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Suivi de la campagne Earthdawn des Lions de Pierre, 6ème saison.
 
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 Chapitre 66 - Les chaînes des retrouvailles

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Valérian
Éclaireur humain et questeur d'Astendar
Valérian


Messages : 842

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MessageSujet: Chapitre 66 - Les chaînes des retrouvailles   Chapitre 66 - Les chaînes des retrouvailles Icon_minitimeLun 10 Juin - 11:56

Chapitre 66 – Les chaînes des retrouvailles


Trois jours.
Cela faisait trois jours que nous étions  enchaînés à fond de cale. Trois jours à se morfondre et à s’inquiéter d’un avenir qui s’annonçait tout sauf radieux. Trois jours à manger un infâme gruau. Trois jours que j’étais enchaîné à cette garce de Kat’sika.
 
Rien ne laissait présager d’une telle issue à notre équipée contre Kalourin. À la cour des elfes, peu après la cérémonie avec la reine et la récupération d’Eliora, nous étions partis sur la piste du conseiller félon. Comme la vitesse était primordiale, l’illusionniste elfe ne pouvait pas nous accompagner. Elle était encore trop affaiblie de sa période de captivité et des mauvais traitements infligés par son demi-elfe. Par ailleurs, Presta Teyls souhaitait s’entretenir avec elle pour établir son identité, son lignage et déterminer sa situation au sein de la noblesse elfe. J’en étais content pour elle, mais je craignais, à mon retour, de ne pas retrouver l’aventurière que j’appréciais tant. Je n’étais pas certain d’avoir envie de commencer une collection de princesses elfes.
 
Nous reprîmes donc la route, avec quelques potions de soins et un sac rempli de nourriture fournis par les elfes de sang. Je fis mon au revoir à l’illusionniste elfe qui se désolait de me voir la quitter une fois de plus. Si j’avais encore eu la pierre, je la lui aurais confiée à nouveau, en gage de confiance. Malheureusement, Kalourin s’en était emparé et c’était essentiellement ce qui motivait notre traque. Juste devant le désir de vengeance qui m’animait pour ce qu’il avait fait à Eliora. Et je ne pouvais pas lui confier le luth de Kervala qui m’avait été remis par Astendar en personne ; ni même la dague du prince elfe qui m’avait été donnée par la reine Alachia.
Les événements me poussaient toujours à laisser les personnes qui m’étaient chères derrière moi. Mais j’avais appris à ne plus lutter contre mon destin, où qu’il me mène.   
 
Comme je le pressentais, Kalourin était parti au sud-est. Selon moi, il cherchait à rejoindre les esclavagistes qui sévissaient dans cette contrée, entre les frontières du royaume elfe et le fleuve Serpent. De là, il pourrait rejoindre ses alliés thérans qui étaient les meilleurs clients des esclavagistes.
Ghorghor faisait partie de l’expédition. Le robuste armurier nain était devenu un ami loyal et efficace au fil des aventures. Pelenas avait également souhaité poursuivre l’aventure en notre compagnie. Après avoir aidé à remettre la Rose Éternelle à la reine des elfes, l’élémentaliste entendait participer à la quête d’Andelin et faire avancer la cause elfique tout en laissant libre cours à son goût pour les voyages.
Lisandella, l’éclaireuse elfe de sang, avait tenu à nous accompagner personnellement jusqu’aux frontières du royaume. Quelques semaines plus tôt, ce qu’elle avait envisagé comme une escorte d’étrangers au sein d’un lieu où ils n’avaient rien à faire s’était transformée en une dangereuse aventure et de nouvelles amitiés et cela avait bouleversé l’image qu’elle avait des autres races.
 
Quatre jours après avoir quitté la lisière du Bois de Sang, nous étions tous trois à proximité du fleuve Serpent, en bordure du camp des esclavagistes. J’avais fait mon repérage, estimé le nombre, le circuit et les relèves des sentinelles. J’avais également trouvé la tente attribué à Kalourin. Nous procédions à des ultimes vérifications avant le coup de force prévu pour cette nuit. Avec la magie de Pelenas, les attaques plongeantes de Ghorghor et ma discrétion, nous avions les moyens de neutraliser les gardes, assez peu vigilants, puis de capturer et exfiltrer le conseiller elfe du camp.
Mais le plan ne fut jamais mis en œuvre.
 
Alors que nous repartions discrètement au sein du bosquet dans lequel nous étions dissimulés,  mon attention fut attirée par une étrange fleur que je ne connaissais pas. Elle ressemblait à une grosse jonquille mais dans des couleurs violettes et tachetée d’auréoles qui tiraient sur un orange foncé. Je m’en approchai avec curiosité et captai un parfum inconnu et capiteux. L’avertissement de Pelenas vint trop tard. Elle connaissait ce type de fleur et ses dangers. À peine avais-je avancé en direction de la plante que la cône de sa fleur se redressa vers moi et me souffla un nuage au visage. Les yeux me brûlèrent brusquement et je fus simultanément pris d’une toux inextinguible et douloureuse qui me jeta à genoux.
Bien évidemment, tout ce bruit attira l’attention des esclavagistes. Rapidement, avec des manœuvres parfaitement rôdées, ceux-ci arrivèrent vers nous et nous encerclèrent. Pelenas commença à tisser ses sortilèges mais elle fut atteinte par une bille de fronde en plein front qui la laissa confuse, incapable de reprendre sa concentration. De son côté, Ghorghor décolla et tenta d’empêcher l’encerclement. Toutefois, nos agresseurs étaient bien équipés et ils lui lancèrent un filet qui s’empêtra dans ses ailes. L’objet n’était pas fait pour résister à des ailes en acier et il fut bientôt en charpie mais il avait rempli son office et suffisamment gêné le nain pour que les esclavagistes lui jettent d’autres filets qui finirent par le contraindre à un retour brutal sur terre. La réception préparée par les esclavagistes fut tout aussi brutale.
Bientôt, notre petit groupe, solidement ligoté et escorté, entra dans le camp ennemi. Mais pas du tout de la manière voulue ni avec la discrétion souhaitée.
 
Nous passâmes la nuit sous bonne garde. Je finis par me remettre des convulsions provoquées par la fleur. Le chef des esclavagistes, un ork du nom de Grunchak, vint nous examiner, goguenard.
« Ah ! Alors mes mignons, vous vouliez voir mon camp de plus près ? Vous vous êtes fait avoir comme des bleus ! Ah-ah-ah ! J’vous explique le truc : plutôt que couper tous les bosquets aux alentours du campement, on en a laissé quelques-uns et on y a plantés ces grandes Dolorosas. Elles sont aussi jolies que dangereuses. Il y a parfois des petits malins qui pensent pouvoir sauver des êtres chers qu’on a capturés et qui viennent s’y planquer. Ça fait des prises faciles et qui ne nécessitent aucune expédition. Et puis, je suis un sentimental : je suis pour le regroupement des familles ! Ah-ah-ah !
Son rire mauvais ne rencontra que nos trois regards noirs, ce qui ne fit que redoubler son hilarité.
- Bon, reprit-il, z’avez de la chance. Vous n’allez pas moisir chez moi puisqu’un navire est attendu demain pour charger sa cargaison de viande fraîche. Et, si j’en crois notre bon ami Kalourin, je devrais pouvoir vous vendre un bon prix aux thérans. Les bonnes surprises font les bonnes affaires ! »
Et il repartit en riant, nous laissant dépités.
 
Le lendemain, nous vîmes avec étonnement le Haut-landais violent s’amarrer au quai du camp des esclavagistes. Nos espoirs furent vite douchés lorsque nous aperçûmes Langue-Jaune T’silver en descendre. Le capitaine pirate t’skrang ne cacha pas sa joie mauvaise de nous retrouver. Lors de notre dernière rencontre, le pirate t’skrang avait dû fuir à la nage pour éviter la cpature ou la mort après un âpre combat à bord de son navire. Le voyage n’allait vraiment pas être une partie de plaisir. Grunchak, en revanche, fut ravi de la tractation et du prix obtenu pour notre trio.
Langue-Jaune nous fit jeter à fond de cale, dans la cellule déjà occupée par l’ancienne capitaine, Kat’sika. Dire que j’étais ravi de retrouver l’acerbe maîtresse d’armées aurait été un mensonge. Nos retrouvailles furent pour le moins fraîches. Ce finaud de Langue-Jaune le remarqua et nous lia par une chaîne, en plus de celle qui nous retenait au navire, à notre vif déplaisir à tous deux. Le t’skrang quitta l’endroit en riant alors que nous échangions des noms d’oiseaux.
 
