Lions de Metal
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Suivi de la campagne Earthdawn des Lions de Pierre, 6ème saison.
 
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 Chapitre 46 - Les amants d'Astendar

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Valérian
Éclaireur humain et questeur d'Astendar
Valérian


Messages : 842

Chapitre 46 - Les amants d'Astendar Empty
MessageSujet: Chapitre 46 - Les amants d'Astendar   Chapitre 46 - Les amants d'Astendar Icon_minitimeDim 10 Avr - 12:28

Chapitre 46 – Les amants d'Astendar
 
Notre groupe approchait silencieusement des ruines. Nous dépassâmes les vestiges d'un mur d'enceinte et découvrîmes le dôme fissuré d'un autel des Passions à quelques dizaines de mètres de là. T'saslinka et moi étions en tête, tous les sens aux aguets. Je trouvais l'endroit trop calme et je pressentais un piège. De son côté, la t'skrang s'approcha d'une fontaine encore debout puis éternua, faisant sursauter une partie du groupe. Une seconde plus tard, une énorme créature insectoïde lui tombait dessus et la lacérait de ses griffes sans lui laisser le temps de réagir. T'saslinka tomba sans un bruit dans l'herbe déjà rougie de son sang. Thregaz poussa un cri de défi et de fureur puis chargea la créature. Celle-ci se détourna de sa proie et pivota vers son nouvel adversaire mais ne put éviter le terrible coup porté par le troll qui la repoussa vers l'arrière avec une stridulation de douleur. Thregaz avança à nouveau vers elle mais la créature fit un déplacement latéral puis, d'un mouvement vif, s'empara du corps inanimé de T'saslinka et grimpa prestement dans l'arbre duquel est avait chu, esquivant au passage une nouvelle attaque du troll.
 
Le reste du groupe arriva, Kat'sika en tête. La maîtresse d'armes s'élança dans l'arbre à son tour, poursuivant la créature. Ghorghor, peu à l'aise dans cet environnement difficile, jeta un regard furieux à l'arbre puis examinai les environs d'un œil vigilant pour éviter toute nouvelle attaque-surprise. Afiriz, en retrait, se tenait prête à tisser le sortilège adéquat.
 
De mon côté, je laissai mes compagnons gérer ce combat, ils étaient suffisamment nombreux. Je doutai que cette créature soit seule et je fouillai la jungle de mon regard acéré. Je ne m'étais malheureusement pas trompé puisque je repérai bientôt une seconde créature dissimulée dans un arbre qui surplombait les ruines de l'autel. Dans l'espoir de focaliser son attention, je cherchai son regard. Cette dernière recula lentement, consciente d'avoir été repérée.
 
Plus loin, Kat'sika arriva au niveau de la première créature dans son arbre. Elle s'apprêtait à goûter à la chair de T'saslinka mais tourna son attention vers la nouvelle proie qui montait à sa rencontre et l'accueillit d'une série d'attaques rapides. La t'skrang, peu mobile du fait de son ascension, encaissa la plupart des coups et manqua lâcher prise. Rageur, Thregaz prit quelques pas d'élan et effectua un saut vertical de près de huit mètres pour asséner un coup violent au monstre qui fut délogé de son arbre et se reçut durement au sol. Alors que Kat'sika, grimaçant de ses blessures, descendait le corps de T'saslinka, les autres achevèrent la créature avant qu'elle ne récupère de sa chute.
 
Percevant certainement le cri d'agonie de son congénère, le second monstre quitta prestement sa position et disparut dans la jungle. À mon tour, j'escaladai l'arbre le plus proche pour prendre de la hauteur et avoir une meilleure vision de la zone. Je retrouvai bien vite la créature qui effectuait une manœuvre de contournement pour arriver sur le flanc du groupe. Je hurlai un avertissement à mes compagnons puis entrepris, à mon tour, une manœuvre pour parvenir dans le dos de la créature.
Moins d'une minute plus tard, le monstre jaillit de la végétation et se jeta sur Ghorghor, ce qui était une très mauvais idée car ce dernier était prêt au combat et avide d'en découdre. Le nain tint bon face à l'avalanche de coups et ne récolta que quelques griffures sans gravité. Thregaz et Kat'sika arrivèrent pour soutenir notre armurier, pendant qu'Afiriz s'occupait d'une T'saslinka très mal en point.
J'arrivai alors dans le dos de la créature et m'accordai deux secondes d'observation. Je repérai un défaut d'armure chitineuse dans le bas du dos et lui plantai mon arme à cet endroit précis. Elle n'apprécia pas du tout et poussa un cri de douleur puis chuta, incapable de tenir debout. Les trois autres combattants en profitèrent pour lui délivrer une grêle de coups qui eut bientôt raison de sa résistance, ne laissant qu'un amas de chitine et de fluides.   
 
Après un rapide repos, Kat'sika et moi entreprîmes une rapide reconnaissance de l'intérieur de l'autel. Pendant ce temps, les elfes préparaient le campement, sous la garde vigilante de Ghorghor et Thregaz. De son côté, Afiriz continuait de prodiguer des soins à une T'saslinka qui se remettait doucement de sa rencontre hostile.
 
L'autel évoquait un style plutôt théran et était dédié à trois Passions. La première, et visiblement la plus importante de ce lieu anciennement consacré, était représentée par un homme-arbre que j'identifiai comme étant Jaspree. Le second était un vaillant justicier et arborait tous les attributs de Mynbruje. La troisième, enfin, était un couple d'amoureux et j'y vis là un hommage à ma Passion d'adoption, Astendar.
Il y avait également quelques statues en mauvais état, essentiellement des créatures mi-homme mi-animal autour du bâtiment, dans ce qui était autrefois un jardin et qui était désormais un espace sauvage envahi d'arbres.
 
Après avoir allumé une torche, je m'engageai prudemment dans les escaliers descendants. La pièce principale était vaste, poussiéreuse et desservait trois alcôves, chacune dédiée à une Passion. Les murs étaient recouverts de feuilles métalliques désormais oxydées. Toutefois, le plus étonnant était le squelette énorme qui occupait une bonne part de la salle. Je ne parvins pas à identifier le type de créature et Kat'sika était tout aussi perplexe que moi. Comment une créature de cette taille avait-elle pu entrer dans l'autel ? Les escaliers n'étaient pas suffisamment larges pour laisser le passage à un visiteur d'une telle taille.
Plus je m'en approchais et plus je sentais comme une aura de malignité et de danger. Ces os énormes, étranges et torturés, ne m'évoquaient rien et je doutais qu'une créature animale possède un tel squelette. Selon moi, ce squelette était celui d'une Horreur et cela n'augurait rien de bon en ces lieux. 
 
Évitant largement les ossements corrompus, je me rendis à l'alcôve d'Astendar. La t'skrang, très méfiante, était sagement restée sur la dernière marche et demeurait vigilante, ne quittant pas du regard le squelette.
Le lieu dédié à la Passion des Arts et de l'Amour était assez bien préservée. Ses murs montraient un bas-relief, encore lisible, qui détaillait la scène d'un mariage joyeux et débridé. Au milieu de l'alcôve, touchant presque le mur du fond, une imposante statue représentait un couple d'amoureux enlacés. Je l'étudiai attentivement et, notamment, je recherchai la possibilité de mettre les anneaux aux doigts des personnages représentés. Le fait que les anneaux qui nous avaient permis d'arriver ici s'appellent les Amants d'Astendar ne pouvait pas être une coïncidence. Je ployai le genou et adressai une prière à ma Passion puis quittai l'endroit.
Contournant autant que possible le squelette, j'allai ensuite voir les autres alcôves mais, hormis un statuaire en meilleur état qu'à l'extérieur et des bas-reliefs évocateurs de leur domaine respectifs, je ne remarquai rien de notable. Nous quittâmes les lieux et retournâmes au camp.
 
En même temps que je racontai aux autres ce que j'avais trouvé et mon hypothèse concernant les anneaux, je procurai quelques soins aux blessés. Nous prîmes ensuite un repas et une heure de repos. J'en profitai également pour faire le point avec les ex-esclaves. Ces derniers avaient bien compris que nous étions à la recherche de quelque chose mais ne savaient pas quoi et s'inquiétaient de participer à une quête sans fin alors qu'ils auraient préféré quitter cette jungle dangereuse. Je leur appris que nous étions à la recherche d'un trésor et qu'ils auraient leur part s'ils se montraient loyaux. À l'idée de repartir libres et riches, les sourires fleurirent et ils me promirent obéissance, même si une certaine méfiance demeurant dans certains regards. Des années d'esclavage ne s'oublient pas en un jour et la confiance se gagne sur la durée.
Nous laissâmes le camp et le corps de T'saslinka à la garde des elfes puis repartîmes en direction de l'autel des Passions.
 
Une fois dans la vaste salle principale, le groupe observa un silence prudent face aux ossements de l'Horreur. Grâce à sa vision astrale, Afiriz confirma que la corruption habitait bien le squelette. Plus inquiétant, elle indiqua également que celle-ci s'était répandue vers l'autel d'Astendar et semblait s'y déverser.
De manière précautionneuse, Kat'sika et moi allâmes placer chacun un anneau au doigt des statues des amants. Un claquement sourd débloqua le socle de la statue qui s'éleva d'une dizaine de centimètres, ce qui permit de la pousser sur la côté et de révéler un nouvel escalier qui s'enfonçait dans les ténèbres.
Éclairé de torches, le groupe descendit une volée d'une vingtaine de marches et foula bientôt un sol de terre battue. Au fond de la salle, un squelette de t'skrang était recroquevillé contre le mur.  
 
Afiriz, qui était restée en vision astrale, fut prise dans un flux d'énergie magique néfaste et vacilla. Elle se sentit faible et les sens brouillés. Quelques secondes plus tard, le squelette t'skrang se releva et une voix sépulcrale et venimeuse jaillit de son corps. "Assassin ! Traître !" nous apostropha-t-elle.
Elle s'adressait surtout à Kat'sika qui l'observait avec un mélange de crainte et de curiosité. Nous en déduisîmes qu'elle avait certainement fait partie de l'équipage de Verte-Crête et que ce dernier l'avait trahie. Kat'sika lui affirma que ce dernier était mort. La défunte voulait une preuve et Kat'sika alla récupérer la dague que T'saslinka avait volé à Langue-Jaune.
 
Je profitai de l'intermède pour prendre contact avec ma princesse personnelle.
"Mira ? J'aurais besoin de tes services, s'il te plaît.
- Hm ? Mais bien sûr, mon chéri ! Que te faut-il et qu'est-ce que j'y gagne ?
- Hé ?! Tu vas me faire payer chacun de tes services ?
- Et pourquoi pas ? Il faut bien que j'y trouve mon compte, non ? De plus, il me semble que tu es contre l'esclavage, non ?"
Furieux, je coupais le contact. Je commençais à avoir envie de balancer cette ingrate dans un marais où elle pourrait y attendre la prochaine Horreur de passage.
Trois secondes plus tard, elle rétablissait le contact d'elle-même, confirmant ainsi certaines de mes craintes quant à ses capacités intrusives.
"Tu n'es vraiment pas drôle, Valérian. On va dire que je vais t'aider et que l'on verra plus tard pour ma récompense. Je te fais crédit, ça te va, mon chéri ?
- Je ne vois pas trop la différence.
- Moi non plus mais qu'importe. À ce sujet, qu'est-ce que tu penses de la petite elfe que vous avez récupéré chez les thérans ? Elle est plutôt mignonne, non ? Qu'est-ce que tu en dis si je m'introd…
- Mira ! C'est vraiment pas le moment !
- Pfff ! C'est jamais le moment avec toi ! Tu es sûr que tu es vraiment questeur d'Astendar ?
- J'en doute aussi parfois… On peut revenir au présent là ?
- Oui, grand chef !
- (soupir) Qu'est-ce que tu peux me dire sur cet endroit ? Afiriz a repéré un flux d'énergie corrompu dans le coin.
- Voyons voir… (quelques secondes s'écoulèrent). Ah oui ! Vous êtes entouré d'une zone d'énergie malfaisante qui s'écoule de la salle du haut, du grand squelette.
- Génial… et de quoi doit-on se méfier ?
- Du squelette de la t'skrang face à vous, elle constitue le réceptacle principal de la corruption. Sans doute aussi de tous les corps enterrés sous le sol.
- Bon, c'est vraiment pas un coin sympa, quoi…
- Je vois que tu as compris la situation, mon chéri. À titre personnel, je te conseille de sortir et d'aller discuter avec la petite elfe.
- Ben voyons ! Merci Mira.
- Toujours à ton service Valérian, ajouta-t-elle avec un grand sourire mental."
 
Kat'sika revint au moment où je mettais fin à notre conversation, la dague à la main. Une fois la preuve sous les yeux, le squelette s'adressa à nouveau à nous.
" Tsss… Bien, vous nous avez vengés. Je pensss que nous pouvons faire affaire. Je sssuis – ou plutôt j'étais -   Aychasssu, la femme de Verte-Crête. Ce ssssalopard m'a tué alors que je l'aidais à mettre son tréssssor à l'abri. Je vous proposssss de partager ssson tréssssor en échange d'une faveur.
- Et à combien se monte ce trésor ? s'enquit Kat'sika, ne cherchant même pas à masquer la cupidité qui l'animait.
- À environ 25.000 pièssses d'argent, répondit le squelette de celle qui fut la compagne du célèbre capitaine pirate.
- Seulement ? m'étonnais-je avec une pointe de déception.
- Sss'est quand même une belle somme, non ? Vous avez mieux à proposssser dans le coin ? s'énerva le squelette.
- Ben, pour un énorme trésor d'un pirate célèbre, c'est pas folichon quand même, insistais-je.
- Si t'en veux pas, tu peux laisser ta part aux autres, commenta Kat'sika.
Je consultai du regard Thregaz et constatai qu'il était du même avis que moi.
- Je crois que c'est ce que je vais faire. Amusez-vous avez votre truc, moi je remonte.
- Pareil que Valérian. C'est naze !" renchérit le troll qui aida Afiriz, toujours sonnée, à retourner à l'extérieur.
Nous laissâmes Kat'sika et Ghorghor gérer la tractation et compter les pièces. Nous avions à nouveau commis l'erreur de laisser le nain négocier. J'allais vite le regretter.
 
Au bout de deux heures, nous entendîmes les autres remonter. J'en avais profité pour refaire les pansements de T'saslinka qui allait un peu mieux. Elle avait repris connaissance et pouvait marcher avec précaution. J'avais aussi reluqué l'elfe avec un œil différent. C'est vrai qu'elle était plutôt pas mal. Je chassai les pensées qui me venaient - tout en espérant que ce soit bien les miennes - et redescendit dans l'autel des Passions.
Ghorghor et Kat'sika remontaient avec des coffres, l'air satisfait. Pour ma part, la seule chose qui m'intéressait était de récupérer les anneaux d'Astendar. Ça serait ma part de trésor. Je croisai mes compagnons et me dirigeai vers la statue des amoureux lorsque je vis le squelette de la t'skrang émerger de l'escalier.
"Hé ! Qu'est-ce qu'elle fout là, elle ? questionnais-je Kat'sika alors qu'elle me dépassait.
- Elle ? Ben… tu vois, elle sort.
- Comment ça, elle sort ?! répondis-je, interloqué.
- Ça fait partie du marché qu'on a passé. Elle nous laisse un tiers du trésor et nous on la laisse sortir. Si t'es pas content, fallait rester négocier avec nous au lieu de remonter pour bouder, rétorqua la maitresse d'arme t'skrang sur un ton peu amène.
- Non mais ça va pas la tête ?! On va pas relâcher des morts-vivants corrompus en pleine nature !
- Je t'en prie, va lui expliquer ta position mon grand, répondit-elle en continuant à monter les escaliers qui menaient à l'extérieur.
 
Je me tournai alors vers le squelette qui me fixait de ses orbites creuses où pulsait une lueur verdâtre
de mauvais augure. Si elle avait eu des sourcils, je ne doute pas qu'ils auraient été méchamment froncés à mon encontre.
Je m'avançai vers la statue pour y récupérer les anneaux. J'en récupérai un mais Aychasu s'empara du second avec prestesse. Le mécanisme de la statue ne broncha pas, laissant l'ouverture béante.
Je posai la main sur la fusée de mon épée dans un geste que j'espérais intimidant.
" Halte ! Vous ne passerez pas !
- Tsss ! Méchant humain qui ne ressspecte pas le contrat passssé ! Encore un traître ! siffla-t-elle avec malveillance.
- Je n'ai rien passé du tout et vous allez me donner cet anneau !
- Non ! Nous voulons sssortir ! Être libres. Plus de prissson ! Donnes anneau et part avec trésssor ou meurt ! répondit-elle d'une voix désormais menaçante.
Thregaz arriva sur ces entrefaites, attiré par la virulence de notre échange et sentant que quelque chose tournait mal.
Je sortis Griffe de son fourreau alors qu'Aychasu incantait un sortilège avec une vivacité qui me déconcerta.
Pour avoir voyagé avec des lanceurs de sorts depuis plusieurs années, je savais qu'il existait quelques sortilèges qui ne demandaient pas de tissage et pouvaient être lancés rapidement mais celui-ci me prit vraiment par surprise. J'eus à peine le temps d'esquisser une esquive qu'une dague spectrale me traversa le crâne, laissant dans son sillage une douleur insupportable. Je tombai durement au sol, au bord de l'évanouissement. La squelette se pencha vers moi pour me prendre le second anneau mais dû réviser son intention en voyant Thregaz la charger.
La morte-vivante se rendit alors intangible et incanta un rapide rituel pendant que l'écumeur du ciel troll tentait vainement de l'atteindre de son arme. Des bruits de terre puis de mouvements rapides se firent bientôt entendre dans le sous-sol.
 
Mal en point, je me relevai pourtant. Le fait de voir l'un des anneaux d'Astendar dans la main d'un squelette et d'imaginer l'autel bientôt envahi par des créatures mortes-vivantes me plongea dans une  fureur peu coutumière. Je guettai le moment où Aynchasu reprendrait consistance afin de tenter de récupérer le second anneau et refermer le passage. Toutefois, la carrure massive de Thregaz occupait presque tout l'espace de l'alcôve. Je choisi alors de bondir entre les jambes de mon ami et de frapper la main du squelette.
La témérité dans un combat n'a jamais été l'un de mes traits distinctifs et ce n'est pas sans raison. Sans doute fourvoyé par la colère, je dosai mal mon attaque et, surtout, j'oubliai de prévenir Thregaz de ma manœuvre. Au final, je ratai la main de ma cible au moment-même où Thregaz assénait une violente frappe verticale destinée à ouvrir la créature en deux. Celle-ci se rendit à nouveau intangible et le coup la traversa pour finir dans mon dos, à la consternation de mon compagnon d'arme, fort dépité.
 
La douleur fut trop forte et des ténèbres un peu trop familières m'accueillirent avec bienveillance.
 
Bien qu'absent, j'appris par la suite que le reste du groupe accourut pour aider à repousser les morts-vivants. Kat'sika se campa devant l'ouverture pour empêcher les locataires du sous-sol de sortir mais fut repoussée puis mise à terre alors que les cadavéreux se déversaient dans la salle principale. Ghorghor et Afiriz déplacèrent des ossements de l'Horreur pour tenter de neutraliser le flux de corruption mais n'y récoltèrent que de cruelles blessures.
Mon corps et celui de Kat'sika furent évacués de l'alcôve en catastrophe par Thregaz, puis remontés à la surface par Afiriz, alors que T'saslinka, à peine remise de son précédent combat, accourrait pour prêter main-forte à Ghorghor et Thregaz qui peinaient à contenir la marée des cadavéreux. Les aventuriers décidèrent de se concentrer sur Aychasu et les autres morts-vivants en profitèrent. L'écumeur du ciel tomba sous l'accumulation des blessures mais se releva pourtant, bouillant du sang de feu, et reprit le combat avec une détermination qui confinait au désespoir.
 
De mon côté, je repris connaissance dans des circonstances étranges et pas du tout désagréables. On me prodiguait un baiser à la fois tendre et vigoureux. Si ce bouche-à-bouche était médicalement discutable, la maîtrise avec laquelle il était pratiqué était indéniable, tout comme les effets sur mon moral. Les brumes de mon évanouissement furent rapidement dissipées et je prolongeai la douceur de l'instant. J'entrouvris les yeux pour constater que c'était l'elfe Faliniaë qui était penché sur moi. Elle se recula un instant, le temps d'un sourire, d'un clin d'œil et d'un "ça va mieux, mon chéri ?" Mira, bien sûr ! Elle avait usé de ses pouvoirs afin de posséder le corps de l'ex-esclave elfe et trouvait enfin le moyen de me témoigner sa reconnaissance. Après tout, le mal était fait, autant profiter de l'instant.
Tout aurait été parfait sans un désagréable bruit de fond. Des cris, des sifflements, des bruits métalliques. Mais pourquoi fallait-il que des gens se battent lors d'un moment aussi suave ? Quelque chose titilla bientôt mon esprit. Une urgence peut-être ? Un combat ? Quel combat d'ailleurs ?
Bon sang ! Les morts-vivants ! Les copains ! L'autel d'Astendar ! Je me redressai vivement et titubai alors que mes douleurs revenaient à la charge. Les baisers de la belle m'avaient fait oublier que j'étais encore en piteux état.
L'elfe sur mes talons, je me dirigeai aussi vite que possible vers les bruits.
 
La liche avait fini par être détruite sous les assauts mais les cadavéreux, passée une seconde d'hésitation, n'avaient pas relâché pas la pression. Pourtant, leurs attaques manquaient désormais de concertation et tout sens tactique les avait désertés. Les aventuriers encore en état de se battre redoublèrent d'ardeur et les cadavéreux commencèrent à tomber, les uns après les autres.  
 
J'intervins à cet instant, juste à temps pour achever l'un des derniers morts-vivants encore debout. Un acte aussi symbolique que futile pour participer à l'effort collectif.
Le combat avait été violent et tout le monde était gravement blessé. Thregaz tenait à peine debout et était couvert de sang. Cela pouvait difficilement être celui des morts-vivants.
Seul Ghorghor semblait encore dans un état acceptable mais la fatigue sur son visage valait tous les discours sur l'âpreté du combat. Nous étions passés tout près de la catastrophe et j'en avais ma part de responsabilité avec mon impétuosité maladroite.
 
Après quasiment une journée passée à se soigner et se reposer, nous fouillâmes attentivement le souterrain sous l'autel d'Astendar, histoire de s'assurer qu'il n'y avait plus de cadavéreux et de remonter le reste du trésor. Nous constatâmes alors qu'Aychasu avait menti et que le trésor était autrement plus conséquent. Nous passâmes des heures à sortir les pièces d'argent et d'or, joyaux, objets d'art et même des pièces élémentaires, puis à en faire l'inventaire. Nous estimâmes que l'ensemble devait dépasser les 200.000 pièces d'argent.
Là, d'accord, c'était un vrai trésor. Quelque chose en adéquation avec la réputation de Verte-Crête.
 
Il fallut près d'une semaine pour que tout le monde soit en forme, soigné de ses blessures et guéri des maladies. La découverte d'un ruisseau d'eau claire à proximité des ruines et l'édification d'un abri sec permit au groupe de reprendre des forces dans de meilleures conditions. La zone était également giboyeuse et je pus ramener de quoi reconstituer un petit stock de provisions.
 
Durant cette semaine également, Falianiaë – ou plutôt la princesse Miraëlan – eut de multiples occasions pour me prouver son attachement. À moins que ce ne fut simplement de la fringale amoureuse après plusieurs siècles de désincarnation.
Bien évidemment, ma conscience me titillait et je savais que ce n'était pas bien pour Faliniaë. Ce qu'elle subissait était un viol mental doublé d'un viol physique. Mais tout mon corps, sevré depuis plusieurs mois de tout câlin, et tout le reste de mon esprit aspirait à cette parenthèse sensuelle et les cris de ma conscience furent mouchés comme la flamme d'une bougie dans un ouragan.  
 
Toutefois, son changement d'attitude ne manqua pas de troubler mes collègues et, plus encore, les autres elfes. Je dus me fendre d'un brin d'explication, sous le regard indifférent, quoique légèrement amusé, de Mira. De leurs côtés, les elfes semblaient désormais se méfier de moi et me craindre. Si le comportement de Faliniaë envers moi pouvait se comprendre, ils ne s'expliquaient pas le changement d'attitude générale de la jeune elfe qui se montrait désormais aussi arrogante et hautaine qu'elle était serviable et effacée auparavant. Plus question pour elle de faire la moindre tâche domestique ; bien au contraire, elle donnait des ordres aux autres. Cela ne la rendit guère populaire mais elle semblait s'en moquer et réservait ses seules paroles aimables à mon encontre. Le pire, c'est qu'elle parvenait à ses fins la plupart du temps et son ton péremptoire qui ne souffrait nul réplique fonctionnait à merveille sur les anciens esclaves. Bien évidemment, elle avait rapidement compris que sur les trolls ou sur les autres aventuriers, c'était peine perdue. Mais elle avait désormais sa petite cour d'esclaves et cela était suffisant. Pour le moment.  
 
Lors d'un repas, je pris la parole pour soumettre une idée.
"Thregaz et Ghorghor, j'aurais besoin de votre aide pour tenter de briser le squelette de l'Horreur.
- On peut essayer mais pourquoi faire ? s'étonna le troll.
- J'avais dans l'idée de les virer dans le souterrain sous la statue des Amants enlacés et de refermer le passage. Cela permettrait de confiner la corruption et de pouvoir purifier l'autel.
- Pourquoi pas, mais on fait ça comment ? demanda Ghorghor.
- Avec vos armes et votre force, ça devrait être faisable, non ? Sinon, on peut bricoler des armes contondantes avec des rochers du coin.
- Je ne pense pas que ce soit une bonne idée, intervint Afiriz. C'est prendre beaucoup de risques pour pas grand-chose. Le mieux est de revenir plus tard avec des questeurs de Jaspree et Mynbruje
- Et si d'autres personnes entrent dans le temple et sont corrompues ? interrogeais-je
- Visiblement, personne n'est entré avant nous depuis des années. Je ne vois pas pourquoi cela changerait, répondit la troll.
- Hum… avec les thérans dans le coin, ça me plaît quand même moyen.
- Les thérans ne sont pas stupides et ils n'aiment pas plus les Horreurs que vous. Ils n'auront aucune raison de rester dans le coin."
Cette fois, c'était Mira qui m'avait répondu. Son ton était posé et neutre mais j'avais surtout retenu le "vous" dans sa phrase. La princesse était déjà ressortie et la thérane commençait également à le faire. À quand la sorcière ?
Je me rendis à leurs arguments conjugués en haussant les épaules. Je m'en voulais, néanmoins, de laisser derrière moi un autel d'Astendar dans cet état.

 
   
 
 
  


Dernière édition par Valérian le Lun 23 Mai - 18:38, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Chapitre 46 - Les amants d'Astendar   Chapitre 46 - Les amants d'Astendar Icon_minitimeLun 23 Mai - 15:17

Si je peux me permettre, le béhémoth theran n'allait pas vers le nord, mais vers l'est.

Pour des raisons de cohérence de la chronologie, et afin de rendre cette vision de l'arrivée des thérans plus intéressante, est-ce que cela vous dérange de la situer à la fin de la semaine de repos/fouille du trésor ?
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MessageSujet: Re: Chapitre 46 - Les amants d'Astendar   Chapitre 46 - Les amants d'Astendar Icon_minitimeLun 23 Mai - 18:35

Ah ben zut alors ! J'étais presque sûr que c'était vers le nord, vu que j'avais pensé au kaër dans la foulée.
ça fout toute mon explication à 2 balles à la rue, du coup...

Pas de souci, je fais les modifs dans le textes.
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MessageSujet: Re: Chapitre 46 - Les amants d'Astendar   Chapitre 46 - Les amants d'Astendar Icon_minitime

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