Lions de Metal
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.


Suivi de la campagne Earthdawn des Lions de Pierre, 6ème saison.
 
AccueilFAQRechercherS'enregistrerConnexion
-21%
Le deal à ne pas rater :
LEGO® Icons 10329 Les Plantes Miniatures, Collection Botanique
39.59 € 49.99 €
Voir le deal
anipassion.com

 

 Chapitre 68 - Esclaves thérans

Aller en bas 
AuteurMessage
Valérian
Éclaireur humain et questeur d'Astendar
Valérian


Messages : 842

Chapitre 68 - Esclaves thérans Empty
MessageSujet: Chapitre 68 - Esclaves thérans   Chapitre 68 - Esclaves thérans Icon_minitimeDim 15 Nov - 9:39

Extrait du journal de Maloniel,
agent des Forces d’Exploration de Throal.
 
 
 
 
La pioche ripa contre la paroi et des éclats furent projetés un peu partout. L’un d’entre eux m’entailla l’avant-bras, m’arrachant un gémissement de douleur. Nom d’un rubis ! Mais qu’est-ce que je fichais ici ? Pourquoi avais-je plongé dans cette aventure qui tenait plus du suicide ?
 
*  *
 
Tout ça avait commencé deux semaines plus tôt. L’escouade des forces d’exploration de Throal à laquelle j’appartenais opérait dans la partie ouest du bois de Marrek. Les habitants des villages avaient signalé une bande de pillards orks qui multipliant les razzias dans les environs.
Un beau jour, j’eus la surprise de voir Ghorghor, l’armurier nain du groupe de Valérian, arriver dans mon campement, accompagné d’une elfe. Tous deux étaient escortés par un militaire d’une autre escouade et ils étaient à ma recherche. Ils semblaient blessés et soulagés de la voir.  
Je fis venir notre soigneur et leur offrit à manger pendant qu’ils me racontaient leur histoire.
 
Ils avaient accompli une mission au Bois de Sang et ils avaient été capturés par des esclavagistes alors qu’ils étaient à la poursuite d’un agent théran. Il y avait eu une tentative d’évasion mais les choses avaient mal tourné. Ghorghor avait réussi à fuir l’affrontement sur le pont du Haut-landais violent. La plupart des combattants étaient à terre mais l’arrivée imminente d’un navire de troupes théranes ne laissait aucun doute sur la défaite. Il avait récupéré le corps de Pelenas, sans même savoir si elle était encore en vie, et s’était envolé à l’aide de ses ailes d’acier. Valérian était resté là-bas, gravement blessé.
 
Seuls et blessés, Ghorghoer et Pelenas – son amie elfe -  avaient cherché tout d’abord à s’éloigner de la zone de combat puis ils se mirent en quête d’un village où trouver refuge. Ils eut la chance de tomber sur le campement d’une escouade des forces d’exploration de Throal. Se souvenant qu’il connaissait quelqu’un qui travaillait au sein des forces d’exploration, l’armurier nain demanda s’ils me connaissaient. La providence était décidément de leur côté puisqu’ils apprirent que mon escouade se trouvait à deux jours de là. Certains membres de l’escouade connaissaient les Lions de Pierre et les deux aventuriers n’eurent pas de mal à obtenir un guide pour aller trouver mon groupe.  
 
Ils m’expliquèrent ensuite la situation et demandèrent mon aide pour sauver Valérian. Sauver Valérian ?! Quelques mois plus tôt, j’aurais bondis à sa rescousse avec empressement. Mais, depuis, ce baratineur s’était décidé à m’avouer qu’il en aimait une autre et que notre histoire s’arrêtait là. Il avait pris sa mine désolé, m’assura qu’il tenait à mon amitié et blablabla. Salaud ! Et maintenant, je devrais foncer à son secours ? Je pris sur moi et répondis posément à la demande des deux aventuriers. Je fus très fière du ton neutre que j’adoptai.
 « D’accord Ghorghor, je comprends que tu veuilles sauver ton ami. Mais je ne vois guère de raisons pour moi d’aller risquer ma vie pour ce… pour lui !
- Je connais vos… hem… vos problèmes, mais je pense qu’il faut faire notre possible pour le sauver. Les thérans le recherchaient et j’ai l’impression qu’ils ont mis une prime sur sa tête. En tout cas, T’silver prévoyait de toucher un beau paquet en le livrant.
- Mais pourquoi Valérian aurait-il de la valeur pour les thérans ? s’étonna la voleuse.
- Il y avait un agent théran à bord du navire et celui-ci m’a torturé. Il m’a posé des questions sur des choses qui se sont déroulées avant mon arrivée dans la compagnie. Il insistait sur un village appelé Hanto…
- Hanto ?! s’exclama la jeune humaine.
- Tu connais ? »
Je ne répondis pas mais je me remémorai les événements qui s’étaient déroulés dans ce village, là où j’avais fait la connaissance de Valérian. Un peu plus de deux années plus tard, il avait aussi question d’Hanto lors du vol d’un livre à la grande bibliothèque de Throal et de sa remise à une agent thérane.  
« Hanto… bien sûr… Je sais ce qu’ils cherchent. Vous avez raison, on ne peut pas leur laisser Valérian. Il y a des choses nettement plus importantes en jeu. Et il faut faire vite ! Je ne l’imagine pas tenir bien longtemps s’ils le torturent. Déjà qu’il est chatouilleux, alors si… 
J’interrompis mes commentaires et ne pus empêcher mon visage de s’empourprer de confusion.
- Hrem… il faut retrouver le navire du pirate t’skrang et savoir où il va, repris-je vivement.
- Il va chez les thérans, intervint Pelenas.
- C’est aussi ce que je pense. Et les thérans sont désormais plus proches qu’avant. En route pour Ayodhya ! »
 
