Lions de Metal
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.


Suivi de la campagne Earthdawn des Lions de Pierre, 6ème saison.
 
AccueilFAQRechercherS'enregistrerConnexion
-29%
Le deal à ne pas rater :
PC portable – MEDION 15,6″ FHD Intel i7 – 16 Go / 512Go (CDAV : ...
499.99 € 699.99 €
Voir le deal

 

 Chapitre 59 - Ultime sacrifice

Aller en bas 
2 participants
AuteurMessage
Valérian
Éclaireur humain et questeur d'Astendar
Valérian


Messages : 842

Chapitre 59 - Ultime sacrifice Empty
MessageSujet: Chapitre 59 - Ultime sacrifice   Chapitre 59 - Ultime sacrifice Icon_minitimeMar 10 Avr - 23:02

Chapitre 59 – Ultime sacrifice
 
Quitter le trône ne fût pas facile. Je percevais la joie – que dis-je l’extase ! – de Miraëlan suite à notre victoire et à l’accès qu’elle avait désormais sur les nombreuses connaissances emmagasinées dans ce lieu de pouvoir. Parallèlement, je me remettais lentement de la confrontation mentale avec Nur-Athemon et j’avais l’impression que ma personnalité était morcelée et – pire encore – que tous les morceaux n’étaient pas à moi.
 
Après un temps indéterminé, je finis par m’extraire du siège ouvragé sous le chœur d’exhortations de mes amis, chœur auquel se joignit bientôt Mira, pressée d’aller se choisir un corps. Toutefois, je sentais qu’une partie de moi avait été définitivement altérée par cette épreuve et que je ne serais jamais plus le même. J’avais hérité d’une partie des souvenirs du noble théran et peut-être aussi d’une partie de sa personnalité et cela n’était pas pour me plaire.
Je savais désormais que le vrai Nur-Athemon n’était jamais physiquement revenu de son combat contre les Horreurs et que nous n’avions affronté que son esprit qui était parvenu à revenir dans son antre. Je savais aussi que, contrairement à ce que mon rapide examen préliminaire m’avait laissé penser, les corps féminins elfiques n’étaient pas identiques. Ils étaient destinés aux compagnes du noble thérans. Celles-ci étaient habituellement deux ou trois et l’accompagnaient, tant comme gardes du corps que comme amantes. Elles se montraient dévouées à tous les niveaux et n’hésitaient pas se sacrifier pour leur maître, ce qui leur était d’autant plus facile qu’elles ne sacrifiaient qu’un corps et que Nur-Athemon pouvait récupérer leurs esprits et les placer dans d’autres corps. De quoi envisager l’existence sous un tout autre angle.
 
Grâce à mes nouveaux souvenirs et à notre connaissance des pouvoirs du trône, j’ouvris une porte dissimulée, invisible quand on ne savait pas où chercher, qui donnait sur long couloir bordé de part et d’autres de cuves. Bon nombre étaient vides mais les autres contenaient des corps souvent abîmés et nettement moins attrayants que ceux de la salle du trône. Donneurs-de-noms contrefaits, créatures monstrueuses aux apparences déroutantes et aux appendices aussi dangereux que répugnants. D’autres, plus loin, semblaient contenir des silhouettes massives semblables à des trolls.
Mal à l’aise, je rebroussai chemin, préférant de loin aller choisir un joli corps pour Mira et je laissai nos deux érudits, So’tek et Firrada, à une nouvelle séance de fascination émerveillée. Les autres étaient partagés entre répugnance et curiosité. À mon niveau, la première prenait nettement le pas sur la seconde et je quittai ce couloir de la mort d’un bon pas.
 