Et trois jours plus tard, en fin de matinée, Langue-Jaune T’silver ramena un Ghorghor en piteux état. Ils étaient venus le chercher deux heures plus tôt et l’avaient torturé pour apprendre certaines choses. Le capitaine t’skrang se pencha vers moi :
« Alors, tu t’amuses bien avec ta petite copine, me lança-t-il avec un large sourire narquois et avec un clin d’œil en direction de Kat’sika.
Cette dernière cracha dans sa direction mais sans l’atteindre.
- Tss tss ! Vilaine fille ! Tu seras privée de dessert ce soir, ha ! Toi, l’humain, j’aimerais bien te torturer un peu aussi mais les consignes sont strictes. Les thérans te veulent intacts et en bonne santé pour t’interroger eux-mêmes. Je dois te livrer au béhémoth posé à Ayodbya. Je pense que d’ici peu, tu regretteras mon hospitalité. »
Et il repartit avec un petit rire qui me fit froid dans le dos.
 
Ma chaîne m’empêchait d’aller voir Ghorghor et ce fut Pelenas, plus proche que moi, qui s’occupa de lui.
« Ça va, ça va, bougonna le nain, je suis encore en vie.
- Tu tiens le coup Ghorghor ? m’enquis-je à l’encontre de mon ami.
- Ouais. Ils avaient plein de questions à la con qui te concernaient. Par chance pour nous, je crois que je suis arrivé dans la compagnie bien après les événements qui les intéressent. Ils m’ont questionné au sujet d’une enfant-dragon et ils faisaient référence à tes chroniques.
- Hein !? Les thérans ont lu mes chroniques ! m’exclamai-je, horrifié.
- Il semblerait que oui, répondit Ghorghor en haussant les épaules. »
 
Ça, c’était une nouvelle tuile que je n’avais pas vu venir. Visiblement, les thérans étaient toujours à la recherche d’Aardéla et ils étaient passés à la vitesse supérieure.
Il me vint à l’esprit que, pour la première fois depuis le début de ma quête, les trois objets de trame nécessaires à l’accès à Andelin étaient réunis au même endroit. Et ils allaient tout droit chez les thérans, avec moi en prime. Sans doute que leur histoire d’enfant-dragon passait avant tout, mais ils n’allaient certainement pas négliger la possibilité de mettre la main sur la célèbre cité elfique perdue. Et je ne mettais pas en doute la capacité de leurs mages, troubadours et armuriers pour obtenir toutes les informations nécessaires à partir des artefacts. Ils ne mettraient que quelques semaines pour réussir là où j’avais échoué pendant plusieurs années.
Avec ou sans moi, ils parviendraient à leurs fins. Et j’allais devoir envisager une collaboration, aussi forcée soit-elle, avec les thérans. Je savais que ma volonté et ma capacité à endurer la douleur étaient tout à fait moyennes et que je ne tiendrais pas longtemps face à la torture conventionnelle. Mais, s’ils avaient effectivement accès à mes chroniques, ils savaient d’où je venais et quelles personnes étaient chères à mon cœur. Il était alors aisé pour eux de faire pression pour que je les aide avant qu’il n’arrive malheur à ces personnes.
Je doute que les Passions - et Astendar au premier chef – se réjouissent que je livre la cité elfique à des esclavagistes. Si les choses en venaient là, il serait sans doute préférable que je mette fin à mes jours rapidement, avant d’en révéler plus que de raison.
Bref, s’évader avant d’arriver à Ayodbya n’était pas une option.
 
Une fois Ghorghor un peu remis, lui et Pelanas décidèrent qu’il était plus que temps de tenter quelque chose. Par chance, Pelenas avait conservé sa martre. La fidèle petite bête avait discrètement suivi sa maîtresse et avait embarqué juste avant que les amarres ne soient larguées. Depuis, elle ne quittait Pelenas que pour se cacher lorsque des gardes entraient dans la cellule ou pour aller chasser les rats de la cale. Elle, au moins, ne risquait pas de mourir de faim de sitôt.
Après son repas, le garde t’skrang trouva une position confortable et démarra son habituelle sieste. Quelques instants plus tard, Pelenas envoya son familier avec pour instructions de ramener le trousseau de clés qui pendait à la ceinture du pirate assoupi.
La martre parvint à grignoter la petite sangle qui retenait les clés mais elle ne fut pas assez forte pour empêcher la chute du lourd trousseau. Le jeu de clés tinta lourdement au sol, sortant brusquement le t’skrang de son sommeil. Le petit animal fonça rejoindre sa maîtresse mais le pirate l’aperçut du coin de l’œil. Il ramassa son trousseau de clés par terre et sortit son long poignard en se dirigeant vers les barreaux de notre cellule.
« Envois ta saloperie de bestiole et plus vite que ça ! lança-t-il à Pelenas.
- Certainement pas ! lui répondit l’elfe sur le même ton acerbe.
- D’accord, donc plus de nourriture jusqu’à nouvel ordre ! riposta le t’skrang en exultant. On verra bien dans quelques jours qui fera encore la maline.
Il y eu un échange de regards entre Ghorghor et Pelenas.
- Attendez ! Finalement, j’ai réfléchi et cet animal ne vaut pas que l’on se prive de nourriture, déclara l’elfe avec réticence.
- À la bonne heure ! Envois la bestiole !
Pelenas attrapa sa marte et avança lentement la main vers lui. Impatient, le pirate tendit alors la sienne à travers les barreaux et Ghorghor bondit, saisit la main tendue et la tira vivement en arrière. Le crâne du garde heurta violemment les barreaux, le sonnant pour le compte. Le nain tira le corps inanimé le long des barreaux et récupéra le trousseau de clés.
« Et voilà ! C’était pas plus compliqué que cela ! » lança-t-il avec un sourire de satisfaction.
 
L’armurier se libéra de ses fers, puis s’occupa de Pelenas avant de jeter le trousseau à Kat’sika qui trépignait. La t’skrang se libéra puis me tendit les clés. Malheureusement, la clé de la chaîne qui nous liait n’était pas sur ce trousseau et c’était T’silver qui l’avait.
« Libères-toi et suis le mouvement. Essaies de ne pas me ralentir. Il faut que l’on reprenne mon navire. Et cette fois, tu ne pourras pas te cacher, tu devras te battre. Tu pourras y arriver, chochotte ? »
Je hochai de la tête, furieux de ses propos. Toutefois, je les comprenais vu ma dernière prestation martiale sur le Haut-landais violent. J’avais été empoisonné et réduit à la passivité mais personne ne le savait.
Sans vraiment attendre ma réponse, elle fonça à la suite de Ghorghor qui sortait vivement de la cellule et qui se dirigeait déjà vers les autres grilles pour libérer le reste des prisonniers du fond de cale.
« … Heu… ?! Alerte ! Les prisonniers s’écha… how ! »
Ça, c’était le garde t’skrang qui avait repris brièvement conscience avait de se prendre un coup de pied dans la tête de la part de Kat’sika. Mais le mal était fait et nous entendions déjà des bruits de pas précipités à l’étage supérieur.
Je perçus un cri de surprise venant de Ghorghor. Parmi les prisonniers, il venait de tomber sur sa sœur Thémis et  son compagnon Edrik. Le monde était vraiment petit.
Toutefois, il n’était guère temps pour les retrouvailles et deux pirates déboulaient déjà par l’escalier, arme au poing. Pelenas utilisa une chaîne pour faire trébucher le premier au milieu des marches et il tomba vers l’avant. Je n’eus qu’à brandir une lance récupérée pour lui octroyer une réception des plus pointues.  Le second arriva ensuite mais fut intercepté par Kat’sika qui le neutralisa de quelques coups de taille rageurs.
 
L’ex-capitaine t’skrang fonça vers les escaliers, m’entraînant à sa suite et nous parvînmes à l’entrepont. Trois t’skrangs terminaient de s’équiper et nous arrivèrent dessus, armes levées. Ghorghor survint derrière nous et bientôt trois duels s’engagèrent dans la vaste pièce qui servait de dortoirs aux pirates. Les hamacs encombraient l’endroit et ne facilitaient guère les combats. La chaîne qui me liait à Kat’sika était également un grave handicap pour nous deux. Nos styles de combat, bien que différents, se basaient tous deux sur la mobilité. Ce solide lien nous empêchait de recourir à la plupart de nos talents de discipline qui soutenaient nos aptitudes martiales. Si, au moins, cette excitée de t’skrang voulait bien s’arrêter quelques instants afin que Ghorghor nous libère de cette fichue chaîne. Mais non ! Elle n’avait qu’une idée : affronter Langue-Jaune T’silver et reprendre son navire ! Et moi, je devais suivre dans son sillage. Tout cela risquait de mal finir. 
Ce qui aurait été une simple formalité en temps normal devenait compliqué et je récoltais plusieurs blessures, certes légères, contre un adversaire médiocre là où je m’en serais débarrassé en quelques passes d’armes. Par ailleurs, l’absence de protection et de mon équipement n’aidait pas non plus, il fallait l’admettre. J’avais l’impression d’être redevenu le Valérian des débuts, gauche et vulnérable au moindre affrontement. Et ce n’était certainement pas une époque dont j’étais nostalgique.
 
Tant bien que mal, nous prîmes le dessus sur nos adversaires. Pelenas avait déjà gravis l’escalier qui menait sur le pont. Débarrassée des fers spéciaux qui l’empêchaient auparavant de tisser ses sortilèges, l’élémentaliste créa une boule de feu et la projeta sur le gros des pirates qui préparaient une contre-attaque. Ghorghor, suivi par une Kat’sika remontée à bloc, fonça lui prêter main-forte avant même que j’aie eu le temps de demander à l’armurier de s’occuper de notre chaîne. Je continuai donc à trotter de mon mieux derrière la t’skrang et nous arrivâmes sur le pont. Un peu d’air frais était le bienvenu. Menés par Edrik, les autres prisonniers suivaient le mouvement, quelques mètres derrière nous.
 
Sur le pont, la situation n’était guère fameuse. Même si la plupart de nos adversaires avaient été jetés à terre par l’explosion ignée, ils se relevaient déjà et l’opposition étaient importante. An centre se tenaient une petite dizaine de pirates, bien décidés à en découdre. Depuis le château-arrière, Langue-Jaune et deux de ses lieutenants donnaient les ordres et haranguaient leurs troupes.
Plus préoccupant encore, nous aperçûmes une navette thérane qui approchait rapidement par le flanc. Dans quelques minutes, elle serait sur nous et ses flancs vomiraient des troupes de vétérans en renfort pour les pirates.
Et comme si cela ne suffisait pas, le capitaine pirate appela à la rescousse Kalourin. Ce dernier surgit d’une autre écoutille et nous prit de flanc avec ses deux gardes du corps lourdement équipés.      
Au mieux de ma forme, libre et avec mon équipement, je me serais déjà fait du mouron. Alors là…
 
Ghorghor, qui avait pris de l’altitude grâce à ses ailes d’acier, entreprit une manœuvre de contournement et surprit l’un des gardes du conseiller elfe. Il le poussa violemment de dos et le propulsa dans l’eau. Vu le poids de son équipement, nous n’étions pas prêt de le revoir.
Au centre, appuyés par la magie de Pelenas et par le soutien progressif des prisonniers qui arrivaient sur le pont, Kat’sika et moi entreprîmes de nous frayer un passage vers le château-arrière. Tout cela sentait le duel de capitaines.
De l’autre côté, Ghorghor, aidé par deux prisonniers, neutralisa le second garde de Kalourin, contraignant ce dernier à la fuite à l’aide d’un sortilège de vol. Il fonça pour trouver refuge à bord de la navette thérane qui n’était plus qu’à quelques dizaines de mètres.
 
L’offensive de l’armurier nain avec quelques prisonniers vers l’avant du navire pour contrer Kalourin avait été payante mais elle avait fragilisé notre centre. Comprenant la menace que représentait l’élémentaliste, Langue-Jaune poussait ses troupes à la neutraliser et les quelques prisonniers présents ne parvenaient pas à les contenir. Pelenas récolta la blessure de trop et tomba sur le pont, inconsciente. Ghorghor intervint et, aidé par Edrik et quelques prisonniers, ils parvinrent à l’extraire de la zone des combats.
Vers l’arrière du navire, malgré les blessures reçues au fil des affrontements, le duo contraint que je formais avec Kat’sika continuait d’avancer vers le capitaine t’skrang honni. La maîtresse d’arme avait adopté un style hargneux et direct, très offensif mais également très risqué et elle avait récolté son lot de blessures, sans doute plus que moi. Pourtant, elle allait toujours de l’avant, m’entraînant à sa suite vers une issue très incertaine. Les deux lieutenants de T’silver étaient désormais à terre et le capitaine Langue-Jaune sauta par-dessus la rambarde pour atterrir sur le pont principal en contrebas, se mettant temporairement hors de portée. Après avoir échangé un regard, nous lui emboîtâmes le pas et sautâmes à notre tour, atterrissant à quelques pas de notre cible. Langue-Jaune attaqua immédiatement Kat’sika, la plus acharnée à sa perte. De mon côté, j’avisai un coffre ouvert à proximité et j’eus l’agréable surprise de voir qu’il s’agissait de notre équipement. J’y trouvai bien vite mon épée et m’en emparai. Son contact familier à ma main me redonna un élan d’ardeur et une bouffée d’espoir.
 
À quelques pas de là, Kat’sika peinait face à son ennemi juré. Langue-Jaune, en pleine forme, multipliait les attaques contre la maîtresse d’armes, fatiguée et blessée. Je fonçai à son secours mais dû esquiver une attaque vicieuse de la main gauche du pirate. Le bougre était ambidextre et semblait de taille à nous tenir tête à tous deux.
Tout en me tenant à distance de son long poignard, il relança ses attaques contre Kat’sika et utilisa sa queue pour lui fouetter une jambe et la déséquilibrer. La t’skrang ne put esquiver les deux attaques et céda. T’silver poussa son avantage et l’embrocha avant qu’elle n’ait eu le temps de se replacer. La maîtresse d’armes tomba à terre. Le capitaine forban se tourna ensuite vers moi avec un sourire mauvais.
«  À nous deux, cabotin ! Je ne sais pas trop ce qu’il restera à livrer aux thérans, mais je vais te faire passer l’envie de toujours t’opposer à moi. »
 
Plus loin, Pelenas reprenait ses esprits. Les prisonniers prenaient le dessus sur les pirates désormais en infériorité numérique. L'elfe avisa la navette thérane, en approche d’abordage. Maîtrisant la souffrance, elle tissa une nouvelle boule de feu. Toutefois, au moment de projeter le sortilège, elle hoqueta de douleur et n’acheva pas sa gestuelle. Le résultat fut immédiat et désastreux : la boule de feu explosa devant elle, balayant le pont et jetant les protagonistes à terre. 
 
La zone de feu ne fit que nous effleurer mais je n’avais pas besoin de cette blessure supplémentaire. Je grimaçai et repris le combat. Contraint à des déplacements limités par le poids mort que constituait désormais Kat’sika et menacé par les deux lames du t’skrang, je ne pouvais éviter longtemps l’inévitable. Après une feinte de flanc suivie d’une superbe attaque en diagonale du pirate, je fus contraint de reculer et butai contre le corps de Kat’sika. Langue-Jaune suivit le mouvement et me transperça alors que je cherchai à retrouver mon équilibre.
Un océan de douleur me submergea, suivit d’une miséricordieuse inconscience…
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