Les jours suivants, notre petit groupe récupéra un navire volant et partit pour Throal. Une fois sur place, je fis mon rapport et cherchai de l’aide. Pendant ce temps, Pelenas et Ghorghor se rendirent à la grande bibliothèque pour récupérer quelques informations.
Quelques jours plus tard, nous étions arrivés dans la région du lac de Ban, à bord d’un navire qui avait descendu la Rivière Enroulée. Un navire aérien aurait été plus rapide, mais il aurait surtout été plus facilement repéré par les thérans qui sillonnaient le coin. Trouver la trace du  Haut-landais violent ne fut pas difficile. Sans surprise, la piste menait droit vers le béhémoth posé sur l’énorme Roche de Vie.
 
Le contact local que ma hiérarchie m’a donné était un certain Omasu, un marchand obsidien qui nous apporta le soutien logistique nécessaire. Omasu était un allié de l’Oeil de Throal, l’organisation chargé de toutes les opérations d’espionnage et de contre-espionnage. Il était le patron d’une caravane terrestre et une personne influente de la Roche d’Ayodhya.
 
Il restait désormais à déterminer comment s’introduire dans l’immense vaisseau théran. La tâche paraissait impossible. Seule, j’aurais eu une petite chance, du fait de ma discrétion. Mais une fois à l’intérieur, qu’aurais-je pu faire ?
Finalement, nous décidâmes de nous laisser capturer. Les thérans avaient besoin d’esclaves et razziaient les villages environnants. Il ne serait donc pas très compliqué de se trouver dans l’un d’eux et de compter au nombre des esclaves en route pour le béhémoth. Néanmoins, c’était une méthode assez désespérée et elle était dictée par la nécessaire célérité pour secourir Valérian.
L’obsidien nous aida à monter l’expédition mais il souhaitait des renseignements en échange. Les infiltrés devraient prendre contact avec la Roche de Vie. Il apprit à Pelenas un chant qui lui permettrait d’éveiller les obsidiens qui se ressourçaient en son sein. Il faudrait ensuite les interroger pour connaître l’état de la Roche.
Ghorghor dut abandonner sa paire d’ailes de métal. Il obtint en échange une protection naturelle améliorée. Pelenas conserva son chapeau de paille (qui était une version déguisée de son grimoire) et je parvins à dissimuler un petit poignard affûté dans un ourlet de ma modeste tunique rapiécée de villageoise.

L’opération se déroula comme prévu. Nous fûmes capturés, puis transportés par un navire K’tenchin jusqu’au monstrueux vaisseau théran posé sur le Roche d’Ayodhya. Ce dernier s’appelait Le Triomphe. Les conditions étaient difficiles et les gardiens brutaux, voire vicieux.
Au sein des esclaves, il y avait même des enfants. Nous essayâmes de les protéger de notre mieux des rigueurs du voyage et de maintenir leur moral. La plus jeune,  une jeune fillette prénommée Jen, avait sans doute à peine dix ans. J’évitai également de parler avec Ghorghor et Pelenas afin de ne pas être identifié comme un groupe et risquer d’être séparés.
Après le voyage en navire, puis la marche harassante, ce fut l’arrivée au pied de la Roche de Vie, surmontée de l’horrible et monumental béhémoth théran.
La porte réservée aux esclaves était massive, haute et sombre comme la gueule d’un monstre qui s’apprêtait à nous engloutir tous autant que nous étions. Je marquai un instant d’hésitation tant l’image semblait fort à propos et je sentis mon moral fléchir. Avant qu’un garde ne remarque quoi que ce soit et n’intervienne, Pelenas fut à mon côté et me murmura quelques mots d’encouragements qui firent reculer mes craintes, sans toutefois parvenir à les dissiper complètement.
Au passage des portes, je remarquai des échanges entre les gardes de la porte et les escorteurs esclavagistes. Quelques trafics entre des pourris et d’autres pourris. Rien de bien nouveau sous le soleil.
 
Nous restâmes dans les niveaux inférieurs du vaisseau, et on nous affecta aux mines. Ils devaient vraiment manquer de main d’œuvre car, si Ghorghor avait la carrure d’un bon mineur, c’était loin d’être le cas pour Pelenas et moi. Nous apprîmes rapidement que les thérans creusaient la Roche de vie et pillaient copieusement tout ce qu’ils pouvaient de pierre élémentaire.
Le Maître des esclaves, un certain Mabon Ardos, nous accueilli. C’était un sinistre personnage qui se drapait dans sa malveillance comme d’autres dans un manteau. Le type était cruel et imprévisible. Il exécuta rapidement un t’skrang. Gratuitement. Pour l’exemple.

Après deux jours épuisants à travailler et à observer notre milieu, il fut évident qu’il ne fallait plus trop traîner. Valérian – s’il était encore en vie – devait être secouru, et les conditions difficiles commençaient à miner nos propres forces.
Pelenas avait appris que la Roche de vie se trouvait au centre de la colline et elle pensait désormais connaître le chemin pour s’y rendre. Ghorghor, quant à lui, enfin, s’entretenait autant que possible avec les autres prisonniers afin de détecter des alliés potentiels. Il découvrit ainsi Koltek, un troll capable de diriger un navire.  De mon côté, enfin, j’avais pu discuter avec quelques esclaves qui servaient dans les étages supérieurs et j’avais obtenu quelques indications sur l’emplacement des prisons et des gardes aux alentours.
Au milieu de cet endroit lugubre, violent et sans espoir, j’en vins à me demander une nouvelle fois ce que je faisais là. Je savais que je me mentais à moi-même en prétendant agir pour protéger Hanto. Cela faisait plusieurs jours que Valérian était aux mains des thérans. Ces derniers avaient eu largement assez de temps pour lui faire avouer tout ce qu’il savait. Peut-être s’étaient-ils même déjà débarrassés de lui. À cette idée, j’eus un sursaut de colère. Puis j’en eus un autre à mon encontre : ma vieille, tu en pinçais encore pour lui !
Je m’interrogeai sur Pelenas et Ghorghor. Pelenas était aussi là pour la roche de Vie, mais elle était volontaire pour secourir l’éclaireur bien avant cette mission secondaire. Qu’est-ce qui faisait que ces personnes étaient prêtes à risquer leur vie – d’une manière aussi stupide en plus ! – pour tenter de sauver Valérian ? Comment ce salaud faisait-il pour inspirer une telle fidélité alors qu’il n’était que mensonges et inconstance ?
 
Le soir, je crochetai discrètement la serrure de notre cage. Malheureusement, certains prisonniers le remarquèrent et commencèrent à faire du bruit pour attirer l’attention de la voleuse afin de partir avec elle, mais ils firent surtout venir un garde. Je refermai la porte en catastrophe, mais le garde suspecta quelque chose de bizarre et me fit sortir. Ghorghor se fit également remarquer et écopa de la même peine : travail de nuit.

À peine nous étions-nous éloignés, escortés par deux gardes que Pelenas fit du bruit à son tour. La peine fut la même que les deux prisonniers précédents et deux gardes l’accompagnèrent bientôt à notre suite. Aussitôt qu’elle le put, l’elfe se débarrassa des deux thérans avec une boule de feu et nous rejoignit.
De notre côté, Ghorghor et moi profitâmes de la déflagration de la boule de feu pour nous occuper de nos gardes : je  récupérai mon couteau dissimulé puis m’emparai subrepticement du glaive du garde le plus proche et le lançai à l’armurier. Les deux gardes furent rapidement neutralisés.
Pelenas nous rejoignis et les corps des gardes furent bientôt cachés dans le cabanon des pioches. Ce fut juste à temps car une patrouille survint alors que Ghorghor dissimulait le dernier corps. J’utilisai alors mon talent de Déguisement magique et trompai les gardes. Nous nous rendîmes ensuite là où nous pensions trouver la Roche de Vie.
Ghorghor avait cartographié la zone à partir des témoignages des mineurs, mais Pelenas, sentant la puissance élémentaire de la Roche, s’orienta assez facilement et trouva des raccourcis. Mon déguisement magique prouva son utilité avec les quelques patrouilles que nous rencontrâmes et nous ne fûmes pas inquiétés.
Guidés par l’élémentaliste, nous pénétrâmes dans une vaste caverne baignée d’une lueur diffuse. Sous nos pieds, nous sentions le sol bouger de manière régulière, comme un pouls. Au centre de la pièce, une énorme pierre à l’aspect brut attirait le regard. Une lumière verdâtre en émanait. Par endroit, elle semblait translucide et on devinait des corps massifs qui semblaient flotter dans la pierre.
Pendant que Pelenas et Ghorghor entamaient le chant destiné à les réveiller, je surveillai les alentours, toujours dissimulée en garde théran. Bientôt, la tête d’un obsidien émergea lentement de la pierre, puis il engagea la discussion avec l’elfe et le nain.
« Vous n’êtes pas des thérans… prononça lentement l’obsidien d’une voix rocailleuse.
- Non, nous sommes là pour savoir comment se porte la Pierre, répondit l’elfe de sa voix claire.
- Elle s’affaiblit… chaque jour un peu plus… les thérans volent la pierre élémentaire… ils volent la force de la Pierre.
- Est-ce que vous savez ce qu’ils en font ? questionna Ghorghor.
- Ils renforcent… leur citadelle… chaque jour plus forte. Elle sera bientôt inattaquable… les murs indestructibles. Vous devez nous aider ou la Pierre mourra et les thérans s’établiront définitivement ici.
- Comment peut-on vous aider ? demanda l’elfe.
- Vous devez nous débarrasser… de leurs magiciens qui drainent la Pierre. Leur chef est un sylphelin…  je peux vous indiquer comment le trouver.
- Nous sommes peu nombreux et très mal équipés, tempéra Pelenas. Je ne suis pas certaine que nous pourrons faire beaucoup pour vous aider.
- Alors, aller chercher des renforts. Je peux indiquer…  passages secrets dans la colline pour fuir et revenir… certains murs sont des illusions… suivre le chemin des galets.
- Vous et vos amis dans la pierre ne pouvez pas nous aider ? demanda l’armurier.
- Non… nous sommes prisonniers… tant que dure les rituels de drain des thérans ».
L’obsidien donna quelques indications précises sur les passages secrets puis retourna à l’intérieur de la pierre.
 
Je n’avais rien perdu de la discussion et je les rejoignis.
« Bon, je crois qu’on ne peut pas trop compter sur eux pour un coup de main.
- En effet, répondit laconiquement Ghorghor.
- À propos de renfort, comment se fait-il que la copine magicienne elfe de Valérian ne soit pas là pour nous aider à le secourir ? demandai-je sur un ton faussement neutre.
- Laquelle ? répondit le nain avec une certaine hésitation.
- Comment ça laquelle ? Il en a plusieurs ?!
- Heu… c’est possible… je ne suis pas au courant de tout, lança le nain de manière laconique.
- Je parle de celle pour qui vous êtes allés dans les souterrains à Parlainth.
- Ah celle-là ! Je crois qu’ils ne sont plus ensemble.
- Mouais… et les autres ? questionnai-je avec un énervement croissant.
- Oh… il y en a quelques-unes qui lui tournent autour mais je ne sais pas trop si c’est du sérieux, hasarda l’armurier, mal à l’aise.
- Ce salaud ne mérite vraiment pas le mal que l’on se donne pour lui. Il faudra un jour que …
- Que se passe-t-il ici ?! »
L’arrivée de deux gardes thérans accompagnés d’une magicienne elfe mit fin à la conversation. Ghorghor en fut presque soulagé.
« Parfait ! J’avais justement envie de taper sur une elfe, grommelai-je à mi-voix. 
 
*  *
 
J’avais parfaitement conscience que mon aversion pour les femmes elfes était récente et entièrement due au comportement de Valérian. Même quand j’étais à ses côtés, j’avais plus d’une fois remarqué son intérêt pour la culture elfique. Et surtout pour les femmes elfes. Mais comme nous étions ensemble à l’époque, je n’y avais pas prêté plus d’attention que cela.
Quand il m’avoua qu’il me quittait pour une elfe, cela me dévasta. Cela me faisait mal de l’avouer, mais j’avais passé des moments très agréables avec lui. Il savait se montrer attentionné et drôle. Il savait aussi apprécier les petits moments tendres et prenait plaisir aux jeux de la séduction. J’avais tenté quelques aventures depuis, mais mes amants semblaient des rustres, surtout pressés de me faire écarter les jambes pour prendre leur propre plaisir. J’avais même essayé un elfe pour savoir si cela était vraiment différent, mais pas vraiment.
Dans un premier temps, j’avais détesté l’elfe Jessaëlle avec laquelle j’avais dû faire équipe, juste après ma rupture avec Valérian. Et les choses ne s’étaient pas arrangées quand elle m’avait posé des questions sur lui. Je l’avais traitée comme une nouvelle concurrente et j’avais brossé de l’éclaireur un portrait fort peu flatteur, prétendant même qu’il n’assurait pas au lit et que c’était moi qui l’avais quitté. Elle n’insista pas. Par la suite, le fait de devoir travailler ensemble et de se voir écartées de toutes les missions intéressantes pour rester à veiller sur une diplomate naine, tout cela nous rapprocha un peu. La maîtresse d’armes avait un caractère bien trempé et rongeai péniblement son frein de ne pouvoir agir. Elle brûlait de montrer ses talents et je la comprenais fort bien. Dire que nous devînmes amies serait exagéré, mais nous nous entendions nettement mieux au départ de Parlainth qu’à l’arrivée.
Sur le voyage du retour, je fus assez perplexe de ne pas voir l’elfe qui avait nécessité l’expédition de Parlainth aux côtés de Valérian. Quand Ghorghor m’expliqua qu’elle avait voulu rester là-bas, je pensai qu’il se fichait de moi. Tout un groupe avait risqué sa peau pour lui procurer un corps et elle restait avec les monstres et les automates ?! Et le plus étrange était que Valérian ne semblait guère affecté par cette défection. La merveilleuse elfe qui accaparait ses pensées semblait déjà loin et il préparait sa prochaine expédition.
Il débarqua quelques jours plus tard au milieu de nulle part, accompagné seulement de Dame Belisiel et de l’armurier Ghorghor. Personne d’autre ne fut convié. J’avais croisé une dernière fois son regard avant qu’il ne quitte le bord. J’y avais lu un étrange mélange de détermination et de résignation. Sentant mon regard, il m’avait adressé un clin d’œil amical et j’avais détourné les yeux.
Depuis, s’il fallait en croire l’armurier nain, d’autres elfes lui avaient tourné autour. Il faut dire qu’en se rendant au Bois de Sang, il avait dû avoir son content d’elfes. Mais il en était revenu, accompagné de son ami Ghorghor et de Pelenas. Bien qu’elfe, cette dernière ne devait assurément pas compter au tableau de chasse de l’éclaireur. Posée, directe et sans doute âgée de plusieurs siècles, je l’avais rapidement trouvée sympathique et plutôt amusante par sa simplicité et son honnêteté.
 
*  *
 
- Que font ces esclaves ici ? continua l’elfe thérane.
 - Ah ! Vous tombez bien ! Aidez-moi à récupérer ces deux esclaves. Ils se sont échappés et je les ai retrouvés ici, déclara Maloniel sous son apparence de garde. 
- Tiens donc ! Il me semblait pourtant que vous discutiez ensemble », répondit l’elfe, visiblement pas convaincue.
Constatant la méfiance des thérans, je n’insistai pas dans son rôle et tentai de neutraliser rapidement leur chef. Je brandis mon couteau et le projeta avec vivacité vers la magicienne elfe. Celle-ci reçu le projectile dans l’épaule et recula d’un pas en criant de douleur. Mais elle se reprit rapidement en lançant ses gardes à l’attaque puis en incantant une rapide formule.
 
Quelques secondes plus tard, deux élémentaires d’air agressèrent Pelenas et moi-même. Leur tactique était simple : nous recouvrir afin de nous priver d’oxygène.  Pendant ce temps, Ghorghor faisait face aux deux gardes. La magicienne thérane sortit et activa un fouet de feu avant de se rapprocher du combat.
 
Grâce à sa magie, Pelenas réussit à renvoyer son adversaire sur son plan élémentaire. Pendant ce temps-là, j’esquivais comme je le pouvais les assauts de la créature d’air.
« Pelenas ! Ça sert à quelque chose les coups d’épée là-dedans ?
- C’est moins efficace que sur un donneur-de-noms, mais il n’est pas immunisé », répondit l’élémentaliste elfe.
Fort de cette information, j’attaquai l’élémentaire avec plus de conviction et je parvins à le blesser, mais sans gravité. Celui-ci répliqua d’une méchante frappe qui me repoussa. Alors que je m’apprêtais à revenir à l’assaut, je reçus un coup de fouet enflammé de la part de la magicienne thérane qui s’était approchée dans mon dos. Bon sang ! Cela commençait à devenir compliqué pour moi. Je décidai de foncer sur l’elfe pour rompre cette attaque en tenaille. D’une part, j’estimai qu’elle était la cible à neutraliser en priorité ; d’autre part, j’avais vraiment envie de taper sur une elfe et de lui faire bouffer ses oreilles et son sourire arrogant. D’un coup d’épée rageur, je la blessai une seconde fois et je la contraignis à reculer à son tour. Malheureusement, l’élémentaire d’air avait suivi le mouvement plus rapidement que prévu et il m’engloutit. Gravement blessée, surprise et privée d’air en plein combat, je sombrai dans l’inconscience.
 
Quelques mètres plus loin, Ghorghor tenait tête aux deux gardes, en position défensive. Il leur laissait peu d’occasion d’attaquer et répliquait aussi souvent que possible. Sa tactique s’avéra payante puisqu’il parvint à en blesser un gravement, l’obligeant à rompre le combat. Trois pas derrière lui, Pelenas projeta un sortilège de flèche liquide sur la magicienne elfe qui, à son tour, ressentait l’accumulation de blessures. L’armurier nain profita de l’ouverture et fonça jusqu’à elle pour l’achever d’un coup de glaive en plein thorax. Constatant le trépas de leur chef, et face à l’efficacité de leurs adversaires, les deux militaires thérans, dont un gravement blessé, décidèrent de se rendre.

Pendant que Ghorghor surveillait les prisonniers, Pelenas fouilla frénétiquement les affaires de la magicienne thérane et finit par trouver une potion de récupération. Elle vint me la faire boire alors que je commençais à reprendre ses esprits. J’étais faible et je restais éprouvée par mes blessures, mais j’étais debout et désireuse de poursuivre l’aventure.
Ensuite, Pelenas décida de se vêtir de la tenue de la magicienne elfe et Ghorghor récupéra ce qu’il put sur les deux gardes – un humain et un ork, pour bricoler une tenue à peu près acceptable si on n’y regardait pas de trop près.
Une fois les deux gardes soigneusement attachés à l’aide des lambeaux de leurs tenues et d’un sortilège de Pelenas, nous discutâmes de la suite à donner aux événements.
« Bon, on fait quoi maintenant ? demanda Ghorghor.
- Nous avons la réponse pour la Pierre et des indications pour les passages secrets, répondit Pelenas. Je crois qu’il est temps de faire évader les prisonniers.
- Je suis d’accord, approuvai-je. On les fait sortir et on leur donne les informations pour s’évader et nous en profitons pour aller chercher Valérian et ensuite foutre le camp de ce fichu endroit !
- Et Koltek ? interrogea l’armurier.
- Quoi Koltek ?
- S’il veut venir avec nous ? Si nous fuyons par le haut, en volant un navire, il sera utile, non ? continua le nain.
- Je ne suis pas sûr qu’une seule personne suffise pour manier un navire volant théran, objectai-je. Et nous ferons quoi ensuite ? Nous serons trop exposés en plein ciel dans un navire entouré par d’autres navires avec leurs équipages.
- Je suis d’accord avec Maloniel, intervint Pelenas. Cela me semble trop risqué par là. Il faudra fuir aussi par les souterrains.
- Il y a quelques obsidiens parmi les mineurs. Ils seront parfaits pour guider les prisonniers vers les passages secrets. Koltek pourra venir avec nous s’il le souhaite, ajouta l’humaine.
- D’accord, on verra sur place, accepta le nain. Allons-y ! Il y a encore quelques thérans à éventrer et un ami à sauver ! 
- Attendez un instant ! intervint Pelenas. Je pense que c’est le bon moment pour une invocation.
- Une quoi ? demandai-je, interloquée.
- Une invocation. Je vais faire appel à une créature élémentaire et lui demander son aide, répondit l’elfe.
- Pour attaquer les gardes ?
- Je pensais plutôt lui demander de localiser Valérian pendant que nous nous occupons des gardes.
- D’accord, ça me semble une bonne idée… attends ! s’interrompit la jeune voleuse sous le coup d’une pensée soudaine. Comment va-t-il reconnaître Valérian, ton élémentaire ?
- C’est justement pour cela que nous sommes allés à la grande bibliothèque lorsque nous étions à Throal. C’était en prévision de cette opération. Il me fallait un objet ayant appartenu à Valérian et nous avons récupéré une page originale de ses chroniques.
Tout en prononçant ces paroles, l’élémentaliste sortit une grosse fibre de son chapeau de paille. Elle la déroula soigneusement ensuite, laissant apparaître une page du manuscrit de leur ami éclaireur.
- Impressionnant… m’extasiai-je. Bien joué ! Je suis d’accord pour un peu d’aide. Ça va prendre longtemps ton truc ?
- Difficile à dire, cela dépendra du degré de coopération de l’élémentaire. Une demi-heure, je dirais, répondit Pelenas.
- Parfait, je vais en profiter pour me reposer un peu et refaire mes bandages avant le prochain combat, répondis-je en réprimant une grimace de douleur.
- Et moi, je vais refaire un peu le tranchant de mes armes », intervint Ghorghor avec un large sourire d’anticipation. 
Peu après, au terme du rituel d’invocation, un élémentaire de terre apparut. Compte tenu de l’environnement, le choix s’était imposé de lui-même. Il ressemblait à une grosse pierre, vaguement humanoïde, avec deux fentes lumineuses pour les yeux.
Au prix d’une négociation bien menée par Pelenas, elle obtient l’aide de la créature mais pour deux requêtes seulement. Elle remit la page de livre à l’élémentaire qui l’examina attentivement et l’effleura, lui demanda de retrouver le donneur-de-nom qui était lié à cet objet et de revenir le lui dire. La créature disparut dans l’espace astral quelques secondes plus tard.
 
La zone où étaient enfermés les mineurs était calme. Il y a avait un seul garde mais celui-ci semblait nerveux et vigilant. Toujours sous le couvert de mon apparence de garde, j’avançai vers lui. Toutefois, le garde était méfiant et le subterfuge ne le trompa pas.
Constatant l’attitude du garde, je décidai de le charger avant qu’il ne donne l’alerte. Malheureusement, mon attaque arriva un peu trop tard et il avait eu le temps de crier avant que mon glaive ne trouve son foie et le mette à terre. Suivant le mouvement, Ghorghor arriva juste derrière pour terminer le travail. Je me détournai du combat, lançai son trousseau de clés à Pelenas, puis je fonçai vers les cellules du fond afin de gagner du temps.
Quelques minutes plus tard, tous les prisonniers étaient libres et nous leur expliquâmes la voie vers la sortie, à travers les cavernes, en suivant le chemin des galets. Koltek s’étonna que nous ne venions pas avec eux et il fallut lui avouer  que nous avions quelqu’un d’autre à sauver.
 
Ce fut au moment où le groupe approchait de la sortie de la zone que les choses dérapèrent. Mabon Ardos survint avec deux soldats d’élite. Le maître des esclaves semblait se réjouir de la tentative d’évasion et du combat à venir. Pour lui, cela signifiait qu’il allait infliger de la douleur et rien ne lui faisait plus plaisir.
L’un des soldats avança et lança un filet sur Ghorghor et moi. J’esquivai avec vivacité, mais le nain fut empêtré dans la nasse de métal. Toutefois, il se mit en position et opposa une défense farouche aux assauts du soldat théran. Je fis de mon mieux pour l’aide et se sortir du filet, tout en évitant de m’exposant aux attaques du garde.
À l’arrière, quelques mineurs armés menés par le troll Koltek venaient lentement en soutien. Visiblement, l’idée d’affronter des soldats thérans et le terrible maître des esclaves ne les enchantaient pas plus que cela. Pelenas tissait des sortilèges contre le second garde, en retrait, et parvint à l’immobiliser grâce à un sort d’Aimant.
Ghorghor se libéra du filet et avança sur le garde, soutenu par Koltek et moi-même. Mabon Ardos ordonna alors à l’armurier nain d’attaquer Koltek. La voix du maître des esclaves, portée par la magie, était péremptoire. Mais la volonté de Ghorghor était forte et il résista à l’injonction. Le soldat théran en première ligne se trouva harcelé et je lui plaçai une méchante blessure.
 
Ghorghor profita d’une ouverture pour foncer sur Mabon Ardos et le blesser. Ce dernier se recula d’un pas puis fixa le nain d’un regard étrange tout en murmurant des mots incompréhensibles. Ghorghor croisa son regard et en fut complètement déconcerté. Ses perceptions et ses pensées brouillées, il errait sans but.
Jen, la fillette esclave que nous avions protégé depuis notre arrivée, survint au milieu de toute cette confusion. Elle sembla jaillir à côté de Ghorghor et tenta de lui faire reprendre ses esprits. Excédé, le maître des esclaves se tourna cette fois vers Pelenas et un ordre impérieux claqua :
« Pulvérise-moi cette gamine ! »
Prise au dépourvu, l’élémentaliste elfe obéit instantanément. Elle tissa et projeta son sortilège emblématique : une boule de feu explosa au contact de la jeune Jen et blessa tous ceux qui se trouvait à moins de dix mètres du point d’impact.
Ghorghor et Koltek furent les premiers à se ressaisir. Ils foncèrent sur le maître des esclaves et frappèrent jusqu’à ce que mort s’ensuive. Cette fois, ses petits tours d’adepte ne le sauvèrent pas du déferlement de violence qui s’abattit sur lui.
 
Les anciens esclaves étaient victorieux mais pas sans mal. Jen était gravement touchée, et je peinais à rester debout. Tous ceux qui avaient participés au combat étaient plus ou moins blessés.
Alors que les mineurs quittaient la zone, menés par ceux qui avaient une arme, nous nous accordâmes une pause pour reprendre notre souffle et effectuer quelques soins sommaires.
Ce fut à ce moment que l’élémentaire survint aux côtés de Pelanas avec ses informations.
« Maîtresse, j’ai trouvé l’humain que vous recherchez. Il se trouve tout en haut de la forteresse, sur une plateforme extérieure et à proximité de navires volants.
- Et que faisait-il, questionna l’elfe.
- Il conversait avec une humaine.
- Il… converse… avec une humaine ?! m’insurgeai-je. Non mais, sérieusement, nous sommes là à combattre pour essayer de le sauver de la torture ou je ne sais quoi. Et pendant ce temps, Môôônsieur Valérian converse avec une fille !   
- Attends un instant, Maloniel, intervint Ghorghor. Comment était-il ? Avait-il l’air heureux, bien traité ?
- Ses habits portaient des traces de fluides rouges. Il était blessé. Il ne parlait pas beaucoup. C’est plutôt la femme qui parlait, répondit lentement l’élémentaire. 
- Les choses ne sont peut-être pas aussi simples qu’il n’y paraît, déclara le nain en se tournant vers la voleuse.
La colère qui m’animait fut soufflée par le doute et l’inquiétude.
- Bon, il est plus que temps d’aller le récupérer », déclarai-je avec détermination.
 