Avant que la sorcière thérane ne se choisisse un nouveau corps, nous retournâmes sur le trône afin de prendre le contrôle des différents endroits du complexe souterrain de Nur-Athemon et notamment la crèche de fer. Désormais, toutes les créatures m’obéiraient au doigt et à l’œil. Cela avait le mérite d’être pratique et de nous éviter tout souci ; toutefois, l’idée d’être le nouveau « maître » ne m’emballait pas plus que cela… même si une partie de moi estimait cela comme tout à fait normal.
Mal à l’aise face à l’ambivalence de mes sentiments, je tournai mes pas vers les cuves qui contenaient les corps des elfes avec une impatience qui égalait presque celle de Miraëlan. Nur-Athemon était sans doute un salopard fini mais il avait tout de même un certain goût sur les femmes et je ne trouvai guère à redire sur la marchandise présentée. Les corps étaient assez semblables et les différences se faisaient essentiellement au niveau du visage, ce qui était tout de même le plus facile pour les distinguer les unes des autres une fois habillées.
Nous nous mîmes d’accord sur le choix de l’un des visages sans expression, charge à Mira de lui donner vie. Cette dernière avait mémorisé la procédure à suivre pour s’incarner dans ce nouveau corps.
Quelques heures plus tard, le corps reprit vie et s’extirpa de la cuve, avec mon aide. Elle tremblait d’émotion et de faiblesse, son regard capta le mien et j’y lu une telle joie et une telle d’impatience que je la serrai dans mes bras pour dissimuler ma propre émotion.
 
Les premiers jours furent un peu frustrants car elle occupait un corps neuf et pas un corps d’emprunt. Celui-ci devait tout apprendre et Mira passa du temps à l’apprivoiser et à l’entraîner. Ses muscles répondirent de mieux en mieux et son corps stocka de l’énergie, dissipant peu à peu sa faiblesse initiale. Mais elle ne resta pas inactive pour autant car son esprit, lui, travaillait à plein régime. Elle lança la réparation des automates de combat et en créa de nouveaux afin de disposer d’une petite armée pour sécuriser nos futurs déplacements et pouvoir négocier plus facilement notre sortie avec Crusher.
Elle envisageait aussi de s’allier au sorcier théran Klarkosh plutôt que le tuer pour le bénéfice de Crusher. À partir de l’ancien complexe de Nur-Athemon, elle souhaitait créer une enclave sur laquelle elle régnerait, Klarkosh serait son adjoint et dirigerait les lieux en son absence.
 
J’étais partagé entre mon admiration pour son esprit d’initiative et sa capacité à entreprendre et à planifier, et ma réticence face à son ambition, son complexe de supériorité typiquement théran et sa froide analyse. Par chance, j’étais encore son héros et elle écoutait mes conseils de tempérance et de neutralité. Ainsi, son projet de restaurer Parlainth devint celui d’en faire une cité neutre. C’était sans doute un moindre mal.
Tenter de trop la contraindre c’était prendre le risque de la frustrer et, à terme, de la perdre, ce qui n’aboutirait qu’à en faire un électron libre qui reviendrait bientôt dans le giron des thérans. Et puis, c’était sa personnalité. Une jeune elfe qui avait à peine eut le temps de vivre et qui s’était vu offrir une seconde chance. Son impatience, son ambition et sa soif de vie étaient légitimes. C’était une princesse thérane, une sorcière elfe, et je devais l’aimer ainsi.
 
Vint le moment où ma princesse estima avoir le complet contrôle de son corps. Nous avions trouvé la volonté de patienter jusque-là afin que rien de vienne amoindrir la passion de notre première rencontre physique. Nous avions déjà fait l’amour mais toujours à travers un corps d’emprunt.
Nos premières étreintes furent marquées par l’impatience et une ardeur dévorante qui nous consumait depuis longtemps. Les suivantes furent plus passionnées et attentionnées, des voyages tendres à la découverte de l’autre.
Après toutes les épreuves rencontrées et les blessures – tant psychiques que physiques – reçues, ces quelques jours de bonheur apportèrent un baume salutaire à mon moral en berne. Je me dis que tout cela valait la peine et que les bienfaits d’Astendar méritaient bien quelques sacrifices.
 
