chère famille, mais rien n’y fait. Que faut-il donc pour que vous parliez ? Faut-il vous payer ?
- Rien de ce que vous pourriez me promettre ne suffira car je n’ai aucune confiance en la parole d’un théran. Ma résistance et mon silence sont sans doute les seules choses qui me maintiennent en vie, aussi douloureuse soit-elle.
- Vous jouez les opposants forcenés mais vous êtes nettement moins regardant avec les jolies théranes », me balança-t-il sur un ton goguenard.
J’eus un moment d’hésitation. Ces éléments-là n’étaient pas dans mes chroniques. D’où sortaient-ils ces informations ? Sans doute des rapports des elfes des Chasseurs de Sang, l’ancien groupe d’Eliora. Ils n’avaient pas manqué de me voir flirter avec la jolie illusionniste et sa disparition en même temps que notre groupe à l’auberge des trois plumes ne pouvait pas être une coïncidence. Peut-être que Kalourin avait également étayé ces soupçons.
« J’avoue que le fait qu’elle soit thérane n’est pas ce qui m’a sauté immédiatement aux yeux.
- Je trouve que votre haine des thérans est assez partiale.
- Si vous pensez cela, pourquoi n’est-ce pas une jolie thérane qui m’interroge ? répondis-je avec pertinence.
- Vous seriez-vous confié pour autant ? demanda-t-il avec curiosité.
- Je crains que, cela, vous ne le sachiez jamais.
- En effet, tout ceci n’est que pure rhétorique. Nous allons passer désormais à un autre type d’interrogatoire, déclara-t-il en me regardant avec une impatience que j’estimai de mauvais augure. Puisque votre corps supporte assez mal la torture, je vais m’attaquer cette fois à votre trame.
- Ma trame ?
- Oui. C’est fou tout ce que l’on peut apprendre en examinant la trame d’une personne. En agissant sur elle, on peut même la brouiller et agir directement sur son propriétaire. Un adepte pourrait ainsi éprouver quelques difficultés à accéder à ses talents, voire en être définitivement privé. Toujours décidé à vous taire ?
- Vous en doutez ?
- Pas vraiment mais je demandais à tout hasard. Bien, procédons… »
Le théran évoqua la vision astrale et contempla ma trame. Son expression était concentrée mais il haussa bientôt les sourcils d’étonnement.
« Eh bien ! Votre trame… est vraiment des plus étonnantes. La plupart des donneurs-de-noms ont un schéma simple et homogène, un peu plus compliqué pour les adeptes. Vous, c’est… une espèce de mosaïque. Comme un thème central avec différentes pièces rapportées qui s’y amalgament plus ou moins bien. »
Miraëlan avait déjà évoqué la complexité de ma trame astrale avec moi. Ma trame actuelle de Valérian était parasitée par celle d’Aloysius et influencée par des éléments du prince Kervala ainsi que par le théran Nur-Athémon. Le fait que j’étais questeur d’Astendar devait également se retrouver quelque part. Et peut-être qu’il y avait aussi un peu de Miraëlan au milieu de ce foutoir.
Mais cela ne découragea pas Hefera, bien au contraire. Il semblait se délecter encore plus de sa tâche, comme si ce qui devait être une tâche ennuyeuse se révélait plus intéressant que prévu. Il bougeait les mains autour de moi, comme s’il pinçait, tirait ou cassait des fils invisibles. De mon côté, je sentais des fourmillements désagréables en moi. Pas vraiment dans mon corps, mais plus dans mon être. J’éprouvais aussi une migraine croissante.
« Vous m’amusez, petit barsaivien. Vous luttez pour protéger votre illusoire liberté contre les thérans, mais vous n’hésitez pas à servir les dragons et leurs intérêts alors que ceux-ci vous méprisent.
- Ce ne sont pas les dragons que je défends et je n’ai rien à voir avec eux.
- Vraiment ? lança-t-il avec un étonnement forcé. Alors pourquoi je trouve leur magie dans votre trame ? Vous avez un enchantement qui affecte votre apparence.
- Que voulez-vous, je soigne ma tenue. Nous avons tous nos petits défauts.
- Parfait, cela ne vous gênera donc pas si je vous débarrasse d’un défaut. Un petit tiraillement là, je coupe ce fil ici. Et voilà !  Disparu l’enchantement ! »
Je grinçai des dents intérieurement car je tenais à cet enchantement. Mais c’était assez pusillanime de  ma part car je risquais d’y laisser d’autres plumes, voire toute ma carcasse.
Le théran poursuivit son petit jeu pendant deux bonnes heures. Parfois, cela fut douloureux mais ce fut toujours désagréable. Cette intrusion dans ma trame n’était rien d’autre qu’un viol. Ni physique, ni réellement mental, plus diffus mais il englobait chaque parcelle de mon être.
Je savais que ma trame n’en était pas ressortie intacte et que les séquelles seraient durables. J’étais changé, et certainement pas en bien. Je me sentais faible, nauséeux, et j’avais du mal à me concentrer.
Je percevais, néanmoins, la conversation entre Hefera et Jendale.
« Alors, vous avez appris quelque chose d’intéressant ? demanda le noble.
- Oui et non. Certaines choses intéressantes mais rien de primordial et rien sur Hanto. Cette fichue trame est nettement plus résistante que ce à quoi je m’attendais.
- D’habitude, vos sujets livrent rapidement leurs petits secrets, insista Jendale.
- Certes, mais cette trame est des plus déconcertantes. Elle ne devrait même pas exister. Ce type devrait être fou. Et pourtant, il y a quelques points de liaison qui soutiennent l’ensemble et que je n’arrive pas à détruire. Quelque chose protège ce type et je n’arrive pas à savoir quoi. Mais c’est un intéressant défi que je relève. Je vais réfléchir à tout ceci et je serai mieux préparé demain, conclut le Gardien du Ciel.
- Parfait. Gardes, ramenez le prisonnier à sa cellule. »
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Ghorghor

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MessageSujet: Re: Chapitre 67 - Dans le ventre du Triomphe   Chapitre 67 - Dans le ventre du Triomphe Icon_minitimeDim 8 Nov - 17:33

Courage Valérian, tu ne le sais pas encore, mais les secours sont en route !!
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Valérian
Éclaireur humain et questeur d'Astendar
Valérian


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MessageSujet: Re: Chapitre 67 - Dans le ventre du Triomphe   Chapitre 67 - Dans le ventre du Triomphe Icon_minitimeMer 18 Nov - 12:19

J’étais de retour dans ma cellule. Jusque-là, j’avais joué le rôle de l’aventurier désespéré, avec d’autant plus de facilité que je l’étais. Mais je n’étais pas résigné à me laisser disséquer sur une table de torture ou violer mentalement par un magicien théran. Il était temps de réagir, pendant que j’en étais encore capable.
Le lendemain, lorsque je perçus le pas des gardes qui approchaient de la porte de ma cellule, je m’affalai sur mon lit et utilisai mon talent de déguisement magique pour prendre l’apparence de mon propre cadavre, à un stade déjà visible de décomposition. Cela devait être suffisamment convaincant pour qu’ils n’aient pas envie de me balancer un coup de pied pour s’en assurer… ni pour qu’ils aient le temps de s’étonner de l’absence d’odeur de décomposition.
J’utilisai aussi la vision astrale pour voire les gardes sans avoir besoin de les regarder avec mes yeux. Ce fut à ce moment que je m’aperçus que je n’étais pas seul dans ma cellule : un esprit flottait au niveau du plafond et regardait dans ma direction. Ce salopard d’Hefera ne prenait vraiment aucun risque ! De toute manière, je ne pouvais rien y faire et j’espérai simplement pouvoir aussi le prendre de vitesse.
 
À l’ouverture de la porte, j’entendis les exclamations surprises des gardes. Pour autant, ceux-ci ne s’affolaient pas et ils restèrent présents les deux. J’avais escompté que l’un d’eux s’en aille prévenir ses chefs mais mon espoir fut déçu. Le premier théran s’approcha lentement et il était temps de passer à l’action, je n’aurais pas d’autre occasion.
Je bondis du lit et avançai vivement pour m’emparer d’une arme dans un fourreau. C’était du moins la théorie, car la réalité fut moins évidente. J’étais plus affaibli que je ne le pensais et mon mouvement brusque me provoqua un brusque éblouissement qui ralentit mon mouvement et fut suffisant pour que le garde recule d’un pas et se mette en posture défensive, mettant ses armes hors de ma portée.
J’esquivai de justesse un coup de poing et je manœuvrai afin d’éviter d’être pris en tenaille. Les gardes sortirent leurs armes mais hésitaient à s’en servir compte tenu de leurs consignes de veiller à me garde en vie. Alors que je réfléchissais à mon prochain mouvement, l’esprit se manifester et projeta des vrilles astrales sur mes membres, me paralysant rapidement. Les gardes appelèrent du renfort et je fus bientôt solidement attaché et escorté vers Hefera.
Je pouvais me faire tous les reproches du monde, mais cela ne changeait rien. Je n’avais jamais eu la moindre chance de m’échapper. Et je ne l’aurai sans doute jamais.
 
J’arrivai en forte escorte sur une terrasse d’un des derniers niveaux de la citadelle thérane, en partant du bas. Je ne savais plus vraiment si je devais parler de pont ou d’étage, tellement ce navire ressemblait à une forteresse. C’était rien de moins qu’une forteresse volante. Le vent et le soleil sur ma peau furent comme des baumes. D’ici, la vue était stupéfiante. Depuis le haut de la citadelle, elle-même posée sur le sommet de la Roche d’Ayodhya, on pouvait voir le fleuve Serpent qui déroulait ses méandres à quelques kilomètres de là. Le lac Ban miroitait au loin, vers le nord-est, à deux jours de marche. Mais on pouvait voir aussi des fumées sombres monter, ici et là dans le paysage, comme autant de preuves de la férocité des thérans.
Héféra semblait m’attendre et m’accueillit avec un sourire narquois.
« Ah, Valérian ! Vous voilà ! On m’apprend que vous avez voulu faire des bêtises ? Je me demandais quand est-ce que vous alliez tenter quelque chose. Au moins, désormais, vous savez que tous vos efforts sont vains et vous feriez mieux de l’accepter. Il n’y a qu’une manière de sortir en vie d’ici : collaborer.
- Je n’y crois pas un instant. Vous feriez mieux de me tuer tout de suite, car vous n’aurez rien de moi, répondis-je sans grande force.
- Allons, allons… pas de phrases creuses, pas de démonstration d’un courage mal placé. Il existe différentes méthodes pour vous convaincre, poursuivit le théran d’un ton badin. Tenez, par exemple, je sais que vous aimez les elfes. Je vous en ai amené trois. Qu’en pensez-vous ? »
Hefera se décala de deux pas et j’aperçus effectivement trois esclaves elfes quelques mètres derrière lui. Dans de bonnes conditions, lavées, bien nourries et bien habillées, elles auraient été jolies et sans doute pleine de vie. Là, elles n’étaient que des esclaves dépenaillées, crasseuses et apeurées. Les thérans prétendaient lutter contre les Horreurs mais, à leur manière, ils corrompaient aussi tout ce qu’ils touchaient.
« Choisissez-en une, je vous prie, reprit le magicien.
- Pardon ?
- Choisissez une de ces esclaves. Bon, certes, elles ne sont pas tout à fait au mieux de leur forme, mais il doit bien y en avoir une que vous préférez sur les trois, non ?
- Allez vous faire foutre, Hefera !
- Tsss tsss ! Quel vilain langage dans la bouche d’un chantre d’Astendar. »
 
Les gardes ne me quittaient pas des yeux. J’étais entravé aux mains et tenu fermement à chaque bras. Mais mes jambes étaient libres. Si je parvenais à les obliger à me lâcher, ne serait-ce qu’une seconde puis à foncer au bout de la terrasse afin de me jeter dans le vide. La chute serait mortelle et la fin rapide.
J’eus, à nouveau, recours à mon talent de déguisement magique et je modifiai mon image pour adopter celle d’un être repoussant, aux bras parsemés de bubons purulents et avec des bestioles qui grouillaient et se déplaçaient. C’était un usage assez particulier de ce talent et ma démonstration était peu crédible. Je comptai sur un simple mouvement de réflexe.
Mais mes gardes n’étaient pas les premiers venus et ils avaient déjà été témoins de ma précédente tentative. Bref, ils ne tressaillirent même pas et j’eus seulement le droit d’être violemment secoué de part et d’autres.
Je revins vers Hefera qui me regardait d’un air amusé et faussement peiné.
« C’est bon, vous avez fini de jouer ?  Je peux reprendre ? Soyez concentré, je vous prie ; c’est important car la vie de ces elfes est entre vos mains. Choisissez en une. »
Comme je savais que rien de bon ne sortirai de ce choix, je décidai rester coi.
« Puisque vous refusez de choisir, je vais donc considérer que le sort des trois vous indiffère. Je vais donc les tuer toutes les trois et vous vous arrangerez ensuite avec votre conscience, monsieur l’amoureux des elfes. »
Je grinçai des dents. Je ne savais pas s’il tuerait celle que je choisirai ou les deux autres. Refusant de regarder en direction des jeunes femmes éplorées qui comprenaient progressivement que leur vie était en jeu, je baissai la tête et répondis dans un souffle.
« Celle du milieu… »
- Bien. Messieurs, veuillez vous saisir de cette esclave qui vient d’être condamnée par notre hôte et la précipiter dans le vide… à moins …. à moins que vous ayez enfin quelque chose à nous dire ? Non ? Toujours pas ? Bien, passons donc à l’exécution. »
J’aurais tant aimé que ce soit Hefera que les gardes balancent du haut de la citadelle !
«  Allons ! Redressez la tête et ouvrez les yeux ! Assumez vos choix et admirez votre œuvre, Valérian »
Les cris de la jeune elfe diminuèrent progressivement, puis plus rien. Rien que les sanglots étouffés des deux autres, soulagées d’être encore en vie. Rien que le regard mauvais d’Hefera.
« Vous êtes décidément très contrariant, Valérian. Combien faudra-t-il de morts pour que vous parliez ? Où se trouve Hanto ?
- Vous n’avez pas besoin de moi comme excuse pour tuer à tour de bras. N’essayez pas de reporter sur moi votre cruauté ! Vous n’êtes qu’un… Aaaarhhh ! »
Le sortilège de Dague mentale que je reçus fut particulièrement puissant et je ne fus bientôt plus en état ni de parler, ni même de penser, tant la douleur était forte.
Mes gardes me raccompagnèrent une nouvelle fois dans ma cellule. Une cellule que je ne pouvais, désormais, plus considérer comme un endroit de tranquillité.  
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Valérian
Éclaireur humain et questeur d'Astendar
Valérian


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MessageSujet: Re: Chapitre 67 - Dans le ventre du Triomphe   Chapitre 67 - Dans le ventre du Triomphe Icon_minitimeMar 1 Déc - 21:11

Mes gardes me raccompagnèrent une nouvelle fois. Ils me portèrent plus qu’ils ne m’escortèrent tant j’étais dans un état second. Je me retrouvai à nouveau dans ma cellule. Une cellule que je ne pouvais, désormais, même plus considérer comme un endroit de tranquillité.  Je m’effondrai sur mon lit et sombrai rapidement dans un sommeil comateux et miséricordieux.
 
Je rêvais. Je délirais. J’étais dans les bras d’une femme. Je croisai le regard humide de Carelia qui me reprochait une nouvelle fois de les abandonner tout en m’embrassant…, puis c’étaient d’autres bras et le regard amusé de Kelleshane… quelques instants plus tard, je plongeai dans les jolis yeux bleus du nouveau de Miraëlan et je m’abandonnai à cette nouvelle étreinte… ce fut alors le tour de Maloniel et son regard noisette franc… puis celui des émeraudes malicieuses d’Eliora et son sourire narquois. Et finalement, je n’étreignis que le vide. Mes yeux s’embuèrent de larmes à l’idée que je ne reverrai aucune d’elle. Elles étaient si différentes et si attachantes…
J’eus ensuite la vision de Gendel qui se penchait vers moi. Le maître-espion théran avait un regard quelque peu peiné.
« Je suis désolé pour les détestables méthodes d’Hefera. Ne croyez pas que tous les thérans soient à son image et que tous approuvent ce qu’il vous fait subir. »
Puis ce fut l’image de Tirell et Valériane penchés vers moi. Ils semblaient inquiets et me questionnaient sur mon état.
« Aloysius ? Réveilles-toi ! Viens, il faut te lever ! » déclara l’éclaireuse.
Là, je me disais que je n’étais plus dans un rêve. Les Téméraires d’Urupa n’appartenaient pas à ma vie mais à celle d’Aloysius. Comment avaient-ils su ? Ah oui… c’est vrai… ils avaient mes chroniques ! Ils étaient forts ces thérans avec leurs illusions, mais côté psychologie, ce n’était pas encore ça. C’était vraiment gros comme ficelle.
« Allez ! Bouge-toi mon pote ! » insista l’archer.
Il semblait avoir un peu vieilli, mais pas Valériane. Mais je n’étais quand même pas con à ce point. Tirell n’était plus chez les Téméraires depuis le jour où il avait perdu un bras face à un ours énorme. Et là, même j’avais encore les yeux embués de sommeil et de larmes, je voyais bien qu’il avait ses deux bras.
« Foutez-moi la paix avec vos illusions à la con, Hefera ! »
Je vis Tirell et Valérian échanger un regard perplexe.
« Aloysius ! Nous sommes bien réels ! insista Valériane.
- C’est ça… et moi je suis une princesse thérane…, répondis-je tranquillement tout en refermant les yeux comme pour le rendormir. 
- Bon, on ne va pas s’en sortir, grommela l’éclaireuse. »
Je sentis une douleur aigüe au niveau des côtes. Elle m’avait pincé ! Je me redressai de mauvaise grâce.
« Tu veux vraiment rester là ? demanda Tirell. Tu tiens à connaître la prochaine surprise d’Hefera ?
- Je crois que c’est vous sa prochaine surprise, répondis-je d’un ton sarcastique. Depuis quand tu as deux bras, toi ?
- Depuis que les thérans m’en ont offert un nouveau, répondit-il en me montrant son bras de cristal. Comme neuf ! C’est du sacré matos ! Allez amènes-toi ! »
Je me levai de mauvaise grâce et les suivis dans les couloirs. Je constatai qu’il n’y avait aucun souci avec les gardes et même que certains les saluaient amicalement. Donc, soit c’étaient bien des illusions, soit Tirell et Valériane bossaient pour les thérans. Aucune des deux options ne me plaisait.
« C’est quoi votre histoire, demandai-je plus pour faire la conversation que par réelle curiosité.
- Gendel nous a prévenu et nous avons profité de l’absence d’Hefera pour venir te sortir de là.
- Ben voyons… c’est tellement simple et évident dit comme cela, répondis-je sans dissimuler mon sarcasme.
- Si tu préfères vraiment rester là, tu peux retourner dans ta cellule, espèce d’ingrat ! » répliqua Valériane.
 Je ne répondis pas. Qu’elle soit de mèche avec les thérans ou une illusion ne changeait pas grand-chose. Dans tous les cas, cela me laissait une vraie possibilité de trouver le moyen de leur fausser compagnie, d’une manière ou d’une autre.
 
Nous arrivâmes au sommet de la forteresse, sur la même plateforme où Hefera avait tué une esclave elfe quelques heures auparavant. Nous nous dirigions vers un petit navire aérien. Bigre ! J’allais vraiment quitter cet endroit ? Il était temps de faire un test avec mes sauveteurs.
« Attendez ! Je ne partirai pas sans mon matériel.
- Quoi ? C’est quoi ce caprice ? s’énerva l’éclaireuse.
- Ce n’est pas un caprice. J’ai des choses importantes dont je ne veux pas leur faire cadeau.
- Tes armes et armures ? demanda Tirell.
- Pas seulement… », répondis-je avec prudence.
L’archer soupira un grand coup.
«  D’accord, j’y vais. Surveille-le pendant ce temps, Val.
- Pas de souci. Viens par ici, Aloysius. »
Elle m’emmena dans un coin de la terrasse, vers un petit banc à l’ombre. Elle s’assit tout près de moi et me fit un large sourire.
Pas de gardes en vue ; c’était presque intime. Et c’était encore plus louche. Je ne pouvais pas dire que nous nous étions quitté dans les meilleurs termes. J’utilisai ma vision astrale pour déterminer si elle était réelle ou si c’était une illusion. Cet examen ne fut pas déterminant, sinon pour me confirmer que je n’étais pas au mieux de ma forme tant je peinai à mobiliser mon talent. Si c’était une illusion, elle était bien réalisée. Mais Hefera était tout sauf un débutant. J’essayai un autre angle d’approche.
« Depuis quand les Téméraires travaillent-ils pour les thérans ? attaquai-je avec un peu plus de hargne que je ne l’aurais voulu.
- Depuis toujours. Toi aussi, à l’époque tu as travaillé pour les thérans, répondit-elle sans s’offusquer outre mesure.
- C’est étrange, je n’en ai pas le souvenir.
- Nous n’avons jamais été trop regardant ni sectaires sur nos employeurs. Du moment qu’ils étaient réglos, peu nous importait. Je peux t’assurer que certains étaient thérans.
- C’est possible. C’était surtout Alcanthar qui traitait les affaires et moi j’étais un exécutant.
- Si tu étais resté, tu aurais été plus que cela, répondit-elle en posant une main amicale sur mon bras et en souriant. »
Là, ça devenait carrément louche. Valériane avait plus ou moins toléré la drague lourdingue d’Aloysius, mais elle n’avait pris l’initiative.
« Je savais bien qu’elle en pinçait pour moi ! Enfin, tout est révélé après ces années !
- Quoi !? C’est quoi cette voix ? Qui est là ?
- C’est moi, grand frère ! Aloysius est de retour !
- Hein ?! Mais c’est n’importe quoi !
- Pas du tout. Plus elle m’appelle par mon nom, plus tu t’affaiblis. D’ailleurs, t’es dans un état pitoyable. Je sens que je vais bientôt reprendre les commandes !
- C’est hors de question ! Tu n’es qu’un irresponsable et tu n’existes plus !
- Tiens donc ! Demandes donc à Valériane qui elle est venu sauver !
- Aloysius ? Tu vas bien ? s’inquiéta l’éclaireuse. Tu fais une drôle de tête.
- Heu… ça va… mais arrêtes de m’appeler comme ça, tu veux.
- Quoi ?! Mais comment veux-tu que je t’appelle ?
- Ah ! Vas-y, donnes-lui donc ton nom qu’on rigole un coup ! s’exclaffa Aloysius.
- Oh, bon sang ! Fous-moi donc la paix et retour dans les limbes !
- Certainement pas ! J’en connais un autre qui va y passer un long séjour quand je vais récupérer mon corps et ma vie, sale voleur égoïste ! »
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