Lions de Metal
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Suivi de la campagne Earthdawn des Lions de Pierre, 6ème saison.
 
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 Chapitre 65 - La cour d'Alachia

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Valérian
Éclaireur humain et questeur d'Astendar
Valérian


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MessageSujet: Chapitre 65 - La cour d'Alachia   Chapitre 65 - La cour d'Alachia Icon_minitimeMer 23 Jan - 21:09

Chapitre 65 – La cour d’Alachia


 
Après avoir trouvé un emplacement pour établir un campement, le reste de la journée fut consacré à la sécurisation de l’endroit et aux soins apportés à notre miraculée.
Le lendemain, Dame Hautevoix était tout juste capable de marcher. Cela n’allait certainement pas améliorer notre capacité de déplacement ni notre aptitude à semer nos poursuivants. J’interrogeai Lisandella quant à la durée restante du voyage.
« Il nous faudra trois à quatre jours pour arriver à la cour de la Reine. Peut-être un peu plus si nous n’avançons pas vite », répondit-elle après un regard inquiet coulé en direction de la diplomate naine. J’espérai sincèrement que les efforts entrepris pour sauver Dame Hautevoix n’allaient condamner tout le groupe et notre entreprise.
 
Le trajet de la journée se déroula sans incident notable mais fut assez éprouvant. D’une part, Belisiel imposait un rythme ralenti au groupe, même si tout le monde voyait qu’elle souffrait et prenait sur elle pour avancer vaille que vaille. D’autre part, du fait que nous approchions de la cour elfique, les foyers de population et les patrouilles se faisaient plus nombreux et nous obligeaient à de constants changements de direction.
 
La nuit vint alors que nous étions dans un endroit  peu approprié. Une zone de forêt clairsemée au sol gorgé de sang qui distillait une odeur écœurante et entêtante. Il est certaines choses auxquelles nous ne parvenions pas à nous habituer et la présence constante du sang en faisait partie.
Pendant que mes compagnons se tassaient de leur mieux sur un petit monticule bordé d’épineux, j’envisageai  une possibilité pour éviter les conditions assez détestables de repos dans ce milieu. Je m’en entretins avec notre éclaireuse.
« Lisandella, est-ce qu’il y a un danger particulier à dormir dans un arbre ici ?
- Ici ? Pas vraiment… répondit-elle après un coup d’œil aux alentours. Méfiez-vous tout de même des lianes qui pourraient vous étouffer pendant votre sommeil.
- D’accord. Si je trouve un coin sans liane, cela ira ?
- Disons que vous ne serez ni plus ni moins en danger que nous au sol… », répondit-elle avec un léger sourire fataliste.
 
Quelques heures plus tard, le camp était silencieux et la forêt bruissait des mille et un chuchotements nocturnes que je peinais encore à identifier, même après plusieurs semaines passées dans cette forêt. Le Bois de Sang était vraiment un endroit à part, aussi répugnant et dangereux que fascinant et merveilleux.
Pourtant, le calme relatif que je percevais depuis un petit moment m’intrigua et mobilisa toute ma vigilance. Je m’étais installé à mi-hauteur, dissimulé derrière un feuillage ocre. La position me semblait idéale pour surveiller à la fois les alentours et mes amis.
Je perçus bientôt des bruits dans les buissons et des voix murmurantes. Une patrouille elfe était en approche et remontait notre piste, menée par un loup de sang. Je lançai ma gourde au milieu du camp pour prévenir silencieusement mes compagnons d’armes. Ce fut Pelenas qui fut réveillée la première. Elle comprit rapidement la situation et entreprit de prévenir discrètement le reste de la troupe puis de tisser un sortilège de dissimulation alors que les elfes de sang approchaient lentement.
De mon côté, j’armai lentement mon arbalète puis visai l’animal qui menait le groupe vers mes compagnons. Ces derniers, arrivant à proximité, semblaient perplexes. Les traces menaient à un petit monticule d’épineux où il n’y avait personne. Mais le loup n’était pas dupe du sortilège de l’élémentariste et commençait à avancer sur le monticule en grondant.
 
Il était temps pour moi de lancer une diversion et je décochai un premier carreau sur l’animal qui hurla de douleur, cruellement blessé dans le dos. Alors que les elfes se retournaient dans un bel ensemble pour chercher d’où venait l’attaque, je rechargeai rapidement puis tirai un second projectile, ce qui permit au loup de m’apercevoir. Il lança un éclair dans ma direction alors que le carreau l’atteignait à la gorge, le mettant définitivement hors de combat. Le projectile magique, hâtivement lancé, atteignit la branche sur laquelle je me trouvais et la fragilisa. Je profitai de l’opportunité et transformai le déséquilibre en une chute contrôlée vers le sol grâce à mon talent de marche des vents.
Dans le même temps, l’enfer se déchaîna sur les elfes de sang. Profitant de mon attaque, mes compagnons s’étaient déployés dans leur dos. Pelenas avait tissé un sortilège de boule de feu qu’elle avait projeté au milieu de nos poursuivants. Côté discrétion, on pouvait difficilement faire pire, mais pour ce qui était de l’efficacité en termes de dommages et de désorganisation, c’était sacrément bien vu. La déflagration, habilement placée, les blessa cruellement et les jeta à terre, accroissant encore la confusion. Les chasseurs qui croyaient nous surprendre étaient désormais désorientés, blessés  et divisés. Les autres aventuriers se jetèrent dans la mêlées pour empêcher des elfes de se ressaisirent.
 
Les choses tournaient nettement en notre faveur. Pour autant, une victoire par un massacre ne nous apporterait rien. Par ailleurs, je répugnais à tuer des elfes, même de sang. Je pensais avoir identifié les chefs de la patrouille : une mage de sang et une maîtresse d’armes. Je profitai à mon tour de la diversion déclenchée par mes amis pour foncer sur la combattante, plus proche de moi. Quelques enjambées plus tard, la maîtresse d’armes, encore à terre, se retrouva avec une lame sous la gorge. D’abord surprise, elle tenta de se soustraire à ma menace, mais en vain. Il était temps de jouer la carte de la diplomatie, d’autant plus qu’elle était jolie et que je n’étais jamais crédible bien longtemps quand j’essayais de jouer au méchant.
« Ne faites pas de bêtise ou vous allez m’obliger à vous faire très mal. » 
Elle ne répondit pas à me fixa d’un air mauvais. J’en profitai pour capter son regard et le tenir.
« Vos compagnons sont en train de perdre le combat et il va bientôt y avoir des morts si vous ne vous rendez pas rapidement. Je peux vous assurer que nous ne sommes pas vos ennemis et que je peux le prouver facilement. De grâce, rendez-vous pour éviter un massacre ! »
J’avais mis toute la conviction dont j’étais capable dans ma tirade afin d’en faire une supplique autoritaire. Ma tentative fit mouche et le doute s’insinua en elle. Elle jeta un coup rapide autour d’elle et constata que, effectivement, ses hommes étaient en fâcheuse posture. La mage de sang était, elle, à terre et hors de combat. Elle me jeta un nouveau regard puis capitula.
« Très bien… puis-je me redresser ?
- Bien sûr, mais ne faites pas de sottise.
- Arrêtez le combat, lança-t-elle à l’attention des elfes de sang, lâchez vos armes ou nous allons tous mourir ! »
De plus ou moins bonne grâce, nos adversaires obéirent à l’ordre de leur chef.
Elle se tourna ensuite vers moi avec un air interrogateur.
« Merci, vous avez fait le bon choix. Quoi que l’on ait pu vous dire ou ce que vous pensez, nous ne sommes pas vos ennemis. Pelenas, montres-leur pourquoi nous sommes là ! »
L’élémentariste récupéra la boîte dans son sac et l’ouvrit, dévoilant la Rose éternelle au regard des elfes de sang. Leurs visages reflétèrent l’incrédulité puis l’émerveillement. Je laissai passer une dizaine de secondes pour qu’ils comprennent bien la situation puis repris mon petit discours.
« Certains de vos dirigeants ont des visées politiques personnelles et ne veulent pas que ce soient des étrangers qui remettent ce présent à votre reine. Ils nous ont déjà attaqué et ils vous ont lancés, vous et d’autres, sur nos traces, nous accusant sans doute au passage de multiples crimes imaginaires. Nous vous jurons que nous n’avons d’autre but que de remettre ce sublime objet, ce témoignage d’amour et d’allégeance de votre peuple, à votre reine. Nous venons en paix et en alliés. De grâce, aidez-nous à accomplir notre mission et faisons abstraction de notre méfiance et de nos différences. »
Une fois encore, j’avais mis toute ma conviction dans mon petit discours. Ce qui m’était d’autant plus facile que j’en pensais chaque mot. Ses effets allèrent au-delà de mes espérances et la maîtresse d’armes à mes côtés se tourna vers moi et me déclara  que nous avions désormais une escorte pour atteindre le palais. 
 
À partir de là, les choses furent nettement plus faciles. Escortés par la patrouille d’elfes de sang, nous empruntâmes désormais les chemins et traversâmes les villages. Leurs habitants nous regardaient passer avec surprise, dans un premier temps, puis avec un certain trouble lorsqu’ils constataient que nous n’étions pas prisonniers et que nous disposions toujours de nos armes. Nous passâmes la nuit à l’abri dans des maisons rendues libres du fait d’un déclin lent mais régulier de la population du Bois de Sang. À l’instar de la faune et de la flore, les habitants payaient le prix fort de la persistance du Rituel des Épines.
Je dois bien avouer que j’étais assez satisfait de moi et j’étais parvenu à transformer ce qui aurait dû être un combat à mort en un avantage déterminant, et des ennemis acharnés à notre perte en des alliés dévoués.
 
Si les deux nains rencontraient une légère méfiance de la part de nos protecteurs, Lisandella et Pelenas, en revanche, avaient rapidement sympathisé avec les elfes de sang, ceux-ci étant très curieux de ce qui se passait au-delà de leurs frontières et des événements du vaste monde.
Pour ma part, j’étais assez bien considéré et même un peu plus que cela. En effet, je notai bien vite que la chef de notre escorte, la maîtresse d’armes Ahina, me couvait du regard avec une lueur d’intérêt tout personnel.
Je n’eus guère d’effort à faire pour me montrer galant mais je mis rapidement les choses au point lorsque je me rendis compte que la jolie elfe de sang ne semblait pas vouloir se contenter d’un léger flirt. Je lui fis part, avec toute la diplomatie possible que, malgré tout ce qu’elle pouvait éveiller en moi, j’avais une importante mission à accomplir et guère la tête à la bagatelle. Par ailleurs, j’avais déjà quelqu’un dans ma vie (et même sans doute plusieurs…). Enfin, il ne me semblait pas souhaitable de démarrer une aventure sans lendemain car elle était liée au Bois de sang et moi plutôt pressé de le quitter dès que possible. J’aurais pu ajouter aussi qu’un trop grand rapprochement entre nous aurait certainement été douloureux mais elle aurait pu prendre l’argument pour un manque de motivation de ma part. J’aimais les femmes de caractère et les situations un peu piquantes, mais il y avait des limites, même pour un questeur d’Astendar…
 
Il ne fallut finalement que deux jours pour parvenir jusqu’au palais. Il faut avouer que passer par les chemins avec une escorte nous fit gagner du temps. Même si nous en avions entendu parler, sa vision nous fit un choc. Enchâssé comme un joyau au sein de six arbres qui semblaient le bercer, il était la vivante image d’une beauté architecturale subtilement corrompue.
 
- Description palais -
 
Une douce musique venait du palais et nous accompagna alors que nous traversions de merveilleux jardins où déambulaient ici et là des elfes vêtus des plus beaux atours. Même si la plupart feignaient de nous ignorer par mépris, il était évident qu’ils étaient rongés de curiosité et que notre arrivée allait rapidement devenir le sujet du jour à la cour.
Parvenus au pied du palais, notre progression fut stoppée net par un groupe de gardes qui en protégeaient l’accès. Nous laissâmes Ahina et Lisandella mener la conversation et expliquer les raisons de notre présence. Ils annoncèrent qu’ils allaient faire mander un haut-dignitaire pour gérer cette situation qui les dépassait visiblement.
 
Quelques instants plus tard, un elfe très digne approcha. Tout en lui irradiait la sagesse, que ce soit dans son maintien, son apparence où la lueur de son regard. Il se présenta à nous sous le nom de Presta Teyls, Gardien de Sang. Il ajouta qu’il était un de ceux qui tentait de restaurer le Bois de Wyrm, tout en nous lançant un regard vif qui semblait chercher à connaître notre position à ce sujet.
Il nous précéda et nous fit pénétrer dans le palais. Un hall somptueux et monumental nous accueillit. Ses dimensions, son agencement et sa beauté défiaient l’entendement. Après avoir emprunté un élégant escalier et suivi un luxueux couloir, il nous fit pénétrer dans des quartiers qui nous apparurent fastueux mais qui devaient sans doute être de simples chambres d’invités. Après quelques phrases concises quant aux motifs de notre présence et une nouvelle présentation de la Rose, le gardien nous demanda de patienter là le temps qu’il aille demander audience à la Reine.      
 
Quelques instants plus tard, alors que nous prenions une collation tout en admirant les détails de la décoration de la chambre, deux gardes pénétrèrent dans nos quartiers sans se faire annoncer. Ils se déployèrent en prirent une posture vigilante alors que le conseiller Kalourin faisait son entrée. Ce dernier était vêtu avec recherche et affichait toujours sa suffisance à notre égard.
« Tiens, tiens, voyez donc qui est là ! Vous en avez fait du chemin depuis notre dernière rencontre et je dois reconnaître que vous avez un certain talent pour survivre. Mais ne vous faites pas d’illusions, des gens comme vous n’ont rien à faire ici et encore moins à faire perdre son temps à notre reine.
- Vous ne nous faites pas peur, rétorqua calmement Ghorghor.
- Nous vous avons déjà battu et vous n’oserez pas nous attaquer dans le palais, renchérit Pelenas.
- Oh… loin de moi l’idée de m’en prendre à vous, poursuivit l’elfe de sang en arborant un sourire matois. Ces lieux sont sacrés et je ne me risquerais pas à enfreindre le règlement… surtout pas pour des parasites dans votre genre. Vous allez me remettre la Rose et quitter ce palais avant qu’il ne survienne un événement regrettable.
- Vous continuez à nous menacer ? répondis-je avec une pointe de perplexité. Vous venez d’admettre que vous ne nous attaquerez pas, alors arrêtez de nous imposer votre détestable présence et quittez cette pièce.
- En fait, ce n’est pas à vous que je pourrais m’en prendre, continua le conseiller de sa voix posée et méprisante, mais plutôt à une certaine jolie elfe qui rôdait aux frontières du royaume et qui portait une pierre des plus intéressante.
Il sortit de sa poche le saphir étoilé que j’avais confié à Eliora. La pierre qui s’enchâssait dans le luth de Kervala et qui devait nous mener à Andelin.
- Joli, non ? Je crois que je vais la garder… et aller m’occuper de ma petite prisonnière puisque vous ne semblez pas entendre raison », reprit Kalourin en ajoutant la menace à la morgue assurance de sa voix.
J’avais tressailli imperceptiblement en reconnaissant l’objet et en comprenant les implications de ses paroles. Lui remettre la Rose ? Jamais !  Abandonner Eliora ? Impensable !
Face au choix cornélien imposé par le retors conseiller, je ne voyais qu’un acte désespéré. Même si j’avais envie de me jeter sur Kalourin, je feignis l’indécision pour attendre le bon moment.
« Eh bien ?! Pas plus de réaction que cela ? Je me suis donc trompé une nouvelle fois sur votre compte et vous êtes plus timorés que je le pensais. Je vais donc devoir… hé ! »
J’avais fait un pas rapide dans sa direction, bien décidé à lui mettre la main dessus et sans doute plus encore, mais Ghorghor, qui me connaissait décidemment bien, avait anticipé mon action et s’était interposé entre nous en me retenant alors que les deux gardes empoignaient leurs épées mais sans les sortir encore.
 
Les choses auraient certainement dérapées mais Presta Teyls arriva à point nommé dans le dos de Kalourin, sans un bruit.
« Eh bien, conseiller Kalourin, que me vaut l’honneur de votre visite impromptue ? »
Le rictus méprisant s’effaça du visage du ravisseur d’Eliora. Il se recomposa un masque d’indifférence et se retourna en s’inclinant légèrement en direction de son confrère.
«  Conseiller Teyls, c’est toujours un plaisir de vous voir. Mais je ne vais pas vous accaparer plus que nécessaire. J’en avais terminé ici. »
Escorté par ses gardes et, il quitta prestement la pièce sous nos regards furieux. Preta Teyls s’avança et referma la porte. Il nous désigna ensuite des fauteuils et prit lui-même place sur l’un d’entre eux.
« Votre demande d’audience a été enregistrée et je ne doute pas qu’une réponse arrivera dans les meilleurs délais. D’ici là, j’aimerais bien entendre votre histoire et notamment comment se fait-il que vous connaissiez le conseiller Kalourin. »
 
Comme j’étais le seul à connaître l’origine de bien des choses dans cette affaire, je débutai l’histoire par le kaer Argovesia pour expliquer l'endroit où j’avais découvert la Rose. Dame Belisiel continua ensuite pour la partie concernant l’organisation de la mission diplomatique, Ghorghor se chargea de l’approche du Bois de Sang, Lisandella prit le relais et conta de notre rencontre avec Kalourin jusqu’au kaer du Bois ; Pelenas conclu notre compte rendu par les derniers jours de voyage et la rencontre avec la patrouille d’Ahina.   
Notre entretien dura un certain temps et, alors que Teyls posait quelques questions pour aider à sa compréhension d’ensemble, un serviteur vint lui chuchoter quelques mots à l’oreille. Il se tourna ensuite vers nous avec un discret sourire :
« Mesdames, Messieurs, ceci est un grand jour pour votre vie : la Reine vous accorde une entrevue. »
Il nous fallut plusieurs heures de voyages dans de somptueux couloirs, d’attente dans de fastueux salons et de formalités auprès des nombreux points de contrôle. Visiblement, une bonne partie de la population elfique devait être embauchée comme gardes au palais.
Nous parvînmes finalement dans la salle du Trône, une pièce aux dimensions époustouflantes, à l’architecture improbable et à la décoration à la fois sublime, délicate et dérangeante par quelques touches de corruption. La reine Alachia était une femme sublime, la plus belle que j’aie jamais rencontrée… après Astendar ! Toutefois, Astendar n’avait jamais cherché à m’en mettre plein la vue. Malgré moi, j’étais attiré et ébloui par sa présence.
Sur un signe de la reine, Pelenas avança vers elle, la Rose dans son giron et visiblement très émue. Elle lui remit le présent et recula avec déférence. Alachia semblait émerveillée par la Rose. Je me fis la réflexion que c’était effectivement un cadeau tout à fait approprié pour une reine aussi belle que dangereuse. Une rose et ses épines.
 
Une fois retournée à son trône, la souveraine fit un geste ample et gracieux. Une rose blanche apparut au-dessus de chaque membre de notre petit groupe et tomba lentement vers nous, nous invitant à la saisir. Bien évidemment, saisir la rose sans se piquer était une impossible gageure. Nous nous blessâmes donc légèrement et chaque rose, absorbant un peu de notre liquide vital, vira ensuite à l’écarlate. Presta Teyls nous escorta ensuite vers la sortie et nous expliqua que ce moment était très important. La rose que chacun possédait était un symbole qui nous désignait comme étant des amis des elfes de sang.
Pour ma part, l’émotion de cette étonnante rencontre commençait à se dissiper et à me laisser une impression de trop peu et la frustration de n’avoir pu lui parler, de tenter de défendre la cause du Bois de Wyrm, de lui parler de l’état du Bois actuel, de comment était désormais perçus les elfes de sang, de l’inutilité de maintenir le Rituel des Épines dans le monde actuel. Bref, tout ça pour ça…
 
Quelques heures plus tard, j’étais adossé au mur de nos quartiers et je ruminai tout en observant l’étrange paysage environnant. Plus loin, mes compagnons commentaient avec joie et étonnement les derniers événements et le fait que notre mission diplomatique était finalement un succès. Ils s’étonnèrent de mon humeur mais respectèrent mon besoin de solitude. Je m’inquiétais terriblement pour Eliora et de ce que Kalourin pouvait faire. Prestia Teyls m’avait assuré s’occuper de cette affaire mais dans quelle mesure pouvait-il contraindre Kalourin ?
La porte s’ouvrit alors et je me tournai pour apercevoir le conseiller Teyls qui faisait entrer Eliora. Son visage s’éclaira de soulagement lorsqu’elle m’aperçut. Je m’avançai vers elle pour la prendre dans mes bras où elle se réfugia avec empressement. Je la serrai contre moi tout en remerciant le conseiller elfe de son aide. L’illusionniste était encore choquée, meurtrie et amaigrie mais elle était mentalement forte et elle surmonterait bientôt cette épreuve. Et je ferai tout mon possible pour l’y aider.
Preta Teyls nous informa que le conseiller Kalourin était en fuite. Il avait été aperçu se dirigeant vers les frontières du royaume. Ce salopard avait la pierre de Kervala et il nous faudrait bientôt le prendre en chasse. Mais chaque chose en son temps.  
 


   
 
 
 
   
   
 
 
 
   
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Valérian
Éclaireur humain et questeur d'Astendar
Valérian


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MessageSujet: Re: Chapitre 65 - La cour d'Alachia   Chapitre 65 - La cour d'Alachia Icon_minitimeSam 12 Juin - 17:13

Enfin en possession des éléments qui me manquaient, je peux mettre un terme à ce chapitre.
__________________________________________________________________________

Quelques heures plus tard, après avoir reçu des soins, un bon bain, de nouveaux vêtements et un repas chaud, Eliora nous rejoignit. Elle avait déjà meilleure mine et vint s’asseoir à mon côté et s’appuya contre moi tout en m’adressant un sourire destiné à me rassurer sur son état. Elle resta quelques instants avec nous, participant parfois à la conversation et rit de bon cœur à nos bons mots. Elle paraissait encore éprouvée de son épreuve, mais semblait désireuse de se remettre au plus vite.
À un moment, elle se releva, me prit par la main et m’entraina gentiment à sa suite.
« Il faut que l’on parle », me chuchota-t-elle tout en capturant mon regard avec une intensité presque douloureuse.
Je l’emmenai dans ma chambre et fermai la porte.
L’elfe avisa le luth posé sur mon lit. Elle s’assit sur ma couche et s’empara de l’instrument avec respect, laissant sa main courir sur ses courbures avec douceur.
Je vins m’asseoir à son côté et elle posa sa tête sur mon épaule en laissant échapper un soupir.
« Eliora, je voudrais…
- Chuuuut ! Laisses-moi savourer tranquillement cet instant. »
Je respectai sa demande et laissai s’écouler quelques minutes. Alors que je me demandai si elle ne s’était pas endormie, elle prit la parole.
« J’ai tellement eu peur…
- J’imagine…
- Ce que tu ne peux imaginer, c’est que c’est une histoire qui remonte à loin avec Kalourin, poursuivit-elle avec lenteur.
- Pardon ?
- Kalourin est mon demi-frère.
- Quoi ?! Mais comment…
- Calmes-toi Valérian. Tu réagis toujours aussi vite je vois, ajouta-t-elle avec un petit sourire. Je vais t’expliquer.
- J’ai l’impression qu’il manque des épisodes dans l’histoire que tu m’as raconté à l’auberge.
- Quelques-uns, en effet. Je vais essayer de combler ces lacunes afin que tu comprennes mieux.
Elle se tut quelques secondes, semblant organiser ses idées, puis reprit.
- À la fin du Chatiment, quand j’ai émergé du kaer dans lequel je suis né, j’étais une adolescente. Les environs étaient ravagés, hostiles et en rien comparables à ce que les anciens avaient raconté aux plus jeunes. Je sus, plus tard, que cette région était désormais appelée les Mauvaises Terres.
- Oh…
- Oui, ce n’était pas un endroit accueillant pour des réfugiés. C’était sans doute l’un de ceux qui avaient le plus été dévastés par les Horreurs. Dans notre lente progression pour quitter cette contrée inhospitalière, un grand nombre sont mort. Nous avons ensuite eut la chance de rencontrer un groupe d’écorcheurs orks qui nous est venu en aide. Enfin, quand je dis « chance », ce ne fut pas vrai pour tout le monde. Notre seigneur négocia avec eux et il n’avait qu’une seule ressource de valeur à sa disposition : son peuple. Il vendit donc une moitié des survivants comme esclaves aux orks pour sauver l’autre moitié.
- Quel salopard !
- Ce n’était pas très noble, mais c’était pragmatique.  Je ne sais pas s’il a bien fait que je reconnais que les options n’étaient pas nombreuses. Les orks auraient sans doute pu tous nous réduire en esclavages les uns après les autres, avec un peu de temps, mais pas sans morts des deux côtés. C’est au moment de la séparation avec ma mère que j’appris que le seigneur Daerkal n’était pas mon père et elle me donna la pierre bleue. De son côté, Daerkal savait depuis longtemps qu’il n’était pas mon père et il n’hésita guère à me placer dans le groupe des esclaves. Il conserva ma mère et mon demi-frère Kalourin dans le groupe de ceux qui resteraient libres.
- Ce qui voudrait dire que tes parents seraient encore en vie ?
- Même si la trahison de Daerkal sauva une partie des survivants, cela ne fut qu’une étape sur la voie longue et douloureuse qui les mena jusqu’au Bois de Wyrm. Plus de la moitié d’entre entre mourut sur la route, de privation, d’attaques de monstres ou de donneurs-de-noms cupides. Et les survivants, hagards et dépenaillés furent accueillis par des elfes corrompus au sein du Bois de Sang. Pour les survivants qui arrivèrent au bout du périple, la victoire eut un goût de sang car ils durent accepter le Rituel des Épines afin de pouvoir rester au sein du Bois. Sans doute trop affaiblie par le voyage, ma mère n’y survécut pas, comme d’autres elfes. Mais mon père et mon demi-frère s’en sortir, bien évidemment. La mauvaise herbe est plus résistante que les belles fleurs, c’est notoire.
- Ton père serait encore ici ?
- Il semblerait que oui. Il possède un secteur dans le nord de la forêt sur lequel il règne au nom de la Reine.
- D’accord pour ta famille. Mais qu’est devenu la jeune Eliora ? Comment es-tu passée d’esclave à une adepte thérane ?
- En tant que jeune elfe de noble extraction, bien que bâtarde, j’avais une certaine valeur et les orks me traitèrent assez bien. Ils s’amusaient beaucoup de mon caractère assez indiscipliné et de mes tentatives d’évasion. J’ai été revendu à un marchand d’esclaves qui m’a revendu lui-même à un noble théran de Vivane. Rétrospectivement, je pense que j’ai été chanceuse de tomber sur lui. Il avait deux fils mais pas de fille et il s’est pris d’une certaine affection pour moi. Cela m’a pris un certain temps, mais il était patient et j’ai fini par accepter son attachement et même par le lui rendre. Il a vu mon potentiel, m’a éduqué puis m’a affranchi.
- Eh bien, j’ai l’impression que tu es effectivement tombé sur une perle rare.
- Oui, mais pas si rare que tu veux bien le croire. Certains maîtres thérans estiment que le service rendu par un homme ou une femme libre est souvent bien supérieur à celui rendu par un esclave. Dans ce cas, ils affranchissent assez facilement. À l’inverse, certains donneurs-de-noms n’ont pas d’aspiration particulière et se satisfont d’être esclaves ; dans ce cas, ils le restent puisqu’il n’y a pas d’intérêt à les affranchir.
- Admettons. Tu as donc été affranchie. Et ensuite ?
- Vu la manière dont j’avais été traité par mon peuple et celle avec laquelle mon maître théran m’avait accueilli, j’ai décidé d’entrer au service des thérans. Après quelques années à me faire la main, ici et là, dans des groupes de mercenaires, j’ai décidé de créer ma propre équipe et les « Chasseurs de Sang » étaient nés.
- Après tout ce que tu viens de me raconter, je comprends enfin la signification du nom de ton groupe. Tu es une revancharde, toi…
- Tu m’étonnes ! J’espère pouvoir un jour me retrouver face à Kalourin sans sa nuée de gardes ! cracha-t-elle.
- Ça tombe bien, il va falloir que je le retrouve. Tu te sens en état de repartir prochainement en chasse ?
- Hmm… pas vraiment. J’ai eu un entretien avec la reine et Presta Teyls.
- Ah ? Et qu’en est-il ressorti ?
- Ils semblent très intéressés par ma petite personne et par mon lignage. Ainsi que par tout ce que je sais sur les thérans, bien sûr.
- Tu leur as parlé de celui qui serait ton père ?
- Pas pour le moment. Je ne sais pas encore si je vais le faire. Il faut que j’en sois sûr d’abord et que je sache ce que cela pourrait changer pour moi.
- Mais alors ? Cette histoire de lignage ? Tu as prétendu être la fille de Daerkal ?
- Certainement pas ! Mais ma mère était également de haute lignée et elle avait eu le temps de la faire reconnaître avant de passer le Rituel. Une fois que je serai officiellement identifié comme étant sa fille, j’hériterai de son lignage. Toutefois…
- Toutefois ?
- La reine est prête à m’accueillir mais je dois passer le Rituel des Épines.
- Hein ?! Cela ne lui a pas suffi de tuer ta mère ? Elle veut te réserver le même sort ?
- Calmes-toi. C’est aussi ce que j’ai pensé dans un premier temps, mais c’est la règle pour rester ici.
- Et… tu veux rester ici ?
Je n’avais pu empêcher me voix de marquer l’émotion qui m’étreignait à cette idée. Perdre Eliora et voir son corps couvert d’épines. Ou pire : qu’elle en meurt.
- Je… je ne sais pas !
Elle prit son visage dans ses mains. Elle semblait en plein désarroi.
- Je ne sais plus où j’en suis Valérian ! Cela va trop vite et je dois réfléchir aux différents choix et à toutes leurs implications. À la possibilité de retrouver mon peuple et d’être enfin accueilli pour ce que je suis, au Rituel des épines et à son caractère  définitif, à la présence de Daerkal dans le bois, à la fuite de Kalourin, à celui qui pourrait être mon vrai père… et à nous. »
Des larmes perlaient dans ses yeux. Frustration, incertitude, espoir, tout se mêlaient en elle. Je la comprenais d’autant mieux que j’avais été à sa place plusieurs fois, à faire des choix impossibles, courir pour accomplir des quêtes sans avoir de réponses aux questions qui me taraudaient. Mais sans doute pas avec l’intensité de ce qu’elle devait ressentir.
« Je comprends ma belle, rassures-toi, déclarai-je. C’est ta vie, ta famille, ton héritage et, une fois encore, c’est à toi de décider de ton destin. Pour ma part, je ne peux guère m’attarder car Kalourin à toujours la pierre bleue. Tu sais ce qu’elle représente pour moi… et je sais ce qu’elle représente pour toi. Il me faut donc la lui reprendre au plus vite.
- N’y vois aucune offense ni ingratitude de ma part, mais je préfère effectivement rester seule pour décider de mon avenir. Je crains d’être par trop influencé si tu restes à mes côtés.
- Je comprends d’autant mieux que je suis d’accord avec cela. Je sais ce que je ressens pour toi, mais je sais aussi que je mettrai ma quête au-dessus de mes sentiments personnels et je ne me risquerai pas à te promettre te pouvoir rester à tes côtés, qu’elle que soit ta décision. J’ai déjà dû mettre un certain nombre de relations de côté pour être là aujourd’hui.
- Voilà des paroles bien ambigües. Es-tu en train de me dire que tu as des petites copines qui t’attendent ici et là dans Barsaive ?
- Je doute qu’aucune m’attende…
- Très bien. Même si ce n’est pas vraiment le genre de déclaration que j’attendais de ta part, je te sais gré de ta franchise.
- Je te dois au moins cela. Autre chose : je soupçonne fortement Kalourin d’être un traître à la solde des thérans. Sachant cela, il n’est pas impossible que son père soit aussi impliqué dans toutes ces manœuvres. Soit très prudente, veux-tu ?
- Rassures-toi, je ne vais pas me précipiter chez Daerkal. Il y a bien longtemps que ce sale type est sorti de ma vie.
- Certes, mais pour lui tu es désormais une épine dans son pied. Enfin… une de plus, ajoutai-je avec un léger sourire.
- Idiot ! répondit-elle en pouffant de rire. Attends un peu que je passe le Rituel et que je te sers ensuite dans mes bras. Tu feras moins le malin !
- Ça c’est certain… »
Nous passâmes ensuite quelques temps à deviser de choses plus légères et à échanger quelques baisers. Puis nous rejoignîmes les autres.
 
 
Le lendemain, suite à mes questions, le conseiller Teyls m’informa qu’ils disposaient de peu de choses sur Kervala et que j’en savais sans doute plus sur lui qu’eux-mêmes. Dans ces conditions, je ne pensai pas utile d’entreprendre des recherches à son sujet. Pourtant, quelques heures plus tard, Teyls me remit un présent de la reine qu’il avait informé de ma quête. Il s’agissait d’une superbe dague à double tranchant en orichalque. Sur le tranchant, de fines gravures en sperethiel attirèrent mon attention : "En la sagesse la force". Selon le conseiller, cet objet appartenait à Kervala. Je possédai le luth et il me fallait désormais retrouver la pierre, l’Etoile du Soir d’Andelin.
 
Alors que nous revenions sur le sujet du Bois de Sang, Presta Teyls nous confia du bout des lèvres que la Reine se désolait de son état et de son évolution. Il était persuadé qu’elle souhaitait dissiper le rituel des Épines et restaurer le Bois de Wyrm. Toutefois, les forces magiques déclinantes des elfes de sang semblaient désormais insuffisantes pour inverser le processus. Par ailleurs, une faction des elfes de sang ne se rendaient pas compte de l’état du Bois et continuaient à mépriser le monde au-delà des frontières du royaume. Ces "jusqu’au-boutistes" ne souhaitaient pas un retour. La reine ne voulait pas d’un conflit civil qui précipiterait la chute des elfes de sang.
Je l’assurai que bien des mages viendraient à leur aide de tout Barsaive pour tenter de restaurer le Bois de Wyrm s’ils faisaient connaître leur projet. Les autres approuvèrent et dame Hautevoix assura qu’elle se faisait fort de convaincre le conseil de Throal d’apporter son soutien.
Le conseiller digéra ces informations et assura qu’il en parlerait avec la reine.
 
Notre mission au Bois de Sang était une réussite, malgré tous les obstacles rencontrés. Il serait bientôt temps de quitter cet endroit aussi enchanteur que dérangeant. Et de laisser Eliora à son destin. Tout comme j’avais déjà laissé Miraëlan. Décidément, les princesses elfes ne me réussissaient pas vraiment.
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Chapitre 65 - La cour d'Alachia
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