*  *
 
Finalement, notre manœuvre suicidaire s’avéra n’être qu’une formalité. Grâce à la confusion générée par l’évasion des esclaves mineurs et à nos déguisements – magiques ou non – de gardes thérans, nous parvînmes sans encombre au dernier niveau de la forteresse. Et c’était tant mieux car nous ne serions pas allés loin s’il avait fallu se frayer un chemin à coups d’épée. Nous étions tous blessés et l’ascension de tous ces étages n’avait pas amélioré notre état.
Cette partie du sommet du béhémoth était une vaste terrasse à laquelle était arrimé un navire visiblement prêt au départ. La passerelle menant au navire était situé à une quinzaine de mètres, sur notre droite. Les quelques gardes présents ne nous accordèrent qu’une attention curieuse.
Après des jours dans les profondeurs des mines, le grand air fut un vrai délice. J’aurais pu être époustouflée par la vue des environs si un détail n’avait immédiatement attiré mon attention : un humain avec un bras en cristal portait le luth de Valérian. Il se dirigeait vers le navire volant d’un pas rapide. J’échangeai un regard entendu avec Ghorghor. Lui aussi avait vu l’objet fétiche de l’éclaireur.
Il restait deux gardes face à nous. Nous avançâmes avec l’air assuré qui avait si bien fonctionné jusqu’à présent. Mais Pelenas s’empêtra et tituba dans son déguisement, laissant apparaître dessous des vêtements nettement moins réglementaires. Je vis les gardes froncer les sourcils et tourner à nouveau leur attention vers nous.
« Bon sang, Marlène ! Fais donc attention ! Et je t’avais dit de freiner sur la boisson en service ! » tentai-je pour désamorcer la situation.
Les gardes eurent un sourire suffisant.
« Rajustes ta tenue avant de continuer, lança l’un d’entre eux. Si un officier te voit dans cet état, tu vas prend cher. »
Je crus alors percevoir la voix de Valérian en direction du navire, ainsi que sa silhouette. Je murmurai à destination de mes amis :
« … il va falloir forcer le passage. Prêts ? »
Mais la chance était avec nous puisqu’une nouvelle alarme retentit. Elle était plus proche et soutenue que les précédentes. Les deux gardes qui nous faisaient face poussèrent un juron et nous dépassèrent pour disparaître rapidement par les escaliers que nous avions empruntés.
Nous emboîtâmes le pas à l’humain qui portait le luth et qui montait déjà à bord. Cette fois, nous avions une vue directe sur le pont. Le type au bras de cristal remit le luth à Valérian qui le prit machinalement ; il semblait pensif. Une rousse était à ses côtés, une main posée sur son bras. Réagissant à un ordre lancé, les matelots du navire s’activaient pour larguer les amarres.
Ghorghor avança, l’arme à la main, vers le matelot qui défaisait les amarres. Ce dernier lui jeta un œil et il dut lire quelque chose dans le regard du nain car il se replia précipitamment à bord.
Moi, je n’avais d’yeux que pour Valérian qui semblait hébété. Je chargeai sur la passerelle et fis un saut qui m’amena entre l’éclaireur et la rouquine et qui l’obligea à se reculer.
« Lâches-le ! » lui intimai-je  avec détermination.
Je perçus que Ghorghor et Pelenas avaient suivi le mouvement et étaient également montés à bord du navire.
L’un des marins se redressa un s’insurgea :
« Vous n’avez rien à fait là ! Dégagez du pont avant qu’on ne termine de larguer les amarres ! »
La rousse s’était reprise et se tourna vers moi, furieuse :
« Qu’est-ce qui vous prend ? Lâchez-le ! »
Maintenant que je lui faisais face, j’eus un instant d’hésitation car j’étais certaine d’avoir déjà rencontrée. Mais je ne parvenais plus à me souvenir dans quelles circonstances. Je me tournai vers Valérian et rencontrai un regard vacant. Ses yeux semblaient voir mais il n’avait aucune réaction.
« Nom d’un rubis ! Mais qu’est-ce que vous lui avez fait, tarés de thérans ! » déclarai-je en me retournant vers la rousse. Bien m’en prit car j’eus tout juste le temps d’éviter le coup d’épée qu’elle me destinait.
Ghorghor passa derrière moi pour aller intercepter une t’skrang qui arrivait pour me surprendre. De son côté, Pelenas tentait d’apaiser les tensions.
« Restez calmes, nous venons en amis ! »
Mais sa déclamation n’eut pas l’effet escompté puisque les matelots commencèrent à avancer vers elle et l’archer encocha une flèche et la visa et lui recommandant de ne plus bouger.
Je décidai d’interrompre mon talent de déguisement  magique afin de reprendre mon apparence. Malheu-reusement, cela ne provoqua aucune réaction chez l’éclaireur.
Alors que la rouquine s’apprêtait à m’attaquer à nouveau, elle fut brusquement tirée en arrière et projeté contre un des matelots. Tous deux semblaient neutralisés par Pelenas qui avait tissé un sortilège d’aimant. La conséquence ne se fit pas attendre : l’archer au bras de cristal décocha sa flèche et celle-ci blessa l’élémentaliste.
Derrière moi, Ghorghor  attaqua la t’skrang et la blessa, la contraignant à reculer et à adopter une posture plus défensive.
Je profitai de ne plus être menacée pour me tourner vers l’objet de notre mission et je le secouai pour l’inciter à reprendre ses esprits.
« Valérian ! S’il te plaît, reviens. Les choses commencent à tourner mal »
« Mais pourquoi tu l’appelles Valérian ? répondit la rousse à sa place. Ce n’est pas son nom ! »
Ça y est ! Je me souvenais où je l’avais déjà vu ! C’était lors d’une mission entre Syrtis et Tansiarda, il y a deux ou trois ans. Elle s’appelait Valériane et elle était éclaireuse. J’avais trouvé cela amusant sur le moment et je l’avais raconté à Valérian quelques semaines plus tard, mais sa réaction avait été étrange. Et le fait de les retrouver désormais ensemble me confortait dans l’idée qu’il n’y avait pas de coïncidence dans cette affaire. Ce salopard la connaissait.
Autant par jalousie que par espoir de ramener de la conscience dans son regard, je giflai Valérian.
« Hé ! Mais ça ne va pas non, réagit Valériane. Arrêtes de t’en prendre à lui, espèce de souillon !
- Ta gueule, sorcière thérane ! répliquai-je. C’est de votre faute s’il est dans cet état. »
Je m’apprêtais à lui asséner une nouvelle gifle quand le temps sembla se figer et la situation m’apparut sous un autre jour. Je vis Valérian tel qu’il était vraiment : blessé, épuisé, amaigri et totalement hébété. Et moi qui ne pensais qu’à le gifler ! Ma colère fondit comme neige au soleil sous les émotions qui me revinrent des moments que nous avions partagés. Il y avait peut-être mieux qu’une gifle pour le ramener.
Je le pris dans mes bras et l’embrassai avec passion comme si rien d’autre n’avait d’importance au monde. S’il ne revenait pas avec ça, il méritait de rester où il était !
Revenir en haut Aller en bas
Valérian
Éclaireur humain et questeur d'Astendar
Valérian


Messages : 842

Chapitre 68 - Esclaves thérans Empty
MessageSujet: Re: Chapitre 68 - Esclaves thérans   Chapitre 68 - Esclaves thérans Icon_minitimeDim 16 Mai - 10:40

Version revue des aventures de nos trois mineurs de choc.
Je suis revenu au récit à la première personne, du point de vue de Maloniel.
Cela permet de mettre des choses plus personnelles qui facilitent (je l'espère) la compréhension de l'ensemble.

Je tiens aussi à préciser que le rôle tenu par Maloniel et son penchant retrouvé pour Valérian est essentiellement l'idée d'Arnaud. C'est le domaine d'Astendar, pas le mien... Smile
Revenir en haut Aller en bas
 
Chapitre 68 - Esclaves thérans
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» Chapitre 70 - Les Sanguinaires
» Chapitre 07 - Welcome to Throal
» Chapitre 44 - L'héritage de Jeb
» Chapitre 18 - Le lac de Rhem
» Chapitre 54 - De glace et de feu

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Lions de Metal :: EARTHDAWN - JOURNAL DE BORD :: Récits d'aventure :: Chroniques de l'éclaireur : saison 6-
Sauter vers: