Lions de Metal
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Suivi de la campagne Earthdawn des Lions de Pierre, 6ème saison.
 
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 Chapitre 63 - En route vers le Bois de Sang

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Valérian
Éclaireur humain et questeur d'Astendar
Valérian


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Chapitre 63 - En route vers le Bois de Sang Empty
MessageSujet: Chapitre 63 - En route vers le Bois de Sang   Chapitre 63 - En route vers le Bois de Sang Icon_minitimeMar 25 Sep - 21:27

Chapitre 63 – En route vers le Bois de Sang

 
Nous étions de retour à l’auberge des Trois Plumes. Nous avions réussi à récupérer la Rose Éternelle mais cela avait été juste. À quelques minutes près, les thérans mettaient la main dessus et obtenaient un avantage pour négocier avec la Reine Alachia. Et ce n’était pas la seule bonne nouvelle de la journée puisqu’Eliora était toujours là à notre retour.
Elle sembla soulagée de nous revoir mais montra immédiatement une certaine fébrilité. Selon elle, il fallait quitter cette auberge rapidement car c’est le premier endroit où les thérans chercheraient notre piste. Le temps pour elle de ramasser ses affaires et pour nous de faire le plein de provisions auprès de Craques-Jambes et nous étions déjà prêts à repartir sur les routes de Barsaive.
 
Je m’étonnai auprès d’Eliora du fait qu’elle nous accompagne.
« Tu crois quoi, Valérian ? me répondit-elle avec un soupçon d’amertume. Je suis désormais une traîtresse pour les thérans. Qui a pu révéler qui avait volé la Rose sinon moi ? S’ils ne trouvent pas mon cadavre à l’auberge, ils en tireront les conclusions qui s’imposent. Quand je t’ai dit que j’ai tout donné pour te convaincre, je ne t’ai pas menti.
-… heu, désolé… et merci. Nous avons récupéré la Rose grâce à toi.
- Mouais… j’espère que les risques que je prends pour t’aider me vaudront plus qu’un simple merci, maugréa-t-elle en me jetant un étrange regard en coin.
Pensait-elle à la pierre étoilée ou à autre chose ? Je n’aurais su le dire mais je savais que ce n’était ni le moment ni l’endroit pour développer cette conversation.
 
Ghorghor et Dame Hautevoix ne sautèrent pas de joie à l’idée que la thérane nous accompagne. Si l’armurier évita les commentaires par amitié – ou parce qu’il savait qu’ils seraient vains – la diplomate ne montra pas la même retenue.
« Sérieusement ?! Vous acceptez qu’elle vienne avec nous ? s’insurgea-t-elle. Je vous rappelle que c’est une mission diplomatique censée nous aider à nous défendre contre les thérans. Votre amie, là, c’est une thérane qui a cherché à faire capoter notre mission.
- Certes, elle a participé au vol de la Rose mais c’est surtout grâce à elle que nous l’avons récupéré.
- Hm… admettons que ça suffise à lui laisser la vie sauve. Mais je ne vois aucune raison de la laisser nous accompagner. Vous tenez tant que cela qu’elle dispose d’autres opportunités de nous nuire ? insista la naine.
- Sauf que si elle ne vient pas avec nous, les thérans finiront par la retrouver. Dans ce cas, elle devra leur dire ce qu’elle sait pour sauver sa vie. Donc, il vaut mieux qu’ils ne lui mettent pas la main dessus.
- Si elle en sait autant, c’est grâce à vous. Le plus simple est donc de s’en débarrasser définitivement !
- Il faudra me tuer d’abord, répliquai-je avec calme mais détermination.
Belisiel me considéra un instant, comme pour juger du sérieux de ma déclaration. À moins qu’elle ne calcula déjà ses chances dans un affrontement.
- Je me demande pourquoi je tolère votre attitude. Ce qu’on m’a dit de vous à Throal ne correspond guère à ce que je vois depuis que je vous fréquente. Vous n’avez aucun sens des priorités et de la loyauté. Sans parler du reste.
- Vos priorités ne sont pas mes priorités. Ensuite, pour ce qui est de la loyauté, le seul traître ici est Eliora pour le moment. Pour tout le reste, il faudra vous faire une raison parce que je suis le seul éclaireur dans le coin. Et accessoirement, je vous rappelle que je suis aussi celui qui a ramené la Rose Éternelle du kaer Argovesia.
- Vous n’étiez pas seul à ce que je sais !
- Non, mais je suis le seul encore en vie. Les deux autres étaient Jeb et Tregaz.
Je ne jugeai pas utile de rajouter Miraëlan dans la liste. Une thérane de plus dans mes relations intimes n’aurait guère ajouté à mon crédit déjà largement écorné.
- Hum… il semblerait donc que l’adage qui veut que ce soient les meilleurs qui partent les premiers soit vrai », conclu la diplomate avec aigreur avant de me tourner le dos pour partir récupérer le reste de ses affaires.
Je n’aurais pas pu lui donner tort là-dessus.
 
Quelques instants plus tard, nous partions pour un rendez-vous. Notre cachotière de diplomate venait de nous informer que nous devions rejoindre une autre personne pas très loin. Celle-ci était une elfe et elle nous servirait d’interprète dans le Bois de Sang.
Bientôt, nous arrivâmes à proximité d’un bosquet qui dissimulait des ruines au milieu desquelles se tenait notre traductrice, assise en tailleur. Le premier mot qui me vint à l’esprit lorsque je la vis fut sérénité. Elle était encore jeune, mais moins qu’Eliora. Ses habits étaient fonctionnels et arboraient des couleurs naturelles, avec une dominante de vert. Un chapeau de paille tressée complétait sa tenue. Une martre se déplaçait sur ses épaules, visiblement alarmée par notre présence. L’elfe était plutôt jolie mais ne faisait visiblement rien pour se mettre en valeur. Le contraste avec Eliora était assez saisissant. Une elfe des bois, naturelle et apaisée, d’un côté. De l’autre, une elfe urbaine, sophistiquée et nerveuse. Belisiel et elle semblaient bien se connaître puisque la naine alla l’étreindre brièvement. Elle se présenta ensuite à nous sous le nom de Pelenas. Nous nous présentâmes à notre tour,  pendant qu’elle nous regardait attentivement. Elle considéra les habits d’Eliora et les miens avec un léger amusement mais sans faire de commentaires. Elle ramassa quelques affaires et un long bâton de marche puis nous emboîta le pas.
 
À ma surprise, Pelenas avoua connaître assez mal la route vers le Bois de Sang. Il me faudrait donc reprendre mon rôle d’éclaireur sur un trajet qui devrait durer une dizaine de jours. Eliora ne fut guère enthousiaste à l’idée de me voir marcher seul, une centaine de mètres devant eux. Elle demanda à m’accompagner en tête mais je dus refuser car sa présence à mes côtés m’aurait ôté toute vigilance et m’aurait changé en un piètre éclaireur. Je comprenais son dépit car elle n’avait guère d’affinité avec les autres membres de groupe. Ghorghor et Belisiel se méfiaient d’elle. Quant à Pelenas, il semblait évident que les deux elfes avaient peu de centres d’intérêt en commun. Et je doutais qu’elle parle la langue des martres.    
 
Pendant les quelques heures qui nous restaient à marcher avant de nous arrêter pour la nuit, nous aperçûmes plusieurs fois la vedette thérane au loin. Celle-ci nous cherchait activement et elle savait où nous allions puisque le groupe d’Eliora était au courant, mais le secteur était vaste et notre détour pour récupérer Pelenas nous évita une route trop directe et prévisible.
En soirée, je trouvai un coin avec un promontoire rocheux pour abri qui nous permit de faire tout de même un petit feu sans trop de risques. Je me ressentais encore de mes blessures de la veille mais c’était surtout Ghorghor qui était en mauvais état. Je lui prodiguai quelques soins tout en discutant avec Pelenas.
« Dites-moi Pelenas, puisque nous devons passer quelque temps ensemble, disposez-vous de talents qui nous seraient utiles dans cette équipée ?
- J’adore faire de la vannerie. Je suis assez douée là-dedans, ajouta-t-elle avec un petit sourire de fierté.
- De la vannerie ?!
- Oui, de la vannerie, répéta-t-elle tout en gratouillant le cou de sa martre lovée contre elle et qui semblait aux anges.
Ghorghor se retint de pouffer, Eliora leva les yeux au ciel et dame Belisiel resta imperturbable.
- Heu… autre chose peut-être… un peu plus… hum… pratique, repris-je.
- Je connais bien les forêts. J’ai visité la plupart d’entre elle. J’aime beaucoup les forêts, je m’y sens toujours bien, continua-t-elle avec un certain enthousiasme.
- D’accord, ça peut aider pour le côté « survie dans les zones hostiles ». Autre chose peut-être ? insistai-je sans trop y croire.
- Voyons voir… je fais aussi de la magie élémentaire, poursuivit-elle sur un ton anodin.
- Vous êtes une adepte élémentariste ?!
- Oui.
- Ça, c’est très utile ! m’exclamai-je
- Parce que vous connaissez la magie, vous ? s’étonna Belisiel en mettant un fort accent de doute dans sa répartie.
- Tout à fait. J’ai côtoyé un ami élémentariste pendant plusieurs années. Donc, oui, je connais assez bien, répondis-je sur un ton plus ferme. »
Cela mit fin à la discussion. Pelenas prouva rapidement ses déclarations en tissant quelques sortilèges qui améliorèrent indéniablement nos conditions de repos.
 
La nuit fut calme et Ghorghor avait déjà meilleure mine le lendemain. Pour ma part, mes blessures n’étaient plus qu’un souvenir.
Après quelques heures de voyage, je repérai un vol circulaire et stationnaire de corbeaux. Ça, ce n’était jamais bon signe. J’attendis le reste du groupe pour avoir leur avis. Une fois qu’ils m’eurent rejoins, Pelenas estima qu’il devait y avoir plusieurs morts pour attirer autant de volatiles. La majorité estima qu’il fallait savoir ce qui avait pu provoquer ces décès, histoire de savoir de quoi il fallait se méfier dans la région. Je me rendis donc prudemment sur place.
Quelques instants plus tard, je fis signe au groupe qui me rejoignit. Tous purent voir le massacre : une douzaine d’écorcheurs orks et presque autant de chevaux qui semblaient avoir été méthodiquement éliminés. J’examinai les traces laissées par les agresseurs et j’en déduisis que cela était dû à un groupe bien discipliné. Selon Eliora, il s’agissait certainement de thérans débarqués par la vedette. Dame Hautevoix partagea cet avis avec une légère réticence. Eliora reprit la parole.
« Outre les problèmes potentiels de cette vedette thérane, je pense que nous sommes entrés sur le territoire d’un esclavagiste. Celui-ci revend ses prises aux thérans.
Elle se tourna ensuite vers moi et son regard se fit insistant, presque suppliant.
- Il est important que je ne tombe pas vivante entre ses mains. Je suis désormais une traîtresse pour les thérans et s’il me revend à eux…
Elle n’eut pas besoin de terminer sa phrase pour que tout le monde comprenne.
- Nous nous arrangerons pour que cela n’arrive pas, Eliora, déclarai-je sur un ton que je voulais rassurant.
Le regard que Belisiel porta sur Eliora sembla tout à coup moins méfiant.
 
Le reste de la journée se déroula sans incident particulier. Nous n’aperçûmes ni vedette thérane, ni convoi d’esclavagistes. En soirée, je trouvai un coin assez adapté pour se reposer. Pendant que Belisiel préparait le repas et que Pelenas changeait les bandages de Ghorghor, je pris Eliora par le bras afin de l’emmener un peu à part. Tout d’abord étonnée, elle me suivi sans question mais avec une curiosité évidente.
« Eliora, j’aimerais te confier quelque chose. Est-ce que je peux ? lui demandai-je avec douceur.
- Je suppose que oui. De quoi s’agit-il ?
Sans un mot, je lui pris la main et déposai dessus la pierre étoilée du luth. Je l’avais délicatement retiré la nuit précédente, lors de mon tour de garde
La joie enfantine qui apparut sur son visage valait toutes les récompenses du monde. Encore incrédule, elle me regarda avec une profonde émotion.
- Ça y est ? J’ai fini par mériter la confiance du vaillant Valérian ?
- Quelque chose comme ça. Je ne l’aurais jamais confiée à une mercenaire thérane, quel que soit les promesses ou pactes. En revanche, je pense que je peux le faire avec une amie… ou une future amie, ajoutai-je avec emphase.
- … une amie ?! répéta-t-elle lentement.
Une certaine déception apparut sur ses traits délicats mais la joie revint dès qu’elle regarda à nouveau la pierre.
- Cette pierre est magique et elle est liée à ton père. Pendant que nous serons dans le Bois de Sang, pourrais-tu utiliser tes talents pour essayer d’en apprendre plus sur elle ?
- D’accord, je verrai ce que je peux faire », répondit-elle distraitement sans pouvoir s’arracher à la fascination de l’artefact entre ses mains. 
Je la laissai seule et retournai au camp. C’était un risque calculé de ma part. La pierre ne nous était d’aucune utilité pour le moment mais elle pouvait renforcer la loyauté d’Eliora. J’espérai simplement que je n’aurai pas à regretter cette marque de confiance.
 
Le lendemain, nous reprîmes la route, toujours résolument en direction de l’ouest. En fin de matinée, je notai que le vent se renforçait et cela ne fit que s’aggraver au fil de la journée, au point de compliquer ma tâche d’éclaireur et la progression du groupe. Une bourrasque semblait à craindre.
Pelenas me rattrapa et m’indiqua qu’il fallait rapidement trouver un abri digne de ce nom. Je m’y employai de mon mieux et nous finîmes par trouver refuge dans une fissure à flanc de colline, celle-ci s’élargissait rapidement pour donner sur une petite caverne où nous trouvâmes refuge. Nous eûmes même la surprise d’y trouver un petit fagot de bois sec qui nous permit de passer la nuit au chaud. Selon Pelenas, un élémentaire d’air de belle taille se déplaçait dans les environs et il valait mieux attendre qu’il soit passé avant de reprendre notre voyage.
 
Le jour suivant, qui était le quatrième de notre périple, il n’y eut à signaler. Nous apercevions désormais une ligne sombre à l’horizon en direction de l’ouest. Notre objectif était en vue.
 
Notre cinquième journée de voyage nous mena à proximité d’un lac paisible cerné par une végétation vigoureuse. L’élémentariste et moi notâmes que la vie était abondante ici. Les animaux étaient nombreux dans les bois et le lac était très poissonneux. Nous remarquâmes une avancée de terre dans le lac qui nous réservait une surprise. Un énorme trône de pierre, faisant face au lac, avait été amené à cet endroit. Ses dimensions étaient telles que même un troll aurait paru petit dessus. Mue par une certaine curiosité, Pelenas s’y hissa et s’y assit. Elle se figea bientôt, ferma les yeux et la sérénité qui habitait régulièrement ses traits se teinta de joie. Elle nous expliqua, de sa voix claire et douce, que le siège amplifiait ses sens et sa perception de la nature environnante. Elle ressentait chaque vie autour et dans le lac. Interrogée sur ce qui pouvait se trouver en direction de l’ouest, elle remarqua deux troupeaux, dont un de stagians. Elle nota aussi la présence d’un convoi dont la trajectoire et la vitesse indiquaient qu’il risquait de croiser notre route.
 
Nous reprîmes la route peut après et, fort de l’avertissement de l’élémentaliste, je corrigeai le cap en bifurquant un peu vers le nord. Malheureusement, je me trompai dans mes repères et nous partîmes trop au nord. Progressivement, la végétation se fit plus éparse et rabougrie. En fin de journée, alors que je cherchai un endroit approprié pour établir un camp, je constatai que les cours d’eau étaient empoisonnés, que les quelques fruits qui poussaient étaient tous toxiques et que le gibier brillait par son absence. Bref, nous étions en plein dans une zone corrompue. J’en avisai le groupe mais cela ne sembla pas déranger outre mesure Pelenas : sa magie permettait de purifier liquides et aliments et de les rendre comestibles. Y’avait pas à dire, les voyages c’étaient plus faciles avec un bon élémentaliste !
 
Un peu plus tard, alors que la nuit tombait et que nous étions en train de répartir les tours de garde, notre attention fut attirée par une étrange lueur qui progressait dans notre direction. Bientôt, les elfes distinguèrent une créature reptilienne et nous en informèrent. Convaincu que seul un prédateur pouvait approcher ainsi d’un campement, je demandai à tout le monde de se mettre à l’abri et de se dissimuler de leur mieux. Eliora vint de mettre derrière moi mais je me replaçai pour l’avoir à mon côté plutôt que dans mon dos. Quand votre technique de combat se base sur l’esquive, mieux vaut éviter de placer derrière vous ceux que vous voulez protéger.
J’armai mon arbalète tout en surveillant l’approche de la créature. Celle-ci ressemblait effectivement à un lézard de grande taille mais son attitude confiante et la lueur émise par son regard me rendirent très méfiant à son encontre. Alors qu’il approchait avec plus de circonspection, à la recherche d’une proie, j’épaulai mon arme et visai le monstre.
Au moment choisi, je lâchai un trait meurtrier. Alerté par le claquement de l’arme et vif comme l’éclair, il regarda dans ma direction et son regard se posa sur moi au moment où le carreau lui traversait le crâne, le tuant sur le coup. Je n’avais croisé la lueur de son regard qu’une demi-seconde, mais cela suffit pour que j’aie l’impression que mes yeux éclataient. Je poussai un cri de douleur et tombai à la renverse. Un cri de désespoir poussé par Eliora fit écho au mien et elle appela frénétiquement les autres afin qu’ils viennent à mon secours.
J’étais sonné et nauséeux, conscient mais incapable de la moindre réaction tant la douleur me paralysait. Pelenas vint m’examiner et rassurer Eliora quand à la blessure. Elle n’évoluait pas et ne semblait pas mortelle. En revanche, elle ne savait pas quelles seraient les séquelles ni si je verrais à nouveau. Je perçus la présence d’Eliora à mes côtés, ses sanglots étouffés à grand peine et ses mains qui s’accrochaient à mon bras.
Finalement, la douleur consentie à refluer lentement puis je vis bientôt la lumière revenir. J’étais encore très faible, mais les choses s’arrangèrent progressivement. J’eus droit aux attentions de Pelenas et d’Eliora pendant une bonne partie de la soirée. La première soulagea mon corps grâce à sa magie, la seconde apaisa mon moral par son soutien. Finalement, grâce à la magie, je sombrai dans un sommeil réparateur. La dernière chose dont j’eus conscience fut Eliora qui se coucha contre moi.  
 
Le lendemain matin me trouvai dans une forme relative. Au vif soulagement de tout le monde, ma vue était revenue et, me sembla-t-il, sans séquelles. Le choc métabolique que j’avais reçu guérirait avec le temps. Je remerciai tout le monde.
« La prochaine fois, tu ne prendras pas tout pour toi et tu en laisseras aux copains, me taquina Ghorghor.
- Promis, le prochain il sera pour toi, répondis-je sur le même ton. Pelenas, je te remercie pour tes bons soins, je me sens déjà bien mieux.
L’élémentaliste hocha simplement la tête pour accepter mes remerciements.
- Merci aussi à toi, Eliora, lui déclarai-je un peu plus bas. Merci pour ta présence, ajoutai-je en lui déposant un baiser sur la joue.
Elle ne répondit pas non plus mais rosit légèrement de contentement.     
Après un solide petit déjeuner, je fus suffisamment remis pour reprendre ma place d’éclaireur.
 
Ce sixième jour de voyage fut assez calme et cela tombait bien parce que j’avais eu mon content d’action pour un moment, même si cela avait été très bref. De plus, mes pensées étaient de plus en plus accaparées par Eliora. Si j’avais été sous son charme dès notre rencontre et qu’elle en avait joué, désormais les rôles semblaient inversés et c’était elle qui soupirait auprès de moi. Pour ma part, mes sentiments avaient changés de registre. Il ne s’agissait plus du tout d’une aventure d’un soir avec une jolie mercenaire de passage. Sa personnalité était nettement plus complexe et fragile que je ne le supposais. Plus attachante également. J’en venais à redouter le moment où nous devrions la laisser seule à l’entrée du Bois de Sang. Il pouvait arriver tellement de choses d’ici à notre retour. Si retour il y avait, bien évidemment.
Quelles pouvaient être nos relations ? J’avais une furieuse envie de mieux la connaître encore et de la protéger. Mais elle était bien partie pour rester durablement dans le groupe, d’autant plus qu’elle avait autant de raison que moi - sinon plus – de trouver Andelin. Développer une relation avec Eliora risquait de poser un problème lorsque je retrouverai Miraëlan. Deux magiciennes elfes, théranes et princesses potentielles, ça faisait quand même beaucoup pour un seul homme, même un questeur d’Astendar. Des mots de la Passion me revinrent fort justement en mémoire « Aimes Miraëlan, Valérian, car tu n’en trouveras pas d’autres plus proches de tes rêves ». Mais elle m’avait aussi dit « T’ai-je demandé autre chose que de faire ce à quoi ton cœur aspirait ? ». Bref, j’étais bien avancé… J’hésitai encore sur la conduite à tenir avec le belle illusionniste lorsqu’une troisième phrase me revint à son tour : « c’est justement parce que c’est sensible et important qu’il faut en parler. » Je décidai donc de jouer cartes sur table avec l’elfe dès que possible. Je ne referai pas l’erreur commise avec Maloniel.
Malheureusement, la soirée ne me permit guère de m’isoler avec elle car je ne trouvai un abri pour la nuit que tardivement et avec difficulté.
 
Le lendemain, en milieu de journée, nous aperçûmes au loin la caravane décrite par Pelenas quelques jours plus tôt. Alors que nous discutions entre nous pour définir un nouvel itinéraire afin de l’éviter, nous perçûmes un bruit aérien qui nous fit nous retourner. Ce qui nous vîmes nous fit frissonner d’appréhension : la vedette thérane nous avait trouvé et elle nous fonçait dessus ! Arrivée à une soixantaine de mètres de nous, elle largua trois lourds guerriers et un groupe d’archers elfes prit position le long du bastingage et commencèrent à nous viser.
 
J’avisai la lisière d’une forêt à environ deux cent mètres, à l’opposé de là d’où venait la vedette. Je demandai à Pelenas d’y mener le groupe pendant que je restai à l’arrière pour protéger notre fuite. Malheureusement, le sprint que j’espérai n’eut pas lieu. À la place, nous eûmes droit à des dérapages et des gadins de nains dans des flaques de boue. Je dus  faire diversion et intercepter les trois combattants afin de les ralentir pour que mes compagnons consentent à presser le pas. Un carreau bien ajusté ralentit nettement l’un des guerriers mais je dus interposer un bosquet entre moi et les archers elfes dont les tirs commençaient à gagner en précision. Cette pluie de flèches eut au moins le mérite de faire accélérer mes compagnons.
La navette thérane nous survola et nous dépassa pour aller se poser plus loin afin de larguer d’autres troupes pour nous intercepter et nous empêcher d’atteindre les frondaisons. Tout cela en continuant à arroser le groupe de flèches, bien évidemment.
De mon côté, j’étais venu à bout de l’un des gardes. Les deux autres m’avaient contourné, estimant sans doute que l’un d’entre eux suffirait à me neutraliser. Comme je ne voulais pas que les archers me prennent pour cible et me signale aux autres troupes, j’utilisai mon talent de déguisement magique pour prendre l’apparence du combattant qui gisait à mes pieds. Enfin… surtout de son armure car je ne voyais rien de son faciès.
Je fonçai ensuite aider Ghorghor qui retenait de son mieux les deux thérans qui m’avaient contourné. Il protégeait le repli des filles mais risquait de se faire lui-même prendre à revers par les renforts qui venaient de débarquer. Je me plaçai au côté d’un des gardes et lui plantai mon épée dans un défaut d’armure au niveau du flanc, le plus discrètement possible par rapport aux autres thérans. Le guerrier hoqueta, trébucha et tomba, sans être totalement hors de combat. Son proche compagnon d’armes ne comprenait pas d’où était venu l’attaque et me regarda avec étonnement, surtout lorsque je fis un pas de côté pour l’attaquer à son tour tout en me mettant hors de portée d’une éventuelle attaque de Ghorghor. Fort heureusement, même s’il n’avait pas tout compris, l’armurier nain était vif d’esprit et il profita de l’occasion pour battre rapidement en retraite vers les bois et rejoindre le reste du groupe. Il arriva juste à temps pour soutenir Belisiel, méchamment accrochée par deux fantassins thérans.
De mon côté, je constatai avec soulagement que la vedette continuait à poursuivre en direction de la forêt, en ignorant l’étrange combat qui se déroulait en arrière. Cela me permit de continuer à bloquer les deux guerriers lourds thérans sans risquer de flèches. Ces trucs n’étaient ni rapides, ni particulièrement adroits, mais leur résistance m’obligeait à trouver des défauts d’armure avant d’attaquer. Je m’en sortis plutôt bien puisque qu’ils mordirent bientôt la poussière sans jamais m’avoir touché.
 
Alors que les thérans investissaient la forêt, toujours à la poursuite de mes compagnons d’aventure, je m’y dirigeai à mon tour, avisant la navette qui survolait les cimes des arbres et les archers penchés, scrutant l’intérieur de la sylve. J’espérais que tout le monde avait pu s’en sortir sans trop de mal. Il m’avait semblé que les flèches avaient plu sur eux, mais je ne savais pas avec quel résultat. Si les deux nains étaient bien protégés, cela ne semblait pas être le cas des elfes, plus agiles mais aussi plus vulnérables. Je craignais surtout pour Eliora. Placée au milieu de son groupe d’elfes, elle était efficace, mais la configuration était bien différente aujourd’hui.    
Une fois à l’intérieur de la forêt et dissimulé aux regards des thérans, je repris mon apparence afin d’éviter de me faire attaquer par mes alliés. Peu après, alors que je déplaçai en suivant leurs traces, je vis apparaître à quelques pas de moi, Eliora et le reste du groupe. M’ayant aperçu, elle avait brisé le sort d’invisibilité qui les protégeai. J’allai la serrer brièvement et doucement – car elle semblait blessée -  contre moi pour lui témoigner mon soulagement.
Nous patientâmes une bonne d’heure avant que nos poursuivants se lassent de nous chercher dans ce secteur et poursuivent leur traque ailleurs.
 
Nous nous reposâmes ensuite jusqu’à la tombée de la nuit. Il avait été décidé de voyager nuitamment afin de nous déplacer plus furtivement. De mon point de vue, je ne voyais pas trop ce que cela changeait puisqu’il y avait des elfes dans les deux camps mais je me pliai à l’avis général. Ce fut lors de ce voyage nocturne que notre cachotière récidiviste, également naine diplomate, nous informa que nous avions un nouveau rendez-vous à la lisière du Bois de Sang. Cette fois, il s’agissait de retrouver une elfe de sang qui nous servirait d’escorte et de guide.     
Une heure avant l’aube, nous arrivâmes devant un gros menhir dressé qui semblait monter la garde à quelques dizaines de mètres des premières frondaisons du Bois de Sang. Celles-ci semblaient déjà intimidantes, voire menaçantes, et ce n’était pas qu’une exagération due à la nuit.
Adossée à la pierre, l’elfe de sang se releva souplement à notre approche. Elle se présenta sous le nom de Lisandela et comme étant une adepte éclaireuse. Elle nous demanda ensuite de prouver notre identité. Je m’attendais à ce que dame Hautevoix m’invite à montrer la Rose mais, au lieu de cela, elle brandit son bâton de marche, finement sculpté de feuilles et de lianes. Celui-ci s’anima progressivement et les feuilles se teintèrent de vert et se déployèrent, comme si elles étaient bien vivantes. Lisandela hocha la tête, satisfaite, et le bâton reprit bientôt son apparence de simple morceau de bois. L’éclaireuse s’approcha alors et nous pûmes mieux voir les épines qui parcouraient son corps. De temps à autre, une goutte perlait à l’extrémité d’une d’entre elles puis tombait au sol. On retrouvait sur son visage la beauté classique des elfes mais son expression trahissait subtilement la douleur permanente qu’elle ressentait.
 
« Je vais vous accompagner jusqu’au noble Takaris. Il est l’un des gardiens de sang.
 Même sa voix mélodieuse était voilée d’une note de souffrance.
- À quoi correspond le titre de gardien de sang ? m’enquis-je avec curiosité.
Lisandela tourna son regard clair vers moi, semblant à peine me voir.
- C’est un conseiller royal, répondit-elle. Avez-vous la Rose ?
Je sortis la boîte de mon sac puis l’exhibai à la vue de tous.
- Mais c’est… c’est vraiment la Rose éternelle ?
Pelenas semblait ébahie. Elle se tourna vers nous et son étonnement se teinta de désarrois et son regard réprobateur nous fusilla, surtout Belisiel et moi.
- Pourquoi ne m’en avez-vous pas parlé plus tôt ?
La diplomate naine semblait gênée et ne répondit rien
- Parce que c’est une mission secrète, répondis-je avec un peu d’hésitation.
- Je le sais bien puisque j’en fais partie ! Je prends les mêmes risques que vous. Vous auriez dû me le dire, poursuivit l’elfe.
Elle semblait plus peinée de notre manque de confiance que vraiment en colère.
- En guise de compensation, tu seras son nouveau porteur, déclara Belisiel sur un ton accommodant.
Je n’appréciai pas trop l’initiative mais je remis l’objet dans les mains un peu tremblantes d’émotion de Pelenas.
Elle semblait réellement fascinée par la Rose. Je notais qu’il en était de même avec Lisandela, son regard laissant transparaître de la révérence et de l’espoir, et même avec Eliora qui semblait apprécier la simple beauté de l’objet.
- C’est la Rose Éternelle, un objet unique créé par les elfes de Shosara en hommage à la reine Failla, la souveraine bien-aimée de tous les elfes.
L’éclaireuse parlait d’une voix basse, presque murmurante, tant son respect était évident. La nostalgie et la mélancolie de ses propos étaient renforcées par le voile de douleur de sa voix.
- Elle fut envoyée au Bois de Wyrm bien avant le Châtiment mais elle n’y parvint jamais et nul ne la revue depuis. Les légendes et les hypothèses sur sa disparition se multiplièrent au sein de notre peuple. La perte fut cruelle car ce superbe objet était un symbole de beauté et du savoir-faire elfique, en plus d’un témoignage d’amour pour notre reine. D’où le tenez-vous ?
Avisant que Belisiel, comme les autres, me regardait, Lisandela tourna son regard vers moi et je pus lire la curiosité dévorante qui y couvait.
- Nous l’avons trouvé dans un kaer théran situé dans les monts Caucavic.
- Les thérans ? Oui… évidemment, reprit l’elfe lentement, comme si elle se parlait à elle-même. »
Je réalisai soudain que je n’avais jamais discuté de cet objet avec Miraëlan. Elle devait savoir ce qu’il faisait là et comment ils l’avaient récupéré. D’un autre côté, maintenant que nous allions le remettre à leur légitime destinataire, tout cela devenait secondaire.
 
Comme nous avions marché de nuit, Lisandela nous accorda quelques heures de repos. Les deux nains parvinrent à s’endormir aisément. Lisandela et Pelenas en semblaient incapables, tant leur attention était accaparée par la Rose. Rassuré à ce sujet, je me dis qu’elles faisaient des gardiennes nettement plus efficaces que moi. Pour ma part, ma fascination était partagée entre Eliora, venue s’allonger à mes côtés afin de partager quelques instants encore ensemble, et la lisière du Bois de Sang. Tous mes sens d’éclaireur étaient focalisés sur cet endroit dangereusement fascinant.
Le moment aurait pu être bien choisi pour parler sérieusement avec Eliora, de nos relations, de notre équipée commune pour la suite… et de Miraëlan. Mais la prudence – ou n’était-ce que de la lâcheté ? – me souffla que ce n’était pas l’instant idéal. Elle avait la pierre étoilée et j’allais la laisser seule pendant plusieurs jours au moins. S’il elle prenait mal ce que j’avais à lui dire, il y avait de fortes chances qu’elle disparaisse avec un objet indispensable à ma quête. Je ne la connaissais pas suffisamment pour savoir comment elle réagirait. Si elle se sentait blessée ou trahit, les choses risquaient de se passer mal.
Nous parlâmes donc de banalités tout en appréciant la présence de l’autre. La proximité avec le reste du groupe nous empêcha d’opérer un rapprochement trop appuyé et cela me convenait à merveille. Je ne voulais pas en faire trop avant de lui avoir parlé sérieusement. Je voyais qu’elle s’interrogeait sur ma réserve, alors que j’étais encore si empressé quelques jours auparavant.
 
Je dus somnoler un peu car l’appel de Lisandela donna l’impression de me réveiller. Alors que les autres chargeaient leurs affaires et se dirigeaient à la suite de l’elfe de sang, je leur fis signe de ne pas m’attendre. Je voulais quelques instants de solitude pour faire mes adieux à la jolie illusionniste.
« Valérian…
- Oui, chère Eliora ?
- Je n’irai pas plus loin et t’attendrai là, déclara-t-elle d’une voix calme mais tendue.
- Je comprends… j’essaierai de faire au plus vite mais je ne sais pas combien de temps cela prendra ni ce que l’on exigera de nous, lui dis-je doucement.
- Je t’attendrai ici deux semaines, ensuite je partirai.
- Où iras-tu ? Où pourrais-je te retrouver ?
- J’irai à Grand-Foire, à l’auberge du Saule et du Sylphelin.
- D’accord… je connais. Eliora…
- Tais-toi et va rejoindre tes amis, murmura-t-elle. Ils ont besoin de toi pour sauver le monde encore une fois. »
Une légère amertume pointa dans sa voix
Je la serrai très fort contre moi, puis, comprenant qu’elle attendait plus que cela, je l’embrassai en y mettant toute la tendresse que je ressentais pour elle. La passion attendrait son tour.
Un peu rassérénée, elle me lâcha et me poussa gentiment dans la direction empruntée par le reste du groupe. Après un dernier regard appuyé, je filai pour les rattraper.
 
J’arrivai alors que Lisandela passait la lisière, suivit par Pelenas et la Rose, Belisiel et Ghorghor. Pour une fois, j’assurai l’arrière-garde. Malgré notre appréhension, nous dépassâmes les premières frondaisons en nous enfonçâmes dans le bois. Immédiatement, nous eûmes l’impression de pénétrer dans un autre monde. Les couleurs et la lumière étaient assombris ; les arbres immenses faisaient peser sur nous toute leur masse végétale. Plus loin, les stridulations des insectes et les cris des oiseaux retentissaient, tous sur un mode plaintif et lancinant, et attestaient de la vie foisonnante des lieux. Dans cette ambiance lourde et oppressante, nous nous sentions tout petit. Et terriblement étrangers.
 
Après environ deux heures de marche dans cet environnement dérangeant, nous rencontrâmes trois elfes de sang qui semblaient nous attendre au milieu du sentier. Celui du centre était vêtu noblement, il se dégageait de lui une impression de puissance et de dureté. Les deux autres étaient visiblement des combattants chargés de sa sécurité.
Lisendela s’arrêta, visiblement troublée.
« Noble Kalourin, c’est un honneur, déclara-t-elle.
L’intonation de sa voix n’avait pu dissimuler son étonnement.
- Je sais que vous portez la Rose éternelle. Il ne sied guère que des étrangers pénètrent dans notre royaume et se charge d’une mission aussi importante. Confiez-moi l’objet, j’irai le remettre moi-même à sa majesté.
Le ton était coupant et l’elfe avait visiblement l’habitude d’être obéi. Mais cette fois, il allait tomber sur un os. Un très gros os.
Lisendela semblait indécise. Pelenas, Ghorghor et moi-même nous tournâmes vers notre diplomate afin qu’elle fasse entendre notre voix. Toutefois, ladite Dame Belisiel Hautevoix semblait l’avoir perdue, sa voix. Elle était visiblement  partagée entre sa mission et sa volonté d’éviter un grave incident diplomatique avec un conseiller de la reine. Ce fut finalement notre armurier qui répondit, sans s’embarrasser de politesse superflue.
«  Ben non, c’est notre mission, dont nous allons la mener jusqu’au bout et remettre cette objet à la reine.
- Je vous le demande une seconde fois : remettez-moi la Rose ou subissez les conséquences de votre arrogance, étrangers.
Si sa voix avait pu couper et ses yeux brûler, nous ne serions déjà plus que des morceaux fumants.
Pour ma part, je trouvai le bonhomme bien trop assuré avec seulement deux gardes et je commençais à tourner sur moi-même pour chercher d’autres elfes dissimulés. Je ne vis rien mais trouver des elfes de sang dissimulés dans le Bois de Sang était tout sauf facile.
 
Kalourin ayant compris qu’il n’obtiendrait pas la Rose par sa seule autorité, il ordonna l’attaque. Immédiatement, les deux gardes nous chargèrent et des traits meurtriers volèrent vers nous des deux côtés, nous blessant cruellement. J’écopai moi-même d’un projectile qui manqua de me faire trébucher de douleur. Même s’ils semblaient de bons combattants, les deux gardes déployés au centre ne m’apparaissaient pas être le vrai danger. Ils étaient plutôt là pour nous fixer pendant que leurs copains archers nous transformaient en pelotes d’épingles. Je fonçai sur le flanc gauche et dérangeai un archer qui me visait. Il n’eut d’autre choix que de lâcher son arc pour sortir son épée. Quelques mètres plus loin, une second archer fit de même et vint prêter main forte à son compagnon d’armes. Un troisième archer se rapprocha de notre combat et commença à me viser posément. Les cris et grognements de douleur que j’entendais derrière moi n’auguraient rien de bon pour notre groupe. Il me fallait donc me surpasser et me défaire rapidement de ces trois adversaires pour aller les aider. Je portai un coup vif à mon premier opposant qui le blessa grièvement et le repoussa puis je me déplaçai pour interposer le second entre moi et l’archer avant qu’il ne décoche sa flèche. J’esquivai souplement l’attaque du second adversaire et pivotai pour placer une nouvelle blessure à celui que j’avais déjà blessé, histoire de faire bonne mesure. Pendant ce temps-là, l’archer essayait de m’ajuster, mais en vain. Enfin débarrassé du premier combattant, je manœuvrai pour passer sous l’attaque du second et le contourner et je me retrouvai au contact de l’archer, fort surpris de ma technique. Quelques passes d’armes plus tard, les deux elfes gisaient à terre et je fonçai vers mes compagnons.
 
Belisiel, Pelenas et Lisendela tenaient le centre contre les deux gardes et un archer. Elles combattaient vaillamment mais il était évident que les blessures s’accumulaient et que les choses risquaient de tourner mal. Plus loin, dans les fourrés, Ghorghor bataillait contre les archers déployés sur notre flanc droit. Je me tournai vers les combattants elfes, eux aussi mal en point. Constatant que le conseiller n’était pas en vue, je parvins à convaincre ses deux gardes qu’il était temps pour eux de partir également. Nous allâmes ensuite porter secours à notre armurier qui était mal en point. Bientôt, nous étions maîtres du champ de bataille, mais à quel prix ! J’étais le seul à être encore en capacité de supporter un nouvel affrontement. Les trois femmes étaient gravement blessées, mais le pire était Ghorghor qui  tenait à peine debout. À voir ses multiples blessures et son air grimaçant, il faisait passer les elfes de sang pour des plaisantins.
 
Lisendela, encore sous le coup du choc de l’agression, se tourna vers nous avec un air accablé.
« Il faut se dissimuler au plus vite car des renforts vont arriver.
- Ne pouvons-nous pas trouver protection chez votre conseiller ? demandai-je
- Vous ne comprenez pas la situation. C’est normal car vous ne savez pas qui est Kalourin, répondit-elle dans un souffle.
- Et qui est Kalourin ?
- Le conseiller chargé de la défense. Il peut lancer tous les guerriers contre nous, surtout maintenant que nous avons tué des elfes de sang. Nous sommes des agresseurs et le Bois est contre nous.
- Bref, on est mal, parvint à articuler Ghorghor avec un sens du raccourci évident.
- Mais tout n’est pas perdu. Je suis une éclaireuse et je connais le Bois comme personne. Nous allons passer par là où personne ne nous attend ».
Étrangement, sa proposition sonnait comme de nouveaux ennuis.
 
À suivre…      
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Chapitre 63 - En route vers le Bois de Sang
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