De leur côté, les autres membres de l’équipe patientaient de leur mieux, c’est-à-dire assez mal. Ils avaient exploré les environs avec quelques automates comme escorte et avaient engagé quelques escarmouches contre les forces de Klarkosh, histoire de tester ses forces et délimiter son périmètre défensif. Bientôt, ils nous rappelèrent à la réalité et dissipèrent le nuage de bonheur dans lequel j’évoluais depuis trois jours.
 
Nous mobilisâmes une force conséquente puis nous envahîmes le territoire du sorcier théran. Ce dernier tenta de se défendre avec sa magie mais Miraëlan engagea un duel avec lui qu’elle gagna haut la main. Alors qu’il s’attendait à être tué, il fut assez étonné par la proposition des plus clémentes proposée par Miraëlan. D’un côté, on lui proposait de devenir le bras droit d’une superbe elfe et de l’aider à diriger un territoire qui allait fortement s’étendre grâce à des armées d’automates. De l’autre, se faire défoncer le crâne par l’un de ces automates. Son délai de réflexion fut assez court.
 
À la tête de nos forces réunies à celles survivantes de Klarkosh, nous remontâmes ensuite chez Crusher afin, là aussi, de mettre les choses au clair, voir les poings sur les "i" si besoin. Mais de besoin, il n’y eut pas car Crusher se montra aussi réaliste que Klarkosh.
En quelques heures, nous étions à la tête d’un domaine assez étendu et de trois armées. On dira ce que l’on vaut, mais l’aventure avec une armée d’automates et une paire de sorciers de haut niveau, c’est quand même plus facile.
Cependant, de l’avis de Thregaz et Ghorghor, notre territoire souffrait d’un grave défaut : il n’y avait aucune auberge et pas de bière en réserve. Bref, il était plus que temps de revenir à Port-aux-Ruines.
Miraëlan souhaitant rester sur place pour le moment, afin de consolider son emprise sur les lieux et y insuffler sa volonté, nous nous séparâmes sur un adieu plein de regret. Passer tant de temps à lui trouver un corps et devoir la quitter juste après, la vie était vraiment trop injuste. D’un autre côté, une partie de moi se réjouissait de s’éloigner de cette personnalité ambitieuse et envahissante.
 
Après un rapide voyage dans le navire aérien de Thregaz, nous revînmes à l’enclave de Port-aux-Ruines. Pendant que Ghorghor et Thregaz fonçaient à l’auberge de la Trolle pointilleuse, suivis par Sekra qui commençait déjà à rédiger de futures histoires et ballades sur nos aventures, Firrada rentra chez elle, chargée comme une mule des livres récupérés. De mon côté, accompagné de Sotek, je me rendis chez Audra.
Passé un instant de méfiance, la porte s’ouvrit en grand et nous pûmes lire le soulagement sur le visage de la mère de Jasom et Jezra. Les enfants vinrent nous saluer avec empressement puis Audra les renvoya jouer afin que nous puissions parler tranquillement. Elle avoua avoir craint pour nous suite à notre dernière expédition dans Parlainth. Je lui demandai ce qu’elle avait décidé quant à ma proposition. Elle nous dit qu’elle acceptait de partir mais seulement si c’était avec nous. Elle n’avait pas confiance en d’autres personnes et ne voulait pas exposer inutilement ses enfants. Je lui demandai de réunir rapidement ses affaires et que nous partirions dans quelques jours. Il fallait encore voir dame Hautevoix pour savoir si son contact était arrivé.
 
Après avoir salué Audra et ses enfants, nous partîmes en direction de la Trolle pointilleuse, rejoindre le reste de la bande. Sur place, nous trouvâmes un Thregaz pas aussi enjoué que prévu. Il avait reçu un message qui lui fixait un rendez-vous en fin de soirée. Il était intrigué et avait décidé de s’y rendre. Du coup, il devait conserver un peu de lucidité et était obligé de remettre à demain la grosse biture qu’il avait prévu.
À l’heure dite, accompagnés de Ghorghor, nous nous rendîmes au rendez-vous. Vu l’endroit, il y avait une probabilité non négligeable que ce soit un piège. Nous ne fûmes pas déçus en découvrant le corps d’un troll à l’endroit prévu. Et guère plus en découvrant deux autres trolls lourdement protégés qui nous attaquèrent sans la moindre discussion ni sommation. J’occupai de mon mieux l’un d’entre eux pendant que mes compagnons neutralisaient l’autre. L’affaire leur prit plus de temps que prévu et je fus très soulagé de leur intervention car je commençai à voir passer les lourdes frappes de mon adversaire d’un peu trop près. Bientôt, le second assaillant mordit également la poussière sous les coups conjugués de l’écumeur du ciel et de l’armurier.
Une fouille rapide n’apporta guère d’éléments concrets pour expliquer cette embuscade en règle, hormis un étrange tatouage en forme du chiffre XVIII sur la clavicule. Le plus troublant était que les trois trolls ressemblaient beaucoup à notre ami Thregaz et cela commençait à expliquer pas mal de choses, notamment pourquoi on le reconnaissait partout où il allait. En revanche, d’où ils sortaient restait un mystère. Et pourquoi ces clones ? Cela me fit penser à certaines cuves du Nur-Athemon mais je ne voyais aucun rapport avec Thregaz.
 
Tuer deux trolls blindés avait été un tantinet bruyant et la milice du Refuge débarqua bientôt. À la vue de ce qu’elle découvrit, elle décida de nous emmener à leur chef, Torgak. Thregaz et lui discutèrent un moment et Torgak nous orienta vers un village d’écumeurs du ciel troll situé à quelques dizaines de kilomètres, les Noirs Orages. Déjà tout un programme.
Après une nuit de sommeil, certainement agitée pour mon ami troll qui devait se poser pas mal de questions, nous récupérâmes le Souffle de Tystonius qui nous déposa bientôt à l’endroit indiqué.
 
L’endroit était calme mais il y flottait un brouillard épais et oppressant, capable de dissimuler bien des choses y compris un groupe de trolls belliqueux. Hum… je me demande d’ailleurs si « trolls belliqueux » n’est pas un pléonasme.
Ce qui devait arriver arriva et un groupe de trois trolls corrompus nous déboula bientôt dessus. Toutefois, ils étaient nettement moins protégés que ceux de la veille et ne constituèrent pas un réel obstacle à notre groupe décidé.
 
Après un court voyage à suivre un petit chemin de montagne dans la brume, nous arrivâmes dans un village désertique. À force de fouiller ici et là, nous finîmes par attirer l’attention d’un groupe de trolls nettement hostiles et pas corrompus. Et tous ressemblaient furieusement à Thregaz, même s’il y avait à chaque fois de subtiles différences, comme une fratrie dont chaque membre aurait ses propres cicatrices, tics et expressions.
Après quelques instants d’hésitation, ils accueillirent Thregaz comme un frère perdu revenu au bercail. Ils nous menèrent dans un temple de Thystonius où nous rencontrâmes une espèce de patriarche, genre vieux Thregaz, qui s’appelait Chorlek. Celui-ci dévoila une omoplate avec le chiffre « I ».
Notre pote troll encaissait toutes ces rencontres sans trop broncher mais je sentais que tous ces clones ça lui plaisait très moyennement. La pression était en train de monter.
 
Chorlek nous sortit son laïus. Il était question d’une Horreur appelée la Corruptrice des Pensées qui se délectait depuis des décennies de torturer les clones de Thregaz. Notre Thregaz, alias N°XIII, était son chouchou et avait un lien particulièrement fort. Il ne pouvait pas mourir si elle ne le voulait pas et elle pouvait s’en servir comme une marionnette (là aussi, ça expliquait bien des choses). Mais grâce à un rituel, il pouvait rompre ce lien et libérer une autre Horreur, la Chasseresse, qui attaquait les autres Horreurs. Bref, un sac de nœuds que je n’essaierai même pas d’expliquer tant je n’ai pas tout compris (pas tout noté, et pis c’est confus).
En gros, si Thregaz acceptait de les aider, ils avaient une chance de mettre fin à cette malédiction et de dégager une Horreur. Mais ça pouvait coûter la vie Thregaz.
 
L’écumeur du ciel écumait surtout d’une rage intérieure. Il aurait préféré un bon combat pour mourir en beauté. Là, il s’offrait potentiellement en sacrifice dans un rituel à la con et c’était pas une mort glorieuse pour un adepte de Thystonius.
Malgré les œillères placées par la longue amitié que j’avais avec le troll, je ne pouvais pas ne pas remarquer ce qu’il était devenu. Physiquement ravagé par les épreuves, il portait de plus en plus sur lui la marque de l’Horreur. Initialement peu causant, il était désormais renfermé et s’exprimait plus volontiers avec ses armes. Je me demandais combien de temps il tiendrait encore comme cela… et ce que cela nous coûterait le jour où il craquerait pour de bon. Ghorghor partageait mon incertitude.
Nous finîmes par lui faire comprendre qu’accepter ce rituel était aussi un acte d’un grand courage et que le jeu en valait la chandelle.
 
Nos arguments n’eurent pas grand effet sur lui. En revanche, ce que je lus dans son regard me fit froid dans le dos. Une immense lassitude et du renoncement. Du renoncement chez lui, c’était plus qu’inédit : simplement inenvisageable ! Thregaz ne renonçait jamais et luttait toujours ! Chaque fois qu’il tombait, il se relevait. Mais là, il était moralement à bout.
Découvrir que l’on est qu’un pion au service d’une Horreur, que ses souvenirs sont faux et que l’on sert ce contre quoi on a cru lutter toute sa vie de guerrier indépendant a de quoi vous retourner.
 
Il nous murmura « occupez-vous de ma famille » et, après un simple regard à Ghorghor et à moi, il alla s’allonger calmement sur la dalle. Ce simple regard voulait en dire long quand on connaissait Thregaz et la pudeur de ses sentiments. Cela voulait dire « on a partagé de grandes choses ensemble, vous êtes mes amis, j’ai été honoré de me battre à vos côtés. Pour moi, ça s’arrête aujourd’hui et ici. Adieu ». Ou un truc du genre, je cause assez mal le regard troll.
Chorlek commença le rituel, bientôt rejoint par les autres trolls et une lente mélopée trolle grandit puis monta en intensité. À l’apogée du rituel, du corps de Thregaz jaillirent des flots de sang et l’image de la Corruptrice apparut au-dessus de lui, furieuse puis visiblement apeurée. Elle s’enfuit brusquement du corps et disparu rapidement de notre vue.
Quelques instants plus tard, tout était fini. Thregaz était mort et la Corruptrice avait été rejointe par la Chasseresse qui avait mis un terme définitif à ses agissements.
 
Chorlek nous avoua alors qu’il savait depuis le début que Thregaz ne survivrait pas au rituel. C’était sa mort qui avait libéré la Chasseresse. La perte de Thregaz laissa un tel vide en moi que je n’arrivais même pas à lui en vouloir. En sacrifier un pour sauver les autres et débarrasser Earthdawn de la Corruptrice n’était pas qu’un simple calcul, c’était simplement salutaire.
Je partis m’isoler hors du temple pour chasser la grosse poussière que j’avais dans l’œil et qui me faisais pleurer. Je me remémorai tous les moments partagés avec mon ami le troll. Notre première rencontre, l’amitié et le respect mutuel qui avait lentement grandit entre nous. Le nombre de fois incalculable où il m’avait sauvé la vie. Nos combats désespérés et sa capacité à toujours se relever. Sa bonne humeur à la simple vue d’une auberge. Bref, tout ce qui faisait de lui le troll qui avait partagé ma vie ces dernières années.
Je me sentais orphelin d’un grand frère ; comme si mon ange gardien était parti pour toujours. Après Jeb, cela commençait à faire beaucoup. Je me rassurai en me disant qu’aucun des deux n’étaient morts à cause de la quête d’Andelin. Les perdre était déjà douloureux mais je n’aurais pas supporté qu’ils meurent par ma faute ou parce qu’ils me suivaient dans ma quête insensée.
 
Il me fallut négocier avec Chorlek pour récupérer le corps de Thregaz. Ces derniers voulaient faire eux-mêmes les rites funéraires sur place à honorer sa mémoire. Je les informai qu’il avait une famille et un clan, qu’il était capitaine d’un navire et que son équipage ne partirait par sans la dépouille de leur chef. Ils finirent par comprendre qu’il n’était pas prudent de provoquer la colère d’un équipage complet d’écumeurs du ciel, tout pirate qu’ils étaient. Ils nettoyèrent le corps de Thregaz puis une escorte d’honneur descendit le corps jusqu’au navire. La présence des autres trolls et le respect porté à leur chef évita que l’équipage ne s’échauffe trop.
Sotek tissa un sortilège de préservation du corps afin qu’il ne se putréfie pas jusqu’au retour à son village. Je songeai déjà à rédiger une chanson en l’honneur de mon ami disparu. Ce serait une chanson pleine de bruit et de fureur, un chant de guerre et de taverne. Un chant qui devrait lui ressembler.
 
Il fallut retourner à Port-aux-Ruines afin de récupérer Dame Hautevoix, ainsi qu’Audra et ses enfants. La diplomate naine avait enfin rencontré son contact et nous devions l’escorter jusqu’au Bois de Sang.  Le Souffle nous déposa à proximité d’un comptoir situé à mi-chemin entre Parlainth et le Bois de Sang, puis repartit plein sud.
Il n’y avait plus que le fidèle Ghorghor et moi pour escorter dame Hautevoix. Plus de Thregaz pour gérer les combats. Plus de Sotek avec sa magie et son savoir. Plus de Miraëlan pour me soutenir avec son optimisme.
Ce n’était plus une expédition digne de ce nom. Juste une mission suicide.
Ça tombait bien : c’était ma spécialité.
 
Avec un sourire crâne sur les lèvres, comme pour défier le destin, je ramassai mon sac à dos et pris résolument la tête de notre petit groupe.
  
__________

Bon, c'est un texte qui mérite encore d'être développé et étayé, notamment au niveau des explications du vieux troll, mais ça donne une bonne base de travail.
J'ai un peu brodé certains trucs mais je pense que l'ensemble ne comporte pas trop d'erreurs ou de fausses notes.
Revenir en haut Aller en bas
Augure
Maître du Jeu
Augure


Messages : 1867

Chapitre 59 - Ultime sacrifice Empty
MessageSujet: Re: Chapitre 59 - Ultime sacrifice   Chapitre 59 - Ultime sacrifice Icon_minitimeJeu 19 Avr - 15:19

Je viens juste de voir que tu avais fini cette partie (la première fois que je l'avais lue elle était à peine entamée, et on n'a pas de notification pour les modifications des messages...)

Vraiment, merci. Je complèterai un de ces jours, parce qu'il y a des erreurs sur la nature du rituel (notamment le fait que l'invocations de la Chasseresse ne faisait pas partie du contrat, c'était une omission dans les explications de Chorlek qui peut avoir laissé un petit goût amer, même si l'enjeu peut le justifier).

En tout cas, j'ai bien aimé comment tu présentes le ressenti de Valérian dans cette scène !
Revenir en haut Aller en bas
https://earthdawn.forumactif.org
 
Chapitre 59 - Ultime sacrifice
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» Chapitre 07 - Welcome to Throal
» Chapitre 44 - L'héritage de Jeb
» Chapitre 18 - Le lac de Rhem
» Chapitre 54 - De glace et de feu
» Chapitre 70 - Les Sanguinaires

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Lions de Metal :: EARTHDAWN - JOURNAL DE BORD :: Récits d'aventure :: Chroniques de l'éclaireur : saison 5-
Sauter